Le terrain vague jouxtant le marché est en train d'être clôturé La wilaya est décidée à venir à bout de ce problème La commune se dit dépassée La multiplicité des intervenants et des propriétaires rend difficile toute solution Sous l'œil attentionné de quelques gardes municipaux, des ouvriers s'activent. Depuis quelque temps on constate, non sans un certain enthousiasme, que le terrain vague qui jouxtait le très connu marché aux puces, Derb Ghellef, est en train d'être clôturé. Commencés depuis quelques jours seulement, les travaux d'aménagement sont assez avancés. Est-ce le début d'une prise de position claire et précise des autorités par rapport à la question du secteur informel ? S'il est évident qu'une solution doit être trouvée à cette question, il n'en demeure pas moins que, la complexité du problème rend difficile toute intervention sans une consultation préalable de toutes les parties concernées à savoir, les communes, les propriétaires privés des terrains et les commerçants eux-mêmes qui détiennent des droits au bail. Cependant, la Wilaya a, semble-t-il, pris la ferme décision de venir à bout de ce problème qui dure depuis bien des années. Pour le moment, au niveau du cabinet de Driss Benhima, Wali de la province, on donne la priorité à une solution concertée mais menée par la commune. La balle est donc dans le camp des élus. Si ces derniers ne parviennent pas à une solution, la Wilaya prendra en main les opérations. La Wilaya a d'ailleurs pris l'initiative d'engager une entreprise de travaux publics pour la réalisation des aménagements nécessaires à la viabilisation du terrain. Cependant, le coût des aménagements sera à la charge des propriétaires. C'est ce qui a conduit à l'édification de cette clôture. Un proche du Wali affirme par ailleurs que les communes se sont donné jusqu'à la fin du mois de Ramadan pour commencer la construction d'un marché qui convienne aux attentes des riverains de ce qui est communément appelé la Joteyya, ou le marché aux puces. Mais il y aurait également les terrains appartenant à la commune de Maarif. Pour ces derniers, sur lesquels est édifiée une partie du souk, les autorités communales ne semblent pas vouloir affronter la tension sociale pouvant en résulter. En effet, les lobbies des commerçants ne rateront pas l'occasion de crier leur désarroi si l'on venait soulever la question. De plus, ils affirment tous qu'ils exercent un commerce légal et qu'ils s'acquittent de leurs impôts. Rachid tient une boutique d'électroménager. Selon lui, on accuse souvent à tort les commerçants de ne pas vouloir se conformer aux lois, alors qu'en réalité, ceux de Derb Ghellef s'acquittent de leurs impôts comme leurs autres homologues. Il n'hésitent pas à brandir les factures d'achat qui leur ont été délivrées par une grande marque coréenne d'électroménager présente à Casablanca. Sur cette facture, figure bien la TVA payée, bien qu'elle ne soit pas facturée. Ils disposent également de reçus de divers impôts et taxes qu'ils ont payés. Même s'il ne comprend pas en gros la raison de toutes ces taxes, pour Rachid c'est la preuve que l'Etat reconnaît la légalité de son commerce. Cependant, les réseaux d'approvisionnement ne sont pas aussi clairs que pour ces factures exhibées. On sait par expérience que Derb Ghellef est le haut lieu de la contrebande et des trafics en tout genre. Les cassettes vidéos, les CD-Rom, les livres reproduits illégalement sont vendus à même le sol ou sur les étagères des cantines. Des centaines de personnes travaillent dans ce souk en échappant par exemple à l'impôt général sur le revenu. Ne serait-ce que pour une seule de ces raisons, il convient de résoudre le problème. Le fait qu'une partie des commerçants soit établie sur des terrains privés ne facilite pas non plus la tâche à ceux qui voudraient résoudre le cas du commerce informel de Derb Ghellef. En effet, toute tentative de les déloger s'apparenterait à une expropriation. Or il se trouve justement que l'Etat a renoncé au droit que lui donnait la loi de 1959 sur les terrains d'utilité publique destinés à recevoir des infrastructures publiques. Pour comprendre cette situation inextricable, il faut revenir à quelques années auparavant. Ces terrains qui étaient classés d'utilité publique étaient constitués de plusieurs millions de parts appartenant à une vingtaine de familles. Cependant, ladite loi donnait le droit à l'Etat d'exproprier les ayants-droit, moyennant un dédommagement. Seulement, devant la flambée des prix du terrain dans la zone urbaine, l'Etat à dû renoncer à son droit et n'en a acquis que la moitié. C'est sur cette partie qu'ont été construits le Centre pédagogique régional à côté du marché, une école et des logements. Une partie des terrains qui étaient alors frappés de servitude a servi de dépotoir et de lieu de commerce en tout genre. C'est ce qui justifie les opérations de nettoyage et viabilisation récemment entamées par la wilaya à la charge des propriétaires. Mais pour le moment, la commune joue la carte de la prudence du fait de la sensibilité sociale du problème. Mais il faut bien que l'on résolve le cas de Derb Ghellef en particulier et du commerce informel en général. Si la question de l'expropriation peut constituer un blocage, il est pourtant clair que pour des raisons de salubrité et de respect des normes de sécurité, l'Etat peut décider du sort de ce marché. Sans doute, devra-t-on étudier le problème du point de vue social, mais pour en réduire l'impact. Sans doute, faudra-t-il faire en sorte que les occupants des lieux puissent continuer à exercer leurs activités commerciales sous une forme normale. Mais il ne fait aucun doute qu'une solution devra être trouvée. A cela, Driss Benhima est déterminé, d'après son entourage. Toutefois, il appartient d'abord aux élus locaux de s'exercer à résoudre le problème par les moyens dont ils disposent. Si rien n'est fait, alors le recours à la force publique pourra être justifié