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Ramadan: Le jeûne entre maladie chronique, ordre public et religion
Publié dans Hespress le 03 - 05 - 2021

Qui dit Ramadan dit jeûne. C'est une caractéristique intrinsèque du mois sacré qui exige généralement aux musulmans de s'abstenir de manger, de boire, d'avoir des relations sexuelles et de fumer, depuis l'aube jusqu'au coucher du soleil. Durant le Ramadan, le jeûne est une obligation prescrite par un texte coranique. Toutefois, ce même texte autorise les personnes ayant des conditions spéciales à ne pas jeûner.
S'il est conseillé aux personnes en bonne santé de jeûner, le jeûne risque d'altérer la santé des malades chroniques. Selon les spécialistes, le jeûne n'est pas sans risque pour les patients souffrants de pathologies chroniques tels que l'hypertension artérielle, le diabète, l'ulcère gastrique, et autres maladies dont le traitement nécessite une prise médicamenteuse à plusieurs reprises. Pourtant, certains malades tiennent à jeûner, convaincus de se sentir bien durant ce mois sacré.
Le jeûne risque d'altérer la santé chez certains malades particulièrement les patients en soins ambulatoires, les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladies chroniques qui nécessitent un traitement quotidien, et dont l'arrêt peut aggraver la situation ou même représenter un danger sur la vie du patient.
La tolérance en mode « pause »
La société marocaine accorde une grande importance au jeûne durant le mois du Ramadan. Cela se manifeste dans le taux d'adhésion des Marocains à cette pratique religieuse, mais aussi dans le refus exprimé par une partie importante de la société envers leurs concitoyens qui, pour une raison ou pour une autre, ne jeûnent pas, même si la personne concernée dispose d'un motif religieusement acceptable.
«Ne pas jeûner durant le Ramadan est très dure, plus dure même que de jeûner», c'est avec frustration que décrit Fadila, 35 ans, la façon dont elle passe les jours de ce mois. «Que ce soit au travail ou à la rue, nous restons toujours obliger de nous soumettre aux règles de la société et des lois. Ce qui me fait mal le plus, c'est les regards avec lesquels les gens me fixent quand je suis sur le point de boire où de consommer un aliment», affirme-t-elle.
Fadila souffre d'anémie et d'une maladie cardiovasculaire. Elle doit prendre son traitement de manière régulière et son médecin lui a formellement interdit de jeûner depuis quelques années.
Elle déclare pour Hespress Fr que son premier Ramadan sans jeûne était difficile sur le plan personnel. Elle n'est pas arrivée à accepter facilement sa nouvelle situation. «Malgré que le docteur m'eût ordonné de ne pas jeûner, je me suis forcé à pratiquer ce culte pendant presque la moitié du mois». Ce n'est que quand son état de santé a commencé à s'aggraver que Fadila avait décidé d'arrêter de défier son corps.
Fadila n'est pas la seule puisque des sondages montrent que plus de 43 % des patients, atteints de maladie chronique, tel que le diabète, observent une moyenne de 15 jours de jeûne durant le Ramadan. Cette situation n'est pas due seulement aux motivations religieuses, mais aussi à la difficulté de respecter son régime alimentaire durant le temps de jeûne.
Fadila affirme qu'elle a souvent pensé à jeûner puisqu'elle ne pouvait ni boire ni manger librement durant le jour du Ramadan.
Une société conservatrice plus qu'il n'en faut
La professeure de psychologie sociale, Khouloud Seibaie considère que le refus social des non-jeûneurs ne fait partie ni des coutumes ni des habitudes du peuple marocain.
La psychosociologue à la faculté des lettres de Mohammedia, a déclaré à Hespress FR que la relation entre chaque individu et Dieu est une relation personnelle dépendante de la foi.
Le traitement de la société marocaine des thématique relatives à la religion est un peu délicat, parfois même paradoxal et marqué par une sorte d'incompréhension et de mal interprétation des textes religieux et juridiques.
Le fameux article 222 du code pénal marocain punit «celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion de l'emprisonnement d'un à six mois et d'une amende de 12 à 120 dirhams».
Cela montre que la criminalisation de la rupture du jeûne ne concerne pas les personnes disposant d'un motif, nous nous retrouvons donc devant une loi qui elle aussi fait semblant de protéger la religion.
Cet article avait suscité de grandes polémiques durant les dernières années. Des mouvements même sont nés de ces polémiques revendiquant l'abrogation de l'article 222 du code pénal, qui n'a d'ailleurs aucune origine religieuse.
Cela rejoint les propos du professeur Said Halaoui qui considère que «la religion est une relation entre l'individu et Dieu», ajoutant que l'Islam laisse le libre choix aux membres de la société et vise à les convaincre des vertus de tout comportement et pratique, et non pas à les forcer à adhérer aux exercices religieux.
Le libre choix garanti par la religion
Selon le professeur de patrimoine islamique à l'université Mohammed V de Rabat, les problèmes surviennent quand ce libre choix, garanti par la religion, contraste avec les règles de l'ordre public, car la religion elle-même ne permet à personne de questionner la foi des individus ou de l'évaluer.
«Religieusement, nous n'avons pas le droit de demander à quelqu'un la raison qui le pousse à rompre son jeûne durant le jour du Ramadan». Halaoui souligne que les personnes qui ne jeûnent pas sont invités à éviter de consommer des aliments sous les regards de jeûneurs seulement par respect à leurs sentiments.
Avec le temps, la société à mis au point un ordre social constitué d'habitude et de coutumes qui vise à garantir le respect de la majorité des citoyens d'un pays ou d'une nation. C'est la raison pour laquelle il est inacceptable par la société de voir une personne rompre son jeûne publiquement.
«Cela ne provient pas des obligations religieuses, mais de la nécessité de préserver l'ordre public social, tandis que la religion a tendance à essayer de convaincre les individus des vertus des cultes, en leurs garantissant le droit de faire ce dont ils sont convaincus». Entre jugement de la société et jugement des lois, les raisons qui obligent les citoyens marocains à conformer leurs manières de se comporter varient.
Selon la psycho-sociologue Khouloud Seibaie, l'avenir de la société marocaine s'avère prometteur, d'autant plus que la jeunesse s'est rendue compte de l'importance de liberté des individus dans leur épanouissement.


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