Selon des sources bien informées, de nouvelles données émanant du département des études et statistiques de l'Office des changes ont déclenché l'activation des services de contrôle centralisés. Ces informations révèlent une implication croissante de chauffeurs opérant via des applications de transport (VTC) dans des opérations illicites de change manuel, en dehors des circuits réglementés, alimentant ainsi le marché noir des devises. Les données recueillies par Hespress indiquent que des trajets touristiques sont utilisés comme couverture pour des opérations de change non autorisées, notamment dans les zones à forte fréquentation touristique comme Casablanca et Marrakech. Certains de ces chauffeurs, installés à proximité des aéroports, hôtels, resorts ou spas, s'appuieraient sur des complicités avec des employés du secteur touristique pour organiser ces transactions illicites. Les services de l'Office des changes redoutent une amplification de ce phénomène avec l'arrivée de la saison estivale, période marquée par une hausse des flux de devises. Des investigations en cours ont permis l'identification de plusieurs individus présumés impliqués, opérant notamment aux abords de l'aéroport Mohammed V et dans les quartiers stratégiques de Casablanca. Selon les sources de la rédaction, ces chauffeurs entretiendraient des liens étroits avec des membres de la diaspora marocaine, facilitant ainsi le transfert illégal de fonds. Ils joueraient également un rôle de courtiers informels, en orientant les clients – touristes comme résidents – vers des réseaux de change clandestins, au détriment des agences agréées et des établissements bancaires, moyennant des commissions attractives. Par ailleurs, des connexions ont été établies entre ces VTC et des propriétaires de sociétés de location de véhicules, d'agences de transport touristique, de restaurants et de cafés. Ces derniers serviraient de relais pour capter une clientèle désireuse de convertir des devises étrangères en dirhams à des taux plus compétitifs que ceux pratiqués par les circuits officiels. Ce contournement des règles a engendré une vive concurrence déloyale envers les établissements de change autorisés, dont certains ont saisi les autorités financières à travers des réclamations formelles, dénonçant des pertes économiques significatives liées à cette économie parallèle. L'Office des changes a, par ailleurs, intensifié ses dispositifs de contrôle. Au cours de la dernière année, 353 missions d'audit ont été menées, dont 246 ont concerné des entreprises issues de secteurs variés (commerce, industrie, agroalimentaire, textile, services, TIC...), 54 ont ciblé les sociétés de change manuel, et 53 ont porté sur la conformité des opérateurs aux normes nationales en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Les enquêtes en cours visent à quantifier précisément les flux de devises alimentant le marché parallèle, à identifier les réseaux de blanchiment exploitant les chauffeurs de VTC comme courroies de transmission, et à tracer les origines suspectes de certains fonds, en particulier ceux dépassant les plafonds réglementaires des allocations touristiques. Certains de ces montants seraient potentiellement liés à des activités criminelles, notamment le trafic de stupéfiants. Une coordination active est en cours entre les équipes de contrôle de l'Office des changes et les services de la Douane et des impôts indirects, afin d'établir les responsabilités dans plusieurs affaires de change illicite de devises introduites de manière frauduleuse sur le territoire national.