Les services de contrôle relevant de l'Office des changes ont intensifié les opérations de vérification ciblant les documents de plusieurs investisseurs marocains installés dans des pays du Golfe et en Afrique. Cette démarche s'inscrit dans le cadre d'un audit approfondi portant sur un ensemble de transferts financiers et bancaires réalisés par des hommes d'affaires marocains vers l'étranger au cours des trois dernières années. Ces transferts avaient été déclarés comme destinés à financer des projets d'investissement dans les pays concernés, accompagnés d'un engagement formel de rapatriement des bénéfices générés par ces opérations. Selon des sources de Hespress, les contrôleurs de l'Office se sont principalement attachés à vérifier si les transferts effectués depuis des comptes bancaires locaux détenus par des sociétés marocaines respectaient bien les dispositions réglementaires encadrant les opérations de change. Dans ce cadre, ils ont commencé à adresser des demandes officielles à certains opérateurs économiques, leur réclamant des documents complémentaires relatifs à des déclarations précédemment soumises, et ce, dans le contexte des vérifications en cours. Les audits en question s'appuient sur des indices d'irrégularité relevés dans des rapports émanant de la Direction des études et des statistiques de l'Office des changes. Ces rapports font état de contradictions dans les déclarations de certains hommes d'affaires marocains, qui justifient une dégradation de leurs activités d'investissement à l'étranger par des déficits financiers chroniques et l'incapacité à générer des bénéfices. Les investigations menées ont ainsi permis d'établir une liste d'entreprises suspectées d'avoir recouru aux canaux légaux pour transférer des fonds à l'étranger, tout en contournant les obligations de rapatriement. Certaines de ces sociétés auraient conservé leurs bénéfices hors du Royaume et les auraient redirigés vers des comptes ouverts dans des paradis fiscaux, en falsifiant leurs déclarations comptables pour masquer leur réelle situation financière. Les entreprises concernées seraient impliquées dans des projets relevant de secteurs variés tels que l'immobilier, la construction, les travaux publics, les technologies financières et les services liés à la cybersécurité. Les mêmes sources révèlent que le montant global des transferts financiers faisant l'objet de cet audit, dans le cadre d'investissements déclarés dans les pays du Golfe et en Afrique, dépasse les 700 millions de dirhams. Parmi cette somme, 87 millions de dirhams correspondent à des bénéfices non rapatriés, selon les premières estimations effectuées par les contrôleurs de l'Office des changes. Les soupçons autour de ces montants se sont intensifiés après la réception d'informations en provenance d'organismes de surveillance partenaires à l'échelle internationale, faisant état de transferts financiers attribués à des hommes d'affaires marocains vers des paradis fiscaux via des sociétés offshore. Les données préliminaires issues des vérifications en cours laissent entrevoir de fortes présomptions d'implication de certains investisseurs marocains dans des manipulations de transferts financiers, en collusion avec des sociétés étrangères. Des contrevenants auraient ainsi simulé des déficits financiers fictifs pour dissimuler des bénéfices réels, évitant ainsi de les déclarer aux autorités de contrôle afin d'éluder les obligations légales de rapatriement imposées par la réglementation en vigueur. Il convient de rappeler que, conformément aux dispositions de l'article 169 des instructions générales sur les opérations de change, l'Office des changes impose aux entreprises marocaines (personnes morales) souhaitant investir à l'étranger de justifier d'une ancienneté minimale de trois années d'activité. Leurs comptes doivent également être certifiés sans réserve par un commissaire aux comptes. Aussi, l'investissement projeté doit présenter un lien direct avec l'activité de la société et viser son renforcement ou son développement, sans constituer un simple placement financier ou une acquisition de biens immobiliers. L'Office fixe par ailleurs à 200 millions de dirhams le montant maximum autorisé pour un investissement à l'étranger, par personne morale résidente et par année civile, tel que stipulé dans l'article précité. Les sources de Hespress relient cette vague de vérifications à un durcissement du contrôle exercé par l'Office des changes sur les mouvements de capitaux marocains à destination de pays africains et du Golfe. L'Office suit de près les flux de capitaux et les revenus qui en découlent, afin d'éviter toute exploitation abusive des facilités offertes aux investisseurs à des fins de fuite de capitaux. Les contrôleurs disposent de plusieurs outils pour surveiller d'éventuelles tentatives de transfert illégal de fonds. En outre, l'Office est lié à des accords de coopération avec plusieurs pays partenaires, lui permettant de suivre les mouvements d'argent d'origine marocaine à travers le monde, qu'ils soient investis dans des obligations, des actions ou encore des actifs mobiliers ou immobiliers.