De graves anomalies financières ont été détectées dans plusieurs communes du pays. Des rapports confidentiels de l'Inspection générale de l'administration territoriale pointent du doigt des pratiques récurrentes de « duplication » de marchés publics dans les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Fès-Meknès. Le ministère de l'Intérieur a réagi en appelant à une vigilance renforcée face à des transactions jugées douteuses. Les conclusions des inspections menées récemment ont mis en évidence des dysfonctionnements majeurs dans la passation et l'exécution de marchés communaux. Selon des sources bien informées de Hespress, plusieurs communes auraient validé, à plusieurs reprises, des travaux de réfection de routes et d'équipements publics déjà réalisés dans le passé, mais présentés sous forme de nouveaux bons de commande. D'autres contrats concernent des installations d'éclairage, de signalisation ou encore des fournitures de bureau, souvent achetées en quantités répétées. Face à ces révélations, les services centraux de l'Intérieur attendent des explications écrites des présidents de communes concernés. Les élus et responsables mis en cause risquent un transfert de leurs dossiers vers les juridictions spécialisées dans les crimes financiers. Des fuites laissent également entendre que certains responsables auraient enfreint le principe de libre concurrence, en favorisant systématiquement les mêmes fournisseurs ou en multipliant les procédures irrégulières lors de l'ouverture des plis. Le cœur du problème réside dans l'utilisation excessive des bons de commande, dont le plafond a été relevé en 2013 de 200.000 à 500.000 dirhams. Ce mécanisme, censé accélérer les petites dépenses, est devenu un outil privilégié pour contourner la mise en concurrence. Les inspections de l'Intérieur, mais aussi de l'Inspection générale des finances et des Cours régionales des comptes, ont relevé de nombreuses anomalies dans leur gestion, notamment le fractionnement artificiel des commandes, la surévaluation des coûts, ou encore l'adjudication de contrats à des entreprises ne disposant pas des moyens suffisants pour honorer leurs engagements. A Casablanca, des bons de commande totalisant plus de 100 millions de dirhams ont été attribués pour la rénovation de routes déjà réparées l'année précédente. De petites entreprises venues notamment des régions du Sud et de l'Oriental se retrouvent, elles, en position dominante sur l'axe Rabat-Casablanca, un phénomène qui alimente les soupçons des inspecteurs sur la pertinence et la transparence de certaines adjudications. Par conséquent, le ministère de l'Intérieur a adressé des instructions fermes aux walis et aux gouverneurs afin de bloquer toute tentative de validation de marchés suspects lors des prochaines sessions d'octobre.