Après plus d'un an d'absence, Romain Saïss fait son retour dans la liste de Walid Regragui pour les matchs amicaux du Maroc face au Mozambique et à l'Ouganda. Une réapparition attendue pour le capitaine historique des Lions de l'Atlas, mais qui soulève aussi une question : à l'aube d'une nouvelle ère marquée par la montée d'une jeune génération et où les places deviennent de plus en plus chères, la présence de Saïss reste-t-elle indispensable ? Absent lors des derniers rassemblements pour cause de blessure, Romain Saïss (34 ans) n'a plus porté le maillot du Maroc depuis plusieurs mois. Son retour s'inscrit dans la logique d'un rappel progressif des cadres avant la Coupe d'Afrique des Nations 2025, que le Royaume accueillera à domicile. Pour Regragui, ce come-back est avant tout une évaluation : « Ce rassemblement va me permettre de savoir si je peux le remettre titulaire ou pas. C'est un retour logique pour Saïss », a confié le sélectionneur. Défenseur central expérimenté, Saïss a marqué les dernières années du football marocain. De la qualification historique en Coupe du Monde 2018 à l'épopée du Qatar 2022, où les Lions ont atteint les demi-finales, il a incarné le ciment du vestiaire. Capitaine exemplaire, il a su fédérer autour de lui une équipe conquérante et disciplinée. Saïss, c'est aussi une voix respectée dans le groupe, capable d'apaiser, d'encourager et de guider les plus jeunes. Au-delà de ses qualités défensives, il incarne une stabilité psychologique essentielle dans les grandes compétitions. Une place menacée par la nouvelle génération, un temps de jeu limité en club Mais le temps n'épargne personne, et la défense marocaine vit aujourd'hui un moment de transition. Aux côtés des cadres comme Nayef Aguerd et Noussair Mazraoui, une nouvelle génération ambitieuse frappe à la porte : Anas Salah-Eddine, Youssef Belammari ou encore Mohamed Chibi. Regragui lui-même reconnaît ne pas avoir encore trouvé "de certitudes en défense". Il sait qu'une CAN à domicile exige un équilibre entre jeunesse et expérience : « Tu ne gagnes pas une CAN qu'avec des jeunes. Il faut des joueurs qui connaissent l'environnement et le poids de l'équipe nationale », a-t-il souligné. Le défi sera donc d'intégrer Saïss sans freiner la progression des jeunes, ni rompre la dynamique collective qui a émergé lors des derniers rassemblements. Au-delà de la rude concurrence en sélection, Romain Saiss ne bénéficie que de très peu de temps de jeu en club dans les rangs d'Al-Sadd, bien qu'il ai pris part à plusieurs rencontres de Qatar Stars League et de Ligue des Champions asiatique, où il s'est notamment illustré en marquant un but. S'il n'a pas été aligné systématiquement comme titulaire, il a conservé une influence majeure dans le vestiaire d'Al-Sadd. Sa lecture du jeu, sa rigueur et son sens de l'anticipation lui permettent de compenser un rythme de compétition moins intense qu'en Europe. Malgré un temps de jeu limité en championnat, environ cinq apparitions cette saison, Saïss a su démontrer qu'il reste un joueur fiable et discipliné. Ses performances en Ligue des Champions asiatique ont d'ailleurs confirmé sa capacité à répondre présent dans les grands rendez-vous. En parallèle, il s'est imposé comme un cadre respecté, guidant les jeunes défenseurs du club et incarnant un relais d'expérience sur le terrain comme en dehors. L'expérience, un atout ou un frein ? À 35 ans, Romain Saïss n'affiche évidemment plus la même vivacité qu'à ses débuts, mais il compense largement par son intelligence tactique, son leadership et sa lecture du jeu. Sur le plan tactique, Romain Saïss peut encore rendre d'immenses services. Son association avec Aguerd a longtemps été la base de la solidité marocaine. Cependant, son manque de rythme et son âge avancé pourraient poser problème face à des adversaires plus rapides et à un jeu africain de plus en plus physique. Sa place dans le onze de départ n'est donc plus garantie : il devra prouver qu'il reste au niveau, dans un groupe où la concurrence est désormais vive. Si Regragui décidait de lui confier un rôle plus encadrant, Saïss pourrait devenir un mentor précieux pour les jeunes défenseurs. Sa présence dans le vestiaire et sur le banc reste une source d'équilibre et d'autorité naturelle, utile pour maintenir la cohésion du groupe dans une compétition aussi exigeante que la CAN. À ce titre, son retour dépasse le simple enjeu sportif : il incarne la mémoire et la continuité d'une génération dorée, celle qui a changé le regard du monde sur le football marocain. Romain Saïss revient donc à un moment charnière. Entre la nécessité de s'appuyer sur des leaders expérimentés et la volonté d'installer une nouvelle génération, Regragui devra trouver le juste équilibre. Son rôle pourrait évoluer : moins joueur de terrain à temps plein, davantage guide et relais d'expérience dans une équipe en pleine mutation.