Les services de la Direction générale des collectivités territoriales ont reçu récemment des rapports actualisés laissant entrevoir de sérieuses suspicions d'implication de présidents de communes et de leurs adjoints dans des manœuvres douteuses liées à l'attribution et à l'exécution de marchés publics portant sur les travaux de goudronnage, a appris Hespress de sources bien informées. Ces documents mettent en lumière des pratiques visant à orienter les chantiers de pavage vers des circonscriptions électorales précises, dans une logique de clientélisme politique, au détriment d'autres zones rurales marginalisées. Les provinces de Nouaceur, Berrechid et Médiouna, ainsi que la préfecture de Mohammedia, relevant de la région Casablanca-Settat, sont particulièrement citées dans ces rapports. Les informations recueillies révèlent également que certains élus auraient exercé des pressions directes sur des entreprises adjudicataires, les contraignant à effectuer des travaux supplémentaires non prévus dans les cahiers des charges, avec pour objectif d'élargir leur base électorale et renforcer leur ancrage territorial. Les mêmes sources indiquent que les services de l'administration centrale sont déterminés à lancer des enquêtes approfondies sur ce que certains qualifient désormais de "rente du bitume", entachant la probité et la transparence de la gestion des projets publics. Des sanctions sévères seraient à prévoir à l'encontre des responsables identifiés. Il est aussi question de suspendre la validation de certains marchés relatifs à la réfection des voiries, proposés par des conseils communaux et d'arrondissement. Toujours selon les rapports consultés, des élus auraient redirigé les budgets alloués aux projets de pavage vers leurs bastions électoraux, notamment dans les provinces de Berrechid, Mohammedia et Benslimane. Plusieurs conseillers de l'opposition accusent en ce sens des présidents de communes d'avoir manipulé les listes des routes bénéficiaires du programme d'aménagement et de réhabilitation des voies régionales et provinciales. En parallèle, les services de la Wilaya de la région Casablanca-Settat ont, de leur propre initiative, anticipé les investigations de l'administration centrale. Ils sont intervenus afin de freiner certaines pratiques frauduleuses observées dans la gestion des budgets affectés à la réhabilitation des routes rurales. À cet effet, des ingénieurs de la Wilaya ont été missionnés pour mener des inspections de terrain sur les chantiers financés par les budgets des conseils régionaux et communaux. Ces contrôles ont mis au jour plusieurs anomalies dans la mise en œuvre de projets classés comme prioritaires. Au lieu de desservir les douars initialement programmés, certains travaux ont été déviés vers d'autres zones, non prévues, en excluant même certaines routes provinciales jugées stratégiques. En lieu et place, la priorité a été donnée à des routes menant à des terrains appartenant à des élus locaux, ou à des zones identifiées comme leurs fiefs électoraux. Par ailleurs, un flou persiste quant aux calendriers de lancement des travaux de goudronnage et de réfection des ruelles. Ces chantiers sont souvent initiés sans annonce préalable des zones et tracés concernés, et sans publication sur les canaux de communication officiels des communes et arrondissements. Ce manque de transparence alimente les doutes sur la bonne gouvernance locale, en particulier dans les opérations de pavage, souvent utilisées comme levier électoral pour s'attirer la faveur des électeurs. Dans le même sillage, certaines entreprises chargées d'exécuter ces projets ont été impliquées dans des actes de pillage de sable et d'exploitation illégale de carrières locales situées sur le territoire de plusieurs communes. Les sources de Hespress précisent enfin que les enquêtes à venir porteront également sur l'examen détaillé des listes d'entreprises bénéficiaires des marchés publics liés au bitume dans les collectivités de la région Casablanca-Settat. Les rapports reçus contiennent des données révélatrices sur des entreprises récemment créées, de petite taille, ayant accumulé des millions de dirhams à travers des marchés successifs. Les gestionnaires de ces sociétés entretiennent, selon ces documents, des liens de parenté ou d'intérêts directs avec certains élus locaux. Les investigations devraient également s'étendre aux abus commis par des présidents de conseils communaux ayant usé de leur pouvoir de hiérarchisation des priorités de travaux dans le seul but de maximiser leur rendement électoral. Cela s'est traduit par l'ouverture de routes secondaires et le pavage de voies peu prioritaires, dans une logique de favoritisme envers des conseillers de leurs majorités et des alliés politiques.