Trois ans après son lancement, le Programme d'appui au développement compétitif et résilient de la céréaliculture (PADCRC) a obtenu la note maximale de la Banque africaine de développement. Une reconnaissance forte de la stratégie mise en œuvre par le Royaume pour atténuer l'impact des chocs climatiques et géopolitiques sur sa sécurité céréalière. Conçu comme un rempart face à une succession de crises – sécheresse sévère, perturbations des chaînes d'approvisionnement post-Covid et flambée des prix liée aux conflits internationaux –, le Programme d'appui au développement compétitif et résilient de la céréaliculture (PADCRC) vient de recevoir une évaluation sans appel de son principal bailleur de fonds. La Banque africaine de développement (BAD) a attribué la note maximale de 4/4 à ce programme stratégique, qui a mobilisé 199 millions d'euros, soit plus de 2 milliards de dirhams. Selon une source médiatique, la BAD salue dans son rapport la « gestion hautement satisfaisante » du programme par les autorités marocaines, notamment les ministères de l'Économie et de l'Agriculture. La synergie entre les deux institutions a permis de piloter avec efficacité les mécanismes de soutien à l'importation, à la production locale et à la résilience des producteurs. Structuré autour de trois axes – sécurisation de l'approvisionnement, stabilisation des prix et renforcement de la résilience – le PADCRC s'est traduit par une série de mesures opérationnelles concrètes. Dès sa mise en œuvre, un prix de référence de 270 DH/quintal a été instauré pour le blé tendre importé, avec un dispositif de compensation à la sortie des ports. En parallèle, une subvention de 30 DH/quintal a soutenu la commercialisation du blé tendre local par les minoteries et organismes de stockage. Un système incitatif a également été mis en place pour le stockage, incluant une prime de 2,5 DH/quintal par quinzaine, plafonnée à 10 millions de quintaux pour le blé tendre et 2 millions pour le blé dur. Côté semences, 1,1 million de quintaux de semences certifiées ont été distribués à prix subventionné à travers un réseau de plus de 400 points de vente. Le partenariat stratégique avec le Groupe OCP a permis d'assurer un approvisionnement continu en engrais NPK-Blend, avec un volume de 650.000 tonnes livré pour la campagne 2022–2023. Cette démarche a été appuyée par une logistique optimisée et une garantie de disponibilité des stocks. Au-delà de l'aspect productif, le PADCRC a aussi intégré un volet social ambitieux. Dès septembre 2022, le salaire minimum agricole garanti (SMAG) a été revalorisé de 10 %. Le programme a également introduit le mécanisme « Tasbiq Addaman Al-Ijtimaii » afin de faciliter l'accès des petits exploitants agricoles à la couverture sociale et à l'Assurance maladie obligatoire (AMO). Sur le plan financier, un report des échéances de crédit a été négocié avec le Crédit Agricole du Maroc (CAM), soulageant la trésorerie des exploitants. Par ailleurs, plus de 45.000 agriculteurs sinistrés par la sécheresse de juillet 2022 ont bénéficié d'indemnisations rapides dans le cadre de l'assurance climatique multirisque. Le PADCRC ne s'est pas limité aux réponses conjoncturelles. Il a également soutenu des réformes de fond visant à renforcer la souveraineté céréalière du Royaume. Le Registre national agricole a été mis en place, permettant une cartographie précise des exploitations et une meilleure allocation des aides. Le programme a aussi promu l'agriculture de conservation via le semis direct, avec un objectif d'un million d'hectares – dont 355 hectares ont été réalisés dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. Par ailleurs, l'adoption du décret n°2.22.136 a renforcé le cadre réglementaire de la filière, en garantissant la qualité des produits céréaliers et en encadrant la revalorisation du SMAG. Dans le même sillage, des incitations à la collecte et au stockage ont été décidées conjointement par les ministères concernés pour limiter la dépendance aux importations et sécuriser les volumes produits localement. Sur les 33 mesures prévues dans le cadre du PADCRC, 87 % ont été mises en œuvre sans obstacle majeur. La BAD souligne l'approche rigoureuse du Maroc, marquée par l'intégration d'indicateurs de suivi dès la conception du programme, garantissant ainsi une transparence et une efficacité exemplaires. La suspension des droits d'importation sur le blé tendre et dur, combinée à un prix cible garanti, a permis de limiter la volatilité des prix sur le marché national. Ainsi, le PADCRC apparaît comme un modèle de gestion intégrée des risques climatiques et économiques, conjuguant résilience agricole, souveraineté alimentaire et justice sociale. Une stratégie que la BAD érige en exemple pour le continent africain.