Le Compte du Millénaire financé sur le budget fédéral de la première puissance mondiale au bénéfice de l'aide publique au développement (APD) est tombé dans l'escarcelle du Maroc qui empoche, sur décision officielle du conseil d'administration de MCC (Millenium Challenge Corporation), annoncée le jeudi 9 août, près de 698 millions de dollars destinés au financement des projets prioritaires dans l'agriculture, la pêche artisanale et l'artisanat ainsi qu'au soutien de la croissance des petites et moyennes industries. Nous l'écrivions, sur ces mêmes colonnes, le 3 avril 2006 lorsque notre publication avait affirmé, par conviction étant donné la grande qualité des consultations de proximités engagées par le gouvernement sous la haute vigilance directe du Premier ministre Driss Jettou, que le «Maroc avait réussi son examen» en déclinant son chantier de projets nationaux et son rapport final à l'issue de l'atelier national tenu les 27 et 26 mars 2006 à Ouarzazate, énumérant les recommandations soumises au MCC (Millenium Challenge Corporation). Pari gagné pour Driss Jettou qui en avait fait un point d'honneur en relevant ce redoutable défi consistant à satisfaire aux épreuves éligibles au MCA (Millenium Challenge Acount) en se conformant aux contraintes de la liste des 16 critères imposés aux compétiteurs. Et non seulement, le Royaume a décroché le pactole de près de 8 milliards DH avec la bonne note des Etats-Unis qui en fait le premier de la classe, mais il est aussi le premier pays sur l'ensemble des pays éligibles rigoureusement sélectionnés à recevoir le plafond d'aide publique au développement fourni par les Etats-Unis d'Amérique. Témoignage à chaud du patron du Millenium, John Danilovich: «Le présent crédit viendra compléter la stratégie nationale de croissance et contribuera à consolider les secteurs industriels. Il s'agit, en effet, du plus haut montant jamais consenti par le MCC». La mise en œuvre de ce financement aux projets de développement à profitabilité socioéconomique locale sera étalée sur 5 ans dans le cadre du MCA. Cette assistance américaine devrait permettre une croissance de près de 120 millions de dollars du PNB marocain et les projets soutenus bénéficieront à plus de 600 000 familles considérées comme prioritaires. Les secteurs ciblés par le MCA intéressent l'agriculture, la pêche artisanale et l'artisanat ainsi que la promotion des PME et PMI marocaines. Sélectionné dans le cadre de l'année budgétaire américaine 2005, le Maroc a étrenné sa première participation au Challenge en raflant la mise de près de 700 millions de dollars face à une quinzaine de pays qui avaient déjà souscrit à l'aide en 2004 pour se partager 1 milliard de dollars. Un plafond que notre pays n'était pas loin d'égaler à lui tout seul. Les autres pays admissibles sont l'Arménie, le Bénin, la Bolivie, la Georgie , le Ghana, le Honduras, le Lesotho, Madagascar, le Mali, la Mongolie, le Mozambique, le Nicaragua et le Sénégal entre autres. Tous ces pays ont un revenu annuel maximal par habitant de 1.465 dollars, précise-t-on. Ce Challenge représente un peu une sorte de «Plan Marshall» pour les PVD en ce sens qu'il s'est assigné pour mission de réduire la pauvreté en favorisant la croissance économique dont le mérite prioritaire reviendra aux Etats qui sauront faire preuve de bonne gouvernance, qui encouragent le libéralisme économique et l'initiative privée et qui s'appliquent à investir dans des projets profitant concrètement à leurs populations, notamment les plus nécessiteuses. Il est certain que dans ce concours, les réformes du Maroc ont pesé lourd et que l'INDH a été décisive dans le décompte des aides de la balance finale. D'ailleurs, le Chantier de Règne qui aligne les projets les plus «inclusifs» et à profitabilité socioéconomique directe et locale, notamment dans les communes rurales les plus démunies et les quartiers urbains les plus défavorisés, devrait recevoir sa part du MCA qui devrait avoisiner les 2 milliards DH. Et ce n'est pas un hasard si notre pays, présélectionné sur un total de 68 Etats en lice et retenu sur la liste des 16 pays admissibles au MCA, a été de loin le plus compétitif pour décrocher le plus gros pactole de l'histoire des fonds attribués par l'APD nord-américaine.