Des inspections menées dans plusieurs régions du Royaume révèlent de graves irrégularités dans la gestion des fonds de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Entre projets fantômes, équipements inexistants et financements électoralistes, des pratiques opaques entachent l'esprit d'un programme censé réduire les inégalités sociales. Une série de missions d'inspection, discrètement lancées ces dernières semaines par des commissions centrales dans les régions de Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Fès-Meknès, a mis au jour un vaste système de dérives dans la gestion des projets financés par l'INDH. Selon des sources bien informées de Hespress, les inspecteurs ont détecté des dysfonctionnements graves dans plusieurs provinces, dont des projets fictifs, des achats d'équipements jamais livrés, des subventions accordées à des associations nouvellement créées, parfois au détriment d'organisations actives de longue date. Des soupçons de favoritisme politique et de détournement électoral des fonds sont également évoqués. L'enquête a été déclenchée à la suite de plaintes adressées par des porteurs de projets écartés des financements. Ces derniers ont dénoncé des exclusions injustifiées, pointant du doigt des pratiques opaques de la part de certains chefs de services sociaux au niveau provincial. L'arrivée de nouveaux gouverneurs, dans le cadre du dernier mouvement de mutations, semble avoir accéléré la réaction des autorités. Les commissions d'inspection se penchent actuellement sur les projets financés au cours des cinq dernières années, en recoupant les bénéficiaires officiels avec les réalisations concrètes sur le terrain. L'une des premières étapes de contrôle débutera dans la province de Berrechid, en périphérie de Casablanca. Parmi les anomalies relevées, les inspecteurs notent l'octroi de budgets colossaux à des associations dirigées par des proches d'élus locaux. Certaines communes, bien que disposant de ressources limitées, ont alloué des enveloppes dépassant un milliard de centimes (10 millions de dirhams) à ces entités, reléguant au second plan d'autres associations plus expérimentées mais politiquement moins alignées. D'autres irrégularités concernent la non-application des règles de bonne gouvernance ont été détectées comme l'absence de délibérations des conseils communaux sur les bénéficiaires, le manque de transparence sur les montants attribués, et le contournement des textes législatifs interdisant toute convention entre une commune et une association dirigée par un élu de cette même commune. En outre, les plaintes, désormais portées à l'attention du ministère de l'Intérieur, dénoncent une gestion marquée par l'improvisation, le favoritisme, et l'absence d'une vision stratégique. Les plaignants parlent de « chaos » dans la répartition des fonds publics, de disparités territoriales notables, et de manque flagrant de concertation entre élus et tissu associatif. Certaines associations n'auraient eu que deux réunions avec leurs communes en six ans. A cela s'ajoute le fait que plusieurs projets n'auraient jamais vu le jour malgré des études de faisabilité coûteuse, en raison d'une gestion déficiente de la part de certaines associations bénéficiaires, souvent en lien avec des fonctionnaires locaux, selon les témoignages recueillis.