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Le journaliste et écrivain Mohamed Al Arabe auteur du livre "Ce que Paul Bremer a omis de dire" : "Plus de 47 milices armées s'activent en Irak"
Publié dans La Gazette du Maroc le 19 - 02 - 2007

La gazette du Maroc a rencontré l'écrivain et journaliste irakien Mohammed Al Arabe qui vient de publier son nouveau livre «Ce que Bremer a omis de dire». Al Arabe nous a donc parlé de son nouvel ouvrage et de la situation actuelle en Irak loin des caméras et un peu plus en profondeur.
La Gazette du Maroc : Qu'est ce qui vous a poussé à écrire un livre sur
l'ex-résident américain en Irak ?
Mohamed Al Arabe : Il n'y a pas de raison spéciale qui m'ait poussé à écrire un livre sur Bremer à part le fait que comme tout autre journaliste de par le monde je suis à la recherche de l'information fiable et véritable sur des sujets divers, et j'ai pu utiliser à bon escient ma connaissance de l'ex-maîtresse de Bremer et actuelle épouse, l'Irakienne chrétienne Widad Francis, qui était responsable du protocole dans un des palais de l'ex-président Irakien Saddam Hussein. Aussi ai-je publié quelques passages de mon livre dans le journal londonien «AL QODS». Il n'y a eu aucune réaction de Bremer. Alors j'ai décidé de continuer mon travail d'investigation pour en savoir plus sur sa vie privée en Irak, et voilà comment j'ai pu écrire ce livre.
En bref, qu'est ce que Bremer n'a pas dit dans son livre ?
Son livre n'est que purs mensonges et diffamations. Cet imposteur a voulu nous faire croire qu'il était venu en Irak pour nous sauver de la tyrannie, alors que c'est bien de sa faute si l'Irak en est à ce stade aujourd'hui. Ce sont ses décisions et stupidités qui nous ont conduits à cet état de choses, et les Irakiens le payent de leur sang aujourd'hui. Le premier chapitre relate la véritable histoire d'amour entre Bremer et Widad Francis et dénonce les scénarios et mensonges rapportés par les américains et leurs vaisseaux en Irak sur cette histoire. Le deuxième chapitre relate la relation complexe qui réunissait Bremer au gouvernement intérimaire irakien, ce qui n'a rien à voir avec ce que raconte Bremer. Le troisième chapitre quant à lui est consacré à la zone dite Verte à Baghdad. Cette zone que les Américains ont squatté comme une cerise sur un gâteau pour en faire un petit paradis au milieux d'un enfer de chair et de sang dans les autres quartiers de Baghdad. Cette zone est en vérité une arrière base dédiée à la conspiration et aux plans machiavéliques pour diviser l'Irak et l'affaiblir, et enfin pour monter les frères entre eux et en faire des ennemis à vie.
Ne craignez vous pas que Widad Francis vous traduise en justice à cause des informations confidentielles et intimes que vous rapportez ?
Je m'y attends, effectivement, et je vous dirais même que je ne serais pas surpris si des tierces personnes se portaient volontaires pour le faire à sa place, qu'ils soient Américains ou Irakiens. Cependant, j'ai acquis dans la vie assez de sagesse pour savoir que la vérité a un prix. Et puis j'ai assez de preuves sur les faits que je relate pour contredire quiconque voudrait m'attaquer en justice.
Ne pensez vous pas que votre livre s'attaque exagérément aux leaders chiites irakiens, en mettant en doute leurs parcours politiques, religieux et idéologiques ?
Les nouveaux leaders Irakiens, qu'ils soient Sunnites ou Chiites, à la tête des gouvernements d'intérim qui se sont succédés n'ont fait aucun bien au peuple irakien, du moins rien que l'on puisse voir à l'œil nu. Je connais leurs parcours et les Irakiens apprécient mes écrits, ils ont le droit de connaître la vérité sur l'Irak, et moi en temps qu'Irakien je ne fais que mon devoir en mettant à nu les conspirations des ennemis du peuple irakien quels qu'ils soient. Pour retourner à votre question, mon livre s'attarde aussi sur des personnalités sunnites, et pas des moindres.
Vous croyez vraiment que les informations que vous relatez dans votre livre vont mener à ouvrir une enquête judiciaire sur le laps de temps que Bremer a passé en Irak ?
Je pense que cela arrivera tôt ou tard, et j'espère que les médias arabes vont m'aider à faire connaître cette vérité. Le cinéma aussi devrait s'intéresser à cette histoire comme il s'est intéressé à la relation entre le président Clinton et Monica Lewinsky.
Quelle lecture faites-vous de la situation actuelle en Irak, et selon vous comment peut-on trouver une solution au bourbier irakien ?
Je suis contre la vision fataliste qui pense que l'Irak va vers sa ruine, je dirais plutôt que l'Irak est déjà en ruine et l'avenir paraît sombre si les amis de l'Irak et les Irakiens eux-mêmes ne prennent pas les choses en main. Chose difficile tant que les fauteurs de troubles et de discorde tiennent les rennes du pays en main, même en coulisse. J'en appelle par là même aux gouvernants arabes de venir en aide à notre peuple pour sauvegarder notre histoire et notre culture.
Croyez-vous que le conflit irakien pourrait avoir des répercussions négatives sur la situation géopolitique du Moyen-orient?
Ce qui se passe en Irak n'est que la première phase d'un vaste plan d'invasion qui doit s'étendre sur l'Iran et la Syrie. Si l'on ne contrecarrait pas ce plan et venions en aide à l'Irak, préparons nous, en temps qu'arabes et musulmans, à davantage de mauvaises nouvelles dans le futur. Je ne suis pas pessimiste mais le chaos dans lequel l'Irak se trouve me laisse perplexe quant au futur de ce pays qui compte actuellement plus de 47 milices et groupes armés, tous soutenus en arme et logistique par des tiers intérieurs et extérieurs à l'Irak.


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