La rencontre entre M. Nasser Bourita, ministre des affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger et Staffan De Mistura, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, lundi à New York, marque un moment clé de la séquence diplomatique précédant l'examen de la question du Sahara par le Conseil de sécurité. À l'initiative de l'émissaire onusien, cette séance de travail a mis en lumière la fermeté des positions marocaines et la consolidation d'un soutien international qui devrait peser sur les discussions d'octobre. En présence de M. Omar Hilale, ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, la délégation marocaine a réaffirmé les lignes rouges du Royaume : l'initiative d'autonomie présentée en 2007 demeure la seule base crédible et sérieuse pour parvenir à une solution politique. Cette position, qualifiée d'« immuable » et « définie par S.M. le Roi Mohammed VI », s'inscrit dans la volonté du Maroc d'ancrer définitivement le dossier dans une approche pragmatique et réaliste, écartant toute perspective de référendum ou de remise en cause de la souveraineté nationale. Les diplomates marocains savent que la prochaine réunion du Conseil de sécurité interviendra dans un contexte où le rapport de force international est largement favorable pour le Royaume. Washington reste attaché à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, annoncée par l'administration Trump en décembre 2020 et maintenue depuis. Cette position pèse lourdement dans les équilibres du Conseil, les Etats-Unis assumant le rôle de « plume » du dossier. Paris demeure, pour sa part, l'un des soutiens traditionnels de Rabat. L'Elysée a multiplié les signaux en faveur de la stabilité marocaine dans la région, considérant l'initiative d'autonomie comme une base crédible de négociation. Londres, qui a renforcé son partenariat économique avec Rabat depuis le Brexit, s'aligne progressivement sur cette approche. Lire aussi : Migration: Nasser Bourita met en avant à New York les avancées du Maroc Côté africain, les membres non permanents du Conseil – tels que la Sierra Leone ou le Ghana – reflètent un basculement continental. De nombreux pays du continent ont ouvert des consulats dans les provinces du Sud, traduisant une reconnaissance de facto de la souveraineté marocaine. Le Maroc capitalise aussi sur une diplomatie active en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le Paraguay et le Suriname viennent de réaffirmer leur appui à l'intégrité territoriale du Royaume, en annonçant l'ouverture prochaine de consulats dans le Sahara. Cette dynamique rejoint celle déjà enclenchée par une quinzaine d'autres Etats de la région, renforçant l'argumentaire marocain d'une reconnaissance internationale en expansion. Les débats du Conseil : des lignes de fracture atténuées Les discussions au Conseil de sécurité devraient, comme à l'accoutumée, se concentrer sur la prorogation du mandat de la MINURSO et sur l'évaluation du processus politique conduit par Staffan De Mistura. Toutefois, le climat s'annonce moins conflictuel qu'auparavant. La Russie et la Chine, traditionnellement plus réservées, privilégient désormais une posture d'équilibre, sans s'opposer frontalement aux positions défendues par Washington et Paris. À travers cette rencontre new-yorkaise, le Maroc démontre sa capacité à inscrire son agenda dans les cadres multilatéraux tout en élargissant ses cercles de soutien bilatéraux. M. Bourita et M. Hilale ont insisté sur la continuité de l'appui du Royaume aux efforts de l'ONU, mais aussi sur la nécessité de ne pas diluer le processus dans des initiatives parallèles, souvent sources d'impasse. Pour le Maroc, la séquence qui s'ouvre au Conseil de sécurité doit confirmer un double message : d'un côté, la volonté de coopération avec les Nations unies ; de l'autre, l'affirmation ferme que toute solution doit s'articuler autour de l'autonomie sous souveraineté marocaine.