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La vie culturelle au Maroc : a francophonie dans tous ses états
Publié dans La Gazette du Maroc le 11 - 04 - 2008

L'IFR (Institut français de Rabat) de l'Ambassade de France au Maroc est, de loin, l'acteur le plus dynamique dans l'animation de la vie culturelle, non seulement dans la capitale, mais également dans d'autres régions du Royaume. C'est en faisant honneur à la littérature francophone ou d'expression française que s'est ouvert, le lundi 7 avril, dans la salle Gérard Philippe entièrement relookée, la 4ème édition sous le slogan « Le français dans tous ses états ».
Conférence inaugurale animée par le Délégué général à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture et de la Communication Xavier North suivie de la présentation de l'ouvrage collectif «A cinq mains» produit par cinq femmes auteurs maghrébines. Cette ouverture fut rehaussée par la présence de l'ambassadeur français Jean-François Thibault accompagné de ses homologues Canadien, Roumain, Suisse et de Wallonie-Bruxelles tout comme se sont mobilisés pour l'occasion les membres actifs de l'Association marocaine des enseignants du français.
Le Délégué général, qui avait assuré auparavant les fonctions de Directeur de la coopération culturelle et du français au Quai d'Orsay, ancien ENS et agrégé de Lettres, s'est avéré un diplomate culturel de talent dans les grandes métropoles comme New York, Londres et Rome. Xavier North s'appliqua à tenter une réponse à son interrogation récurrente au cours de la soirée : «Comment peut-on être francophone ?», surtout qu'il s'est déjà acquis la certitude qu'il existe une «diversité d'identités francophones» et qu'il faille faire face aux pressions exercées sur «une langue dispersée et disséminée mais désirée» de par le monde où elle est parlée par quelque 200 millions de personnes. Un souci poignant pour le diplomate à telle enseigne qu'il partage volontiers la pensée de Kateb Yassine quand celui-ci constate que la langue française est «un outil trouvé dans les décombres de la colonisation et qui s'est retourné contre la France elle-même». L'invité de marque persiste et signe sous l'écoute très attentive d'une salle captivée par les débats : «fondamentalement, la francophonie est une communauté linguistique et représente une merveilleuse plate-forme de communication entre les peuples. Elle crée du lien entre les identités plurielles».
«J'aime les sauvages et les hors-la-loi»
Un des motifs de satisfaction que n'a pas manqué de relever le Directeur de l'IFR, annonçant l'achèvement du processus de réhabