Porté par des signaux favorables sur les marchés mondiaux, le gouvernement marocain, par l'intermédiaire de l'Office National Interprofessionnel des Céréales et Légumineuses (ONICL), poursuit la suspension de son dispositif de compensation à l'importation du blé tendre. Aucune révision du mécanisme de subvention n'a été annoncée pour le mois de juillet, dans la continuité des mois précédents. Cette mesure s'explique par la stabilisation, voire la baisse, des cours internationaux du blé tendre, notamment sur les places européennes de l'Ouest, du Nord et de l'Est — marchés privilégiés par les opérateurs marocains. Selon des sources professionnelles, cette tendance haussière du rendement mondial devrait se confirmer avec la fin progressive de la campagne moissonneuse, prévue pour septembre, ce qui renforcerait l'offre disponible à des prix compétitifs. Historiquement, l'État marocain activait ce mécanisme de soutien lorsque les prix à l'importation dépassaient le seuil de 270 dirhams le quintal, en comblant l'écart entre ce prix de référence et le tarif réel du marché international. Dans certains cas, l'écart couvert pouvait atteindre jusqu'à 14 dirhams par quintal, permettant ainsi de contenir les tensions inflationnistes sur le marché domestique. Dans un souci de sécurisation des approvisionnements, le Royaume a prolongé jusqu'en décembre 2025 le programme exceptionnel d'encouragement à l'importation de blé tendre. Cette décision s'inscrit dans une logique de gestion préventive des stocks stratégiques, alors que la demande nationale annuelle se chiffre en plusieurs millions de tonnes. Pour Omar Yacoubi, président de la Fédération Nationale des Commerçants de Céréales et Légumineuses (FNCL), cette situation reflète une conjoncture favorable : « La poursuite de la levée de la subvention publique est le signe d'un relâchement des tensions sur les marchés internationaux des produits alimentaires. Dans ce contexte, les conditions économiques ne justifient plus le maintien du soutien étatique ». Dans une déclaration accordée à Hespress, le responsable sectoriel a souligné que cette conjoncture est bénéfique à plusieurs niveaux : « Le marché demeure propice tant pour les importateurs que pour les consommateurs et les finances publiques. Le Royaume peut continuer à s'approvisionner à des niveaux de prix nettement plus bas que ceux observés les années précédentes, que ce soit en blé tendre, en orge ou en maïs ». Yacoubi a également relevé que la campagne céréalière est encore en cours dans plusieurs bassins exportateurs vers le Maroc — notamment en France, Allemagne, Pologne, Lituanie, Roumanie ou encore Russie —, et devrait s'achever en septembre. Des prévisions optimistes laissent entrevoir de bonnes performances agricoles dans ces zones, ce qui devrait se traduire par un afflux d'offres compétitives vers le marché marocain. « De nombreux opérateurs marocains temporisent afin de tirer profit des baisses attendues post-récolte, à partir de septembre », a-t-il expliqué. Et malgré la durée des rotations maritimes et les formalités logistiques, le Royaume a réceptionné un volume significatif de cargaisons au cours du mois de juin dernier. Ainsi, Yacoubi a confirmé que les niveaux actuels des prix internationaux restent contenus : « Le prix du quintal de blé tendre s'établit actuellement en dessous du seuil de 270 dirhams, ce qui justifie pleinement la neutralisation du mécanisme de subvention. Cette tendance s'est maintenue tout au long des derniers mois ».