L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a récemment émis une alerte à l'intention du Maroc et des pays d'Afrique du Nord-Ouest face à la recrudescence des déplacements du criquet pèlerin (Schistocerca gregaria) au cœur de la période de reproduction printanière. L'agence onusienne appelle à l'intensification des opérations de surveillance et à la mise en œuvre immédiate de mesures de lutte préventive. Vers un retour massif des criquets ? Dans un communiqué publié mardi, la FAO recommande la conduite de prospections terrestres intensives dans les zones agro-écologiques à risque, notamment depuis le sud de la chaîne de l'Atlas au Maroc, en passant par le Sahara algérien, jusqu'au sud tunisien et à l'ouest libyen. Ces territoires, ayant bénéficié récemment de précipitations significatives, présentent un couvert végétal favorable au développement larvaire et à la reproduction du criquet pèlerin. Cyril Piou, expert en surveillance acridienne à la FAO, souligne : « Les activités de prospection et de lutte sont actuellement cruciales dans les régions où les conditions écologiques, générées par les pluies hivernales et printanières, favorisent la reproduction acridienne ». Il ajoute que les prévisions de l'organisation, établies dès janvier, annonçaient des phases d'éclosion et de regroupement larvaire pour ce mois d'avril. Si ces foyers ne sont pas rapidement traités, ils pourraient évoluer en essaims de petite à moyenne taille entre mai et juin, menaçant les cultures vivrières et les pâturages. La FAO rappelle que "le criquet pèlerin demeure l'un des ravageurs migrateurs les plus destructeurs au monde". Un essaim de grande ampleur peut couvrir une superficie allant de 1 à plusieurs centaines de kilomètres carrés, et compter jusqu'à 80 millions d'individus adultes. Un tel essaim peut consommer en une seule journée une quantité de végétation équivalente à l'alimentation de 35.000 personnes. La détection précoce et la riposte rapide sont ainsi essentielles pour contenir l'expansion de l'infestation. Au Maroc, le ministère de l'Intérieur avait déjà signalé, il y a un mois, la détection localisée de groupes de criquets au sud-est du pays, dans des proportions limitées. Des actions préventives ont été immédiatement enclenchées afin d'anticiper toute extension du phénomène. Dans le cadre de la veille acridienne régionale, les autorités marocaines ont renforcé la coordination interministérielle et le dispositif de surveillance opérationnelle, en réponse à la dynamique acridienne observée dans les pays du Sahel et d'Afrique du Nord-Ouest. Un relèvement du niveau de vigilance, de mobilisation et de préparation a été acté afin de prévenir tout risque d'invasion acridienne. Le ministère a précisé que la situation reste maîtrisée et ne suscite pas d'alarme « à ce stade ». Néanmoins, dans une approche proactive, les centres de commandement ont été réactivés dans les provinces concernées, mobilisant l'ensemble des moyens humains et logistiques disponibles. Des équipes d'intervention spécialisées en prospection, traitement et lutte chimique ont été constituées, dotées d'équipements adaptés, de stocks de biopesticides et de moyens d'appui logistique, y compris des ressources aériennes.