La saison estivale rime avec chaleur et donc grande consommation d'eau. Toutefois, les consommateurs se retrouvent face à un choix auquel ils n'ont pas toujours réponse, notamment celui du choix d'une eau en bouteille. Tout d'abord, il faut savoir qu'il existe plusieurs types d'eaux en bouteille, chacune ses spécificités. Il y a tout d'abord l'eau de puits artésien, qui vient directement du fond d'un puits contenant soit du sable soit de la roche comme filtre naturel. Celle-ci ne doit en aucun cas subir de manipulation de ses propriétés physiques pour être consommée. On retrouve par la suite l'eau embouteillée, qui est mise dans des bouteilles, soit en verre ou en plastique, et est destinée à la consommation humaine ou d'autres usages similaires. L'eau minérale, liquide le plus répandu sur le marché, peut se présenter sous deux variations. La première est traitée suite à sa collecte dans la source d'origine, et donc ne peut pas porter la dénomination « naturelle ». L'autre variation, naturelle, est mise en bouteille directement à la source, et contient sa composition d'origine sans altération de ses minéraux. L'eau purifiée est produite via un processus de distillation, afin d'en éliminer les organismes indésirables, avant d'être mise en bouteille. L'eau pétillante contient pour sa part du dioxyde de carbone, qui lui confère ses propriétés gazeuses. L'eau de source provient d'une origine souterraine et ne doit être traitée d'aucune manière si celle-ci veut afficher la mention « naturelle ». Comment choisir son eau minérale ? Une fois cette différence mise en évidence, Hespress FR s'est penché sur le cas des eaux minérales en bouteilles. Dans ce sens, nous avons effectué une comparaison entre 7 marques présentes sur le marché marocain, afin d'en avoir la composition en minéraux, dans l'objectif de relever une quelconque différence. Le prix de vente pour les bouteilles de 1,5 litre de ces produits varie entre 5 et 20 dirhams auprès des différents marchands et grandes surfaces du royaume. La comparaison a porté sur un échantillon de 7 bouteilles d'eau minérale naturelle, dont 5 marocaines, et deux en provenance d'Espagne et de France. Le premier constat est que le packaging de l'eau espagnole est plus fin par rapport à celui des autres bouteilles. Cela veut concrètement dire que le coût d'emballage et donc de revente est moins important pour la compagnie productrice, sauf que cette eau est vendue au même prix que les produits locaux. Pour ce qui est du produit français, le packaging est plus « raffiné », ce qui impacte le prix de vente qui est 4 fois supérieur à celui des autres bouteilles d'eau. Au niveau de la composition, la teneur en minéraux est presque la même, sauf pour une marque largement répandue sur le marché national, qui a une teneur en bicarbonate moins importante que le reste. Il est à noter que tous les produits testés contiennent du bicarbonate, sulfate, chlorure, calcium et magnésium, mais qu'il y'a une différence, voire, une absence de silice, nitrate et potassium pour certaines marques. Eau/composition (mg/l) Chaouen Sidi Ali Ain Atlas Primavera Evian Sidi Harazem Ain Saisse Bicarbonate 309,80 103,70 217 297 360 335 372 Sulfate 20,90 41,70 8 44 14 20 3,8 Chlorure 17,50 14,20 12 36 10 220 19,8 Calcium 80,40 12,01 18 89 80 70 63,5 Magnésium 16,20 8,70 13 23 26 40 35,5 Sodium 14,50 25,50 48 19 6,5 120 8 Silice – – – 7 15 – – Nitrate 0,32 0,10 4 – 3,8 – 7 Potassium 1 2,80 8 – 1 8 1 1. 1. Comparaison faite sur des échantillons de 1,5 L. Cette différence dans la teneur en minéraux n'est pas aléatoire, puisque chaque composant a un effet particulier sur le métabolisme. Le bicarbonate est utile pour la digestion, le sulfate a un effet laxatif, le calcium rentre dans le renforcement des os, le magnésium aide à gérer le stress, le sodium est utile pour récupérer suite aux efforts physiques intenses, la silice permet de mieux éliminer les résidus d'aluminium du corps. Pour ce qui est du nitrate, potassium et chlorure, le dosage recommandé est plus ou moins dépassé dans certaines des eaux objets de la comparaison, les personnes souffrant de certaines maladies devraient donc contacter leur médecin afin de savoir quelle eau est la plus appropriée pour leur métabolisme. La consommation d'eau minérale en bouteille est bonne pour la santé dans la mesure où elle est une source de magnésium, qu'elle aide à réguler la pression artérielle, à faciliter la circulation du sang le corps, la fortification des os, ainsi qu'à prévenir les troubles digestifs. Mais une fois de plus, il faudrait consulter un médecin afin de savoir quel type d'eau est approprié pour son corps. Quels risques présente l'eau en bouteille ? Le risque zéro n'existe pas. Quand