À Bouznika, Benkirane tente de raviver l'âme combative du PJD

Entre appels vibrants à la solidarité avec la Palestine et critiques ciblées contre la politique sociale du gouvernement, Abdelilah Benkirane a ravivé à Bouznika l'âme combative du PJD, cherchant à fédérer un parti en quête de renouveau.
Le 9e congrès national du Parti de la justice et du développement (PJD) s'est ouvert dans une atmosphère lourde de symboles et d'engagements, marquée dès l'entrée par une omniprésence des slogans en soutien à Gaza et des drapeaux palestiniens brandis par des congressistes mobilisés.
L'organisation de la salle reflétait une séparation nette des genres, avec deux rangées presque distinctes : d'un côté les hommes, de l'autre les femmes, conformément à une tradition qui continue d'imprégner la culture interne du parti. Parmi les figures emblématiques présentes, Lahcen Daoudi, Mohammed Yatim et Jamila El Moussali ont été remarqués, tandis que l'ancien secrétaire général et ancien chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, a brillé par son absence.
© Mounir Mehimedate
Dès les premières minutes, le ton était donné : les congressistes ont scandé « À bas la normalisation » dans un élan spontané. Dans son discours, Abdelilah Benkirane, fidèle à son style oratoire oscillant entre pathos et ethos, a immédiatement embrayé sur la question palestinienne. « Lorsque l'accord de normalisation avec Israël a été signé, nous n'étions pas informés », a-t-il affirmé, insistant sur le fait que le PJD rejette la normalisation, sine die. Toutefois, dans un équilibre de parole soigneusement pesé, il a rappelé que le parti « comprend les motivations de l'État marocain » et qu'il n'est pas dans sa vocation de s'y opposer frontalement, de jure.
La Palestine a été au cœur de l'intervention de Benkirane, qui a par ailleurs révélé que la délégation du Hamas, initialement invitée, n'avait pas pu obtenir de visa pour participer au congrès.
© Mounir Mehimedate
Par ailleurs, Benkirane s'est arrêté aussi sur le financement du congrès qui devait parvenir du ministère de l'Intérieur. Le PJD a donc dû compter sur la solidarité interne pour réunir les fonds nécessaires, a-t-il souligné et en seulement deux jours, deux millions de dirhams ont été collectés grâce aux cotisations des membres du parti, avec des contributions allant de 50 dirhams à 50.000 dirhams. Il a d'ailleurs ironisé en soulignant que, pour la première fois, « les repas du congrès seraient entièrement financés par le PJD, en contraste avec les éditions précédentes où le financement venait directement du ministère de l'Intérieur ».
Dans la foulée, Benkirane a lancé de virulentes attaques contre le chef du gouvernement Aziz Akhannouch. Fidèle à son habitude de combiner attaque politique et critique contre l'action sociale de l'Exécutif, il a dénoncé la gestion des aides aux veuves, affirmant que de nombreuses bénéficiaires ont été laissées pour compte. Il a également pointé du doigt les dysfonctionnements du passage de l'ancien système du Ramed à l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO), dénonçant l'exclusion de larges pans de la population qui « se retrouvent aujourd'hui sans couverture.
© Mounir Mehimedate
Ce 9e congrès, qui doit se prolonger jusqu'à dimanche, s'annonce d'ores et déjà comme un moment déterminant pour un PJD en quête d'une nouvelle respiration politique, entre fidélité à ses principes historiques et nécessité de se réinventer dans un Maroc en mutation.