Il était temps de réagir énergiquement contre l'état d'abandon et de «clochardisation» dans lequel s'enfonçait le premier territoire industriel du Royaume. L'Etat a pris le taureau par les cornes pour mettre en chantier un vigoureux plan d'action ciblant le nettoyage des lieux, la sauvegarde de l'environnement et la mise en place des infrastructures de base. Ainsi, en décidant d'entreprendre, ces dernières semaines, une vaste opération de nettoyage et de réhabilitation de la ZI d'Aïn Sebaâ, les autorités préfectorales conduites par le gouverneur de la préfecture d'arrondissements d'Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi ont mobilisé tous les partenaires institutionnels, élus et économiques dans la mise en œuvre d'un plan d'action salutaire, visant à relooker un espace voué à la banqueroute totale. En effet, une visite sur les sites abritant les plus gros calibres d'unités de production, tant sur le marché national qu'à l'export, ne peut que repousser le visiteur et décourager tout investisseur dans un secteur livré à lui-même, rendu «dégueulasse», pour citer les propres termes de témoins à charge, poussiéreux, sans hygiène, dont les voies publiques devenues non carrossables étaient squattées à longueur de journée pendant plus de 15 années, par toutes sortes d'engins roulants et conteneurs déposés à double niveau. Oui, le visiteur ne peut qu'éprouver du dégoût, devant ce pitoyable spectacle de la première ZI du pays totalement délaissée, et de plus en plus désertée par les industriels laissant en place des «friches» qui immobilisent inutilement une importante réserve foncière au moment où celle-ci vit une pleine crise de pénurie dans l'urbanisme de la capitale économique du Royaume. La guerre déclarée aux «envahisseurs» De la répulsion, mêlée à un sentiment de peur en traversant les espaces squattés, mal famés et dangereux, car des agressions, voire des crimes y sont signalés. Il n'y a qu'à voir de ces «squatteurs» à la mine patibulaire, installant en permanence dans les lieux et verrouillant les voies publiques de circulation, dressant avec leurs engins et ateliers de véritables remparts, barrant le chemin aux fournisseurs et clients des usines totalement prises en tenailles et sinistrées par des pertes de parts de marché, et des retards importants d'approvisionnement des autres régions du pays, tombant sous le coup de pénuries provoquées. Ces «envahisseurs», sont une poignée seulement qui empoisonnent la vie dans les lieux depuis près de deux décennies, sans que les pouvoirs publics n'aient pris les dispositions nécessaires, en temps utile, pour faire respecter la loi, protéger les sociétés et sécuriser leur personnel. Quand on voit que les ouvrières de la zone passent dans les parages pour rejoindre leur domicile, et que des individus dangereux rôdent constamment aux alentours, on peut bien imaginer les risques encourus d'agression et de viols. Sans compter les dégâts pouvant être causés par des meutes de chiens errants «squattant» à leur tour tout le secteur. Cette poignée de «rebelles», pas plus de 17 sociétés, se sont installées de facto et effectuant tous leurs travaux d'atelier, de ferraillage, de mécanique et de logistique archaïque en pleine voie publique fermée depuis belle lurette à la circulation. Et ce ne fut pas une mince affaire pour les persuader de déménager après plus de 6 mois de négociations et de sensibilisation, en vain. Des mises en demeure restées sans suite. Trop, c'est trop, car ces «têtes dures» cherchaient à imposer leur loi de la jungle. Jusqu'au moment où l'ultime recours des autorités publiques résidait dans des «descentes musclées» et des opérations coup-de-poing en vue de rassurer les résidents industriels en règle avec la loi et le personnel de la zone dépourvue de toute protection en traversant ces lieux. Le plan d'action de l'Etat prévoit, outre le nettoyage de la zone, d'autres mesures intéressant la construction des infrastructures d'accès, de voirie et de communications pour relier normalement le milieu productif à l'extérieur ainsi que l'aménagement d'espaces verts et d'animation, qui vont modifier avantageusement la physionomie générale de la ZI pour atteindre le niveau des standards en vigueur dans les grandes capitales économiques mondiales. Plan d'action En outre, les responsables et élus des arrondissements de la préfecture d'Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi assurent que tout sera mis en œuvre pour «défricher» la zone en la rendant attractive aux nouveaux investisseurs et en mobilisant la réserve foncière ainsi dégagée qui servira à drainer de nouvelles activités industrielles à forte valeur ajoutée. En somme, un Technoparc avec ses bureaux, matériel et logistique de travail et de communication qui font tellement défaut actuellement à Casablanca. Mieux encore, la disponibilité foncière sera renforcée par les nouvelles techniques de construction abritant des unités industrielles dont les nouvelles règles sont exécutées en hauteur pour ranger au placard les anciens bâtis sous formes d'énormes hangars dévoreurs d'espaces et devenus désuets depuis. Ainsi, ces initiatives doperont les opportunités emplois qui pourront être multipliés par 3, après avoir recyclé les 88 «friches» occupant une trentaine d'hectares sur les 516 hectares de la ZI où s'activent 509 unités industrielles. Déjà, le quartier industriel d'Oukacha, abritant 221 unités de production et générant 30.000 emplois sur 385 hectares avec une quarantaine de «friches», a été entièrement nettoyé des hors-la-loi qui le squattaient et celui d'Aïn Sebaâ en voie d'achèvement. Une certitude à la ZI d'Aïn Sebaâ : rien ne sera plus comme avant. En tout cas, le gouverneur Abdelfattah El Houmam persiste et signe: «Nous sommes tous engagés pour la réussite de ce plan d'action visant la réhabilitation et l'aménagement de la ZI d'Aïn Sebaâ. Je suis très sensible personnellement à cet aspect des choses de par ma fibre d'industriel pour garantir dans les meilleurs délais la remise à niveau d'un territoire industriel leader national, moderne, compétitif et performant». Et que dira-t-on des élus locaux qui sont invités à s'associer à cette grande œuvre de rénovation et de modernisation compétitive du cœur battant de l'économie du Royaume ? Surtout, qu'ils s'appliquent à réhabiliter l'image des conseillers communaux auprès de leurs électeurs, image ternie par l'un d'entre eux, Moulay Mehdi Alaoui pour ne pas le citer, qui a défrayé le scandale en sa qualité de Conseiller communal et d'ancien président du conseil préfectoral d'Aïn Sebaâ, qui est l'un des «occupants illégaux» de l'espace public, pris en chasse par les autorités.