on parle d'eaux minérales naturelles en bouteilles, ce sont des eaux qui sont directement stockées dans du verre ou du plastique à la source sans un quelconque traitement. Cela implique, effectivement la présence d'une teneur importante en minéraux, mais aussi la présence de micro-organismes qui peuvent être bénéfiques ou néfastes pour le métabolisme. Le risque peut provenir aussi des conteneurs utilisés dans le stockage de ces eaux. Il est à noter que le taux de résidu à sec ou de matière sèche doit se trouver en dessous de 300 mg/l, sauf que la beaucoup de marques ne communiquent pas sur cet indicateur, ce qui laisse une grande zone d'ombre vis-à-vis de la sécurité des consommateurs. Cela dit, les études scientifiques dans ce sens indiquent que les bouteilles en verre présentent moins de risques sur la santé des consommateurs par rapport à celles en plastique. Contacté par Hespress FR, Bouazza Kherrati, président de la Fédération Marocaine des Droits des Consommateurs (FMDC), nous a indiqué que l'un des autres problèmes est la présence de traces d'hormones dans les eaux en bouteilles. Le président de la FMDC a expliqué qu'il n'y a actuellement aucune indication concernant la présence de traces d'hormones dans les eaux vendues sur le marché national. « Contrairement à la France, où les stations de traitement de l'eau potable sont obligées d'effectuer une filtration contre les hormones, rien n'est fait dans ce sens au Maroc. Personne n'en parle, que ce soit pour les eaux en bouteille, que celle du robinet. Nous, en tant que consommateurs, on se pose la question et il est de notre droit que les instances concernées y répondent », nous a déclaré Kherrati. Ce constat est d'ailleurs appuyé par des études effectuées en Italie, en Allemagne et en Espagne, qui ont démontré que la présence d'hormones avec des propriétés proches de l'estrogène, a eu un impact négatif sur le métabolisme des consommateurs masculins d'eaux stockées dans des conteneurs présentant des traces de cette hormone, notamment au niveau de leurs fonctions reproductives et le développement du cancer de la prostate, mais aussi pour ce qui est de la hausse des risques du cancer du sein chez les femmes. Ces études ont par ailleurs démontré que les bouteilles en plastique présentent deux fois plus de risque sur la santé des consommateurs que celles en verre. Par ailleurs, les eaux qui affichent une concentration importante en gaz peuvent endommager les dents des consommateurs. Cela revient au fait que ces eaux ont un niveau d'acidité plus important que l'eau normale. Cela contribue donc à l'affaiblissement de l'email dentaire, mais reste toutefois moins important que les dégâts causés par la consommation de sodas par exemple. L'autre risque concerne l'environnement, puisque les conteneurs en plastiques, en plus de polluer, prennent beaucoup de temps à se dégrader. Il est à noter que même si les bouteilles en verre sont moins polluantes, celles-ci demandent beaucoup de ressources à produire. Il est à noter que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce secteur n'est bizarrement pas contrôlé par l'Office National de la Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA), mais c'est le ministère de la Santé qui gère le contrôle de la logistique, la qualité et la vente des bouteilles d'eau. Un marché juteux, loin d'être contrôlé Comme nous l'avons évoqué plus haut, les prix pratiqués pour les marques locales varient de 4,50 à 6 dirhams. Certains petits marchands n'ont pas de mal à imposer leurs propres prix. D'autres marchands à Rabat par exemple, justifient le fait de vendre une bouteille, qui coûte normalement 5 dirhams, à 6 dirhams par le fait que celle-ci est fraîche, et de ce fait, « nécessite de l'énergie qui n'est pas gratuite ». Dans ce sens, le président de la FMDC nous a indiqué que « les prix sont libres au Maroc. Les professionnels du secteur vendent leurs produits au prix qu'ils veulent. Toutefois, le problème réside dans le fait que les prix sont rarement affichés sur les bouteilles. L'eau au Maroc, à l'exception de celle du robinet, n'est pas réglementée. L'affichage des prix devrait être obligatoire. Par ailleurs, certaines marques d'eau de table sont vendues au même prix que les eaux minérales, ce qui est tout à fait anormal ». Et notre interlocuteur de souligner : « Il y'a quelque chose qui cloche avec le secteur, et l'Etat ferme bizarrement les yeux, au moment où le ministère de la Santé gère celui-ci. De même, il faut savoir que les eaux conditionnées au Maroc sont vendues trop cher ». Kherrati déplore par ailleurs l'absence d'un ministère de la Consommation dont la mission serait de suivre ce dossier qui concerne le bien-être des consommateurs.