La menace sécuritaire plane lourdement sur l'Afrique du Nord. Le Sahara pourrait redevenir un terrain d'affrontement géopolitique majeur, avec un Front Polisario de plus en plus suspecté d'être sous influence directe de Téhéran et du Hezbollah. Dans ce contexte volatile, l'Occident, et l'Italie en particulier, doivent redéfinir leur stratégie face à cette menace grandissante, a souligné un récent rapport de la Fondation Luigi Einaudi. La Fondation Luigi Einaudi, Think tank de référence en analyse géopolitique basé à Rome, sonne l'alarme quant aux connexions que le Front polisario entretiendrait désormais avec l'Iran et le Hezbollah. L'existence d'un partenariat, dont les ramifications s'étendent jusqu'à la Méditerranée, pourrait bien faire ressurgir un conflit devenu fragilisé, mais pas éteint, depuis plusieurs décennies, a-t-elle alerté. Selon le rapport, le Sahara pourrait se retrouver, d'ici peu, au centre d'un jeu d'échecs dépassant la simple rivalité entre Rabat et Alger. Derrière l'ombre des conflits traditionnels se cache une tension plus sourde, alimentée par le soutien de Téhéran à des mouvements séparatistes au Nord de l'Afrique, une tactique bien rodée pour étendre son influence dans la région. « Cette évolution constitue une menace tangible pour l'ensemble de l'Occident, ainsi que pour les gouvernements de la région qui, ces dernières années, ont déployé d'importants efforts pour éradiquer l'influence djihadiste. Parmi eux, le Maroc, grand ami de l'Italie, dont la souveraineté sur le Sahara occidental a été formellement reconnue en décembre 2020 par les Etats-Unis, sous l'administration Trump », a indiqué la Fondation. Le Think tank italien a affirmé que les rebelles indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus de manière déterminée par l'Algérie, constituent une menace stratégique pesant sur la stabilité du Maroc et, par extension, sur l'équilibre régional en Afrique du Nord. En l'absence d'un processus de dialogue crédible et constructif, le risque d'une escalade militaire dans la région demeure une menace intangible mais imminente, susceptible de compromettre non seulement la stabilité du Maroc et de l'Algérie, mais également celle de l'ensemble de l'Afrique du Nord a insisté la même source. Dans ce contexte, l'Italie se trouve au cœur d'un équilibre délicat. Platoniquement, la position stratégique et diplomatique inviterait à soutenir fermement le Maroc, notamment en raison de ses liens historiques et de ses intérêts économiques, notamment via les investissements d'ENI et les accords récents conclus dans le cadre du Plan Mattei concernant l'approvisionnement en gaz et en pétrole. Cependant, cette logique se trouve fragilisée par des considérations plus complexes, a déploré la Fondation. A cet égard, elle a rappelé l'ancrage historique et culturel de la droite sociale italienne, qui a traditionnellement manifesté une sensibilité particulière aux revendications ethniques et aux aspirations des peuples en quête de reconnaissance étatique. Le Think tank a ainsi évoqué la visite de Giorgia Meloni aux camps de Tindouf en 2000. « En 2007, alors vice-présidente de la Chambre, elle a présenté, conjointement avec des formations de gauche, une motion parlementaire en faveur de la reconnaissance du statut diplomatique de la représentation du Front Polisario en Italie », a-t-il ajouté, notant que depuis cette époque, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. « Aujourd'hui, Giorgia Meloni occupe des responsabilités gouvernementales majeures, dans un contexte géopolitique encore plus instable et tendu. Il apparaît urgent, voire impératif, d'opérer un changement de cap stratégique afin de préserver la stabilité régionale, en évitant que les enjeux locaux ne dégénèrent en conflit à portée globale », a conclu le rapport de la Fondation.