Les exportations de tomates marocaines vers le marché des Vingt-sept suscitent l'inquiétude des acteurs européens du secteur. «Ils se sont unis discrètement tout l'été pour s'opposer à l'importation de tomates cultivées au Maroc et au Sahara occidental, qu'ils considèrent comme une concurrence déloyale», rapporte ce mardi Africa Intelligence. Cette «mobilisation générale des producteurs», selon le média francophone, intervient à quelques semaines de l'entrée en vigueur, le 4 octobre, des arrêts de la Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE), qui excluent les produits du Sahara des accords entre le Maroc et l'UE. Le mouvement a commencé en juillet en Espagne, avec une plainte conjointe déposée par la Fédération espagnole des consommateurs et usagers (CECU) et la Coordination des organisations d'agriculteurs et d'éleveurs (COAG) auprès de la Direction générale de la consommation du ministère des Droits sociaux. Ils dénoncent un «non-respect présumé des réglementations d'étiquetage des tomates cerises vendues dans les supermarchés espagnols», produites au Sahara. Cette action a été précédée par une demande de l'eurodéputée Carmen Crespo, du Parti populaire, qui a réclamé une révision de «l'accord commercial entre l'Union européenne et le Maroc». Des organisations agricoles espagnoles avaient déjà menacé de «prendre des actions légales» contre les importations de tomates marocaines, qu'elles accusent de «dépasser les quotas». Elles exigent également un étiquetage clair des produits originaires du Sahara, qui entrent sur le marché européen. Pour rappel, la CJUE a ordonné, dans un arrêt rendu le 4 octobre 2024, l'étiquetage des tomates et des melons. La Cour avait alors précisé que «l'indication du pays d'origine qui doit figurer sur les melons et les tomates en question ne peut désigner que le seul Sahara occidental, puisque ces produits sont récoltés sur ce territoire. Ce territoire est distinct de celui du Maroc et constitue un territoire douanier au sens du droit de l'Union». Le 10 septembre, l'Union européenne examinera, au niveau des ambassadeurs, un projet de révision des accords avec le Maroc.