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spiritualité : Soufisme et citoyenneté
Publié dans La Gazette du Maroc le 11 - 04 - 2008

Le soufisme est à la mode. Tout le monde en convient. Mais pas seulement, il est aussi une manière de penser et d'envisager la vie. A l'ultime extrême de l'Orient point l'Occident. Et inversement. Comme dit le Coran : «Comme la nuit s'enroule dans le jour, et le jour dans la nuit». La globalité du monde ne peut être perçue que dans le jeu de ces oppositions et complémentarités, ce jeu de miroir, entre ces deux hémisphères de notre planète.
n symbiose totale, le festival de la culture soufie de Fès, présente du 17 au 23 avril prochain, débats, conférences, concerts… Certes le soufisme est à la mode ! Mais pas seulement, la grande diversité des quatre «écoles» marocaines tend à prouver : aux uns, la richesse du soufisme contemporain; aux autres : la dérive quasi-sectaire de certaines pratiques. Ce qu'il y a de sûr, c'est que dans les multiples lieux de discussions un peu partout dans le royaume, les débats sont plutôt houleux. Le Soufisme ne doit-il être rattaché qu'à la religion et singulièrement l'Islam ? Ou au contraire est-ce une spiritualité -à l'instar du bouddhisme- qui peut concerner également les non-croyants? Doit-il être en-dehors des jeux politiques d'influence ou au contraire user de ses réseaux pour pénétrer le pouvoir ? Le Soufisme doit-il être figé dans la culture classique musulmane ou s'ouvrir à des concepts «occidentaux» comme celui de la citoyenneté ?
Les débats font rage au cours des réunions des diverses «obédiences». Le qualificatif est d'un observateur avisé qui rapproche le soufisme contemporain à la Maçonnerie  ! Il faut bien avouer qu'il y a un peu de cela, quand on écoute et observe les divers discours. L'utilisation inflationniste de concepts et de mots symboliques, ne serait-ce que dans le thème abordé par le festival de Fès : «Orient Occident»; est assez navrante intellectuellement.
obédiences
On peut même lire dans la présentation générique du festival : «L'Orient de l'âme et l'Occident de la raison»… voilà donc, non pas de quoi alimenter les «valeurs partagées entre l'Orient et l'Occident», mais plutôt celles des partisans du choc des civilisations. Interrogé sur ce point précis, Faouzi Skali, initiateur et âme de ce festival, répond qu'il ne faut pas s'attacher aux simples mots mais aux symboles… N'empêche ! Il suffit d'ouvrir un livre d'histoire pour s'apercevoir que les mots et les symboles justement, même approximatifs, peuvent tuer. Reste encore une autre question d'importance majeure : l'appropriation du plus «large patrimoine possible de connaissance, de culture et de spiritualité» de l'humanité par «le plus simple citoyen».
Question lancinante depuis quelques années dans notre pays, qui fait l'objet de larges débats et d'opinions, ma foi assez divergentes quant à cette notion de citoyenneté. L'étrangeté de ce concept étant malgré tout qu'il a été forgé au cœur même de l'invention de la Res publica…
Nous avons souhaité aller plus loin sur ce terrain… curieusement délaissé par le festival. Au profit ( !?) de «soufisme et environnement» avec en guest star l'innénarable Nicolas Hulot, spécialiste de l'auto mise en scène marchande sur fond environnemental, plus connu pour les coûts exhorbitants de ses escapades télévisuelles, que pour sa spiritualité.
«Le Soufisme à travers les siècles a su tisser des passerelles entre ces deux mondes et y faire voyager, à travers des colorations multiples, des idées, des valeurs, des symboles universels.
Le développement civilisationnel d'une société, peut se mesurer à sa mise en œuvre des moyens par lesquels le plus simple citoyen peut avoir accès, par des relais multiples, au plus large patrimoine possible de connaissance, de culture et de spiritualité», commente Abdelaziz Saddiki. Mais aussi à sa capacité d'affiner et de développer des liens sociaux, ou avec son environnement, dans le sens d'une très grande élévation et harmonie, que ces relations soient internes à ces sociétés ou définissent la philosophie de leur relations internationales. C'est ainsi que le Soufisme contemporain marocain s'intéresse de très près à l'une des clés conceptuelles «occidentales» : le concept de citoyenneté. Toutes les étapes sont revues : l'expérience athénienne (civilisation grecque), la philosophie des lumières, les principes énoncés par la révolution française. Les expériences françaises, britanniques et scandinaves, ont montré les progrès importants de la pensée occidentale qui est parvenue à construire un idéal type du citoyen, acteur central de la modernité. L'Islam et notamment l'expérience médinoise de la cité prophétique, ont mis en pratique les dimensions de ce qu'on appellerait aujourd'hui la citoyenneté, à travers l'excellence des comportements des habitants. Le salut de l'individu est dans le salut de la société et vice versa. L'Islam peut donc s'approprier les avancées de la pensée moderne en matière de citoyenneté. La nuance est que la citoyenneté est sacralisée, en ce sens qu'elle est un moyen de se rapprocher de Dieu. Exercer sa citoyenneté dans tous les sens modernes du terme est, pour les Soufis, un acte d'adoration. Le hadith du navire est intéressant à méditer.
Le Prophète donne en parabole un navire dans lequel les occupants du second niveau reçoivent l'eau de ceux qui résident au premier niveau. Un jour, la tentation devient grande pour les premiers de creuser un trou dans la coque du bateau pour s'approvisionner directement en eau fraîche. La survie du navire est alors menacée, ce qui pousse les occupants du premier niveau à déployer les moyens nécessaires pour éviter ce désastre. L'idée ici est qu'on est tous responsable de cette maison commune qu'est la terre, notre monde, ce navire que nous occupons tous ensemble. La dégradation de l'environnement peut tout à fait être assimilée à l'acte de ces occupants qui mettent en péril le navire. L'éducation spirituelle dans le soufisme va donc orienter les valeurs universelles de la citoyenneté moderne vers une «destination», qui n'est pas seulement réduite à la conscience de nos droits et obligations vis-à-vis d'autrui, mais vers l'adoration et l'agrément de Dieu.
Quatre «écoles» (Tariqa)
Tariqa Shadhilite-Ouazzania
La Tariqa Ouazzania, d'origine Jazoulite (Shadhilite), fut fondée par Moulay Abdellah Chrif à Ouazzane, ville qu'il fonda et qui est considérée, jusqu'à nos jours, comme sacrée. La Zawiya Ouazzania s'appelait aussi «dar dmana» (la maison de garantie ou de protection) car en plus d'être un centre spirituel, on pouvait aussi y trouver asile.
Tariqa Tijaniya
On rapporte qu'en 1782, le Prophète apparût à Sidi Ahmed Tijani et le chargea de fonder sa propre tariqa et d'y pratiquer un enseignement spirituel. Après de nombreux voyages de quête spirituelle, il s'établit à Fès. Au cours du 19ème siècle, la Tariqa Tijaniya connut une grande expansion dans les pays du Maghreb, puis par la suite en Afrique noire et même, dans une moindre mesure, jusqu'au Moyen-Orient. La Zaouia Tijaniya, toujours active, se trouve au quartier Blida et accueille des visiteurs venus du monde entier, notamment d'Afrique noire.
Tariqa Shadhilite-Darqawiya
Moulay Al Arabi Addarqawi fonda à Fès l'ordre shadhilite-darqawi, revivifiant ainsi la Voie Shadhiliya. Sa Tariqa prit une grande importance dans les pays du Maghreb; Elle produit de multiples ramifications (se réclamant néanmoins de la Shadhiliya) telles les Tariqas Madaniya, Haraqiya ou Alawiya.
Tariqa Qadirie-Boutchichiya
Sidi Hamza Qadiri Boutchich, descendant de Moulay Abdelqader aj Jilani, serait, selon ses disciples, un «Maitre vivant» contemporain, de l'enseignement du soufisme. Sous l'impulsion du sheikh Sid al Haj Al Abbas, puis de son fils et successeur Sidi Hamza, cette Tariqa a entrepris une véritable revivification du soufisme.
Ce renouveau se démarque par ses capacités à adapter différents concepts socio-culturels contemporains. Très active depuis une quarantaine d'années, la Tariqa Boutchichiya est présente sur tous les continents.
Genèse
Le soufisme au Maroc
La société marocaine, de tradition islamique, est tout particulièrement imprégnée par l'éthique et les référents spirituels du soufisme sunnite, dès les premiers siècles de l'hégire, dont l'enseignement s'est diffusé à partir des confréries. L'influence d'Al-Ghazali va orienter cette mystique vers une pratique de l'éthique (akhlaq) et du bel agir (makarim al-akhlaq), conforme aux préceptes du Coran et à l'enseignement du Prophète. Son influence s'est prolongée à l'Est, jusqu'en Egypte, au Nord en Andalousie musulmane et au Sud, au Sahara et dans les pays de l'Afrique de l'Ouest. Depuis le XI ème siècle, des maîtres illustres, dont le rayonnement peut être considéré comme universel, ont enseigné au Maroc. Le renouveau actuel du soufisme sunnite, avec plus ou moins de bonheur à travers la confrérie Al-Bouchichiya, reflète la volonté de s'engager librement dans une tradition spirituelle vivante génératrice de sens. Le travail effectué notamment autour des notions de «spiritualité et citoyenneté», témoigne du désir des Soufis contemporains de s'approprier, au sens noble du terme, des concepts que d'aucuns, dans l'Islam radical, dénoncent comme la «perversion des Occidentaux». La multiplication des zawiyyat (lieux de prières soufies) affiliées à cette confrérie traduit, depuis les années 1980, le désir d'une société en quête d'une identité authentique. Ce renouveau répond sans doute -face à une mondialisation des échanges de plus en plus exclusivement marchands- à un besoin fondamental de l'Homme, celui de l'expérience du sacré.


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