Djamel Belmadi est décidément (et définitivement) un héros national en Algérie. Après le sacre des Fennecs en coupe d'Afrique des Nations, son nom est sur toutes les lèvres dans les rues algériennes et dans tous les réseaux sociaux. Le déplacement au Caire du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah pour assister à la finale, et les accolades qu'il a distribuées à droite et à gauche, n'auront pas suffi pour calmer les ardeurs des manifestants algériens, dans la rue depuis 24 vendredis. Ils continuent de réclamer son départ et lui ont même trouvé un remplaçant, en la personne du sélectionneur national, Djamel Belmadi. Les B qu'ont déteste...et ceux qu'on aime Désormais, les seuls B que tolèrent et acclament les Algériens, sont Belmadi et Bounedjah, le buteur qui a uni tout un pays, ravagé depuis février dernier par une crise politique sans précédent dont le maître mot est le départ des B du système, à commencer par Bouteflika pour finir par Besalah, en passant par Bouchareb et les autres. Et pourtant, dans un pays où le sport, notamment le foot, est roi, Belmadi n'était pourtant qu'un plan B (tiens !) appelé comme « choix par défaut » pour remplacer un certain Rabah Madjer qui a claqué la porte en août 2018. « Le football est important pour nous. C'est le sport N.1, il est vecteur d'énormément de choses, cela nous réunit tous », avait commenté Belmadi, face au soutien des millions de supporters algériens à travers le monde avant la demi-finale contre le Nigeria. Du politique au sportif, le pas est franchi Le pas qui sépare le foot de la politique est vite franchi. Les slogans scandés par les manifestants, vendredi après vendredi à travers le pays, sont truffés de métaphores footballistiques, pour atteindre leur paroxysme un certain 19 juillet, jour du sacre continental quand la foule, euphorique et déchaînée, scandait à tue-tête : « Djamel Président ». Les Fennecs aussi, ont tenu à faire un clin d'œil aux manifestants, comme pour préserver ce lien invisible et pourtant bien là, entre le sport et la politique. En effet, en marge de leur qualification pour la finale, ils ont célébré la victoire en chant en reprenant un tube consacré au Hirak. Clin d'œil au hirak Riyad Mahrez, le leader de la sélection algérienne, auteur du magistral coup franc qualificatif, s'est filmé sur Instagram avec ses coéquipiers en train de chanter l'un des plus gros tubes du chanteur algérien Soolking, « Liberté », un cri à libération du pays pour un « meilleur destin ». Sur la même longueur d'ondes, Belmadi commente : « On est au service d'une nation. Une nation avec une histoire forte, un passé glorieux (...). C'est quelque chose qui est ancrée en nous, des fois de manière même inconsciente. Après quand on rentre dans l'aspect du football, les idées du sacrifice, du goût de l'effort, de la solidarité, deviennent pour moi essentielles: il n'y a pas de résultat, de succès sans cela ».
