En lice pour l'Étoile d'or au Festival de Marrakech 2025, Behind the Palm Trees marque le retour attendu de Meryem Benm'Barek, sept ans après Sofia. La réalisatrice marocaine a présenté, ce dimanche 30 novembre dans la ville ocre, ce film-puissance, où fractures sociales marocaines, désirs, pouvoir et héritage colonial s'entremêlent. Un moment d'émotion pour celle qui a eu le droit à une longue standing-ovation. Le retour de Meryem Benm'Barek n'a rien d'anodin : le film est le résultat d'un long combat, d'un projet porté avec ténacité, d'un refus total de compromis artistiques. Pendant près d'une décennie, la réalisatrice s'est battue pour financer, écrire, réécrire, tourner, sans jamais renoncer à la liberté de ton qu'exigeait l'histoire qu'elle voulait raconter. Benm'Barek aime le dire : elle n'a rien lâché. Derrière ce film se cache une persévérance presque physique, une résistance. Les difficultés de financement, l'absence de soutien institutionnel français, le risque artistique, tout aurait pu faire basculer le film. Mais rien n'a entamé la vision de la réalisatrice. Behind the Palm Trees arrive intact, tel qu'elle l'a imaginé. Un triangle amoureux pour raconter le social, le désir et les rapports de pouvoir L'histoire suit Mehdi (Driss Ramdi), jeune entrepreneur de Tanger, partagé entre deux femmes que tout oppose. Selma (Nadia Kounda), sa compagne, incarne la dignité silencieuse, la retenue, le quotidien ancré dans une réalité économique modeste. Marie (Sara Giraudeau), Française, libre, riche, sensuelle, offre à Mehdi un accès aux privilèges, à l'ascension sociale, au désir du monde d'en face. Le film pose alors une question essentielle : Et si nos amours n'étaient jamais "juste des amours", mais le produit de forces politiques et sociales qui nous traversent ? Interrogée par Hespress FR, Meryem Benm'Barek résume elle-même son film ainsi : « C'est une histoire d'amour, mais aussi un film sur la façon dont le politique habite nos désirs. » En effet, « Behind the Palm Trees » navigue avec précision entre intime et politique. Les choix des protagonistes résonnent avec des questions sociales bien réelles : la transformation des quartiers tangérois, l'arrivée des capitaux étrangers, le rêve d'ailleurs qui séduit autant qu'il déracine. Rien n'est démonstratif. Tout passe par la nuance — le silence avant une décision, un détour dans la rue, un reflet dans une vitre. Mounir Mehimdate Behind the Palm Trees navigue avec précision entre intime et politique. Les choix des protagonistes résonnent avec des questions sociales bien réelles : la transformation des quartiers tangérois, l'arrivée des capitaux étrangers, le rêve d'ailleurs qui séduit autant qu'il déracine. Rien n'est démonstratif. Tout passe par la nuance — le silence avant une décision, un détour dans la rue, un reflet dans une vitre. Benm'barek, très émue par l'accueil du public, a insisté sur la symbolique de cette première mondiale au Maroc : « Je suis extrêmement fière que le film naisse ici. C'est un choix d'ancrer mon cinéma au Maroc, et pouvoir montrer cette œuvre pour la première fois à Marrakech a pour moi une valeur immense. » Une génération de cinéma marocain qui assume la complexité du réel Sans jamais détourner le regard, Behind the Palm Trees explore des sujets comme la sexualité, l'avortement, la domination sociale, l'héritage colonial, ce que l'on cherche à obtenir à travers l'autre, par amour. Le film refuse l'autocensure, choisit l'audace plutôt que la prudence. Il s'inscrit ainsi dans une génération de cinéma marocain qui assume la complexité du réel, l'intime, l'inconfort, la contradiction. Un cinéma qui avance, s'affirme, s'engage. Dans ce registre, l'actrice Nadia Kounda, qui incarne Salma à l'écran, voit le film comme un miroir social, mettant à nu des réalités souvent tues. Elle explique vouloir, à travers ce rôle, alerter les jeunes — et tout particulièrement les jeunes femmes — sur les dangers de l'avortement clandestin, un sujet encore trop souvent relégué au silence. Mounir Mehimdate À l'issue de la projection, Meryem Ben M'barek l'a exprimé avec émotion : présenter ce film à Marrakech était un choix du cœur. Elle y voit plus qu'une sélection : une reconnaissance, un ancrage, un retour à la source. Car tourner au Maroc n'était pas pour elle un simple cadre, mais une évidence, géographique, esthétique, affective. « Je suis extrêmement fière que ce film naisse ici, chez moi. C'est une joie profonde», a-t-elle déclaré. À la demande du public, Meryem Benm'Barek a défini ce que représente pour elle ce festival en trois mots : Créativité, engagement et audace.