Une enquête a révélé de nombreux dysfonctionnements dans la gestion des « bons de gasoil » au sein des collectivités territoriales de la région Casablanca-Settat. Selon nos sources, des élus et responsables sont soupçonnés d'avoir détourné des ressources publiques au profit de proches. Des rapports confidentiels rédigés par les commissions d'inspection de la Cour régionale des comptes ont mis en lumière une série de graves irrégularités dans la gestion des carburants et des dépenses liées à l'entretien des parcs automobiles dans plusieurs conseils communaux et provinciaux de la région Casablanca-Settat. Ces audits pointent du doigt des élus et des responsables locaux accusés de favoriser illégalement certains proches dans la distribution de carburant, hors cadre administratif. Selon des sources bien informées, les juges compétents ont découvert que de nombreux bons de gasoil ont été attribués à des véhicules fictifs ou non justifiés par une quelconque activité terrain, tandis que des sommes importantes ont été engagées sans aucune transparence ni justification, notamment dans les collectivités des provinces périphériques. Ces anomalies concernent également des marchés publics liés aux huiles, pièces détachées et pneumatiques, où des procédures opaques et monopolistiques ont été détectées. D'après les rapports, le ravitaillement en carburant devrait être strictement réservé aux véhicules immatriculés au nom des collectivités ou appartenant aux administrations publiques. Pourtant, il apparaît que plusieurs élus remplissent leurs réservoirs personnels grâce aux fonds publics, en complicité avec certains propriétaires de stations-service, à travers des carnets de bons signés. En outre, l'enquête menée a révélé un manquement flagrant aux obligations légales, notamment à l'article 9 du décret n° 2.97.1051 de février 1998, qui encadre la gestion des parcs automobiles publics. Plusieurs conseils communaux et provinciaux ont ignoré la mise en place de systèmes internes de contrôle, facilitant ainsi la dissémination des ressources publiques sans contrôle externe efficace. Le phénomène s'est traduit par une explosion des factures de carburant et d'entretien dans certaines collectivités, atteignant des niveaux record dans une commune de Casablanca-Settat, alors que le nombre réel de véhicules en service demeure faible. Les juges des comptes ont aussi dénoncé l'absence de carnets d'exploitation et de fiches techniques des véhicules, ce qui rend impossible le suivi des opérations de ravitaillement et des réparations. Ces dérives ont fait l'objet de plaintes de la part d'élus locaux, dénonçant une protection douteuse des infractions, des marchés passés sans transparence et une exclusion des conseillers des débats budgétaires liés aux carburants. Deux provinces, Berrechid et Médiouna, sont particulièrement visées par ces dysfonctionnements. Par ailleurs, la Cour des comptes a confirmé dans son dernier rapport que le parc automobile des collectivités territoriales a augmenté de 46% entre 2016 et 2023, passant à près de 48.500 unités, sans pour autant que leur gestion ne soit encadrée par un cadre légal clair et rigoureux. Ce vide juridique a ainsi favorisé une exploitation inefficace et non économique des ressources publiques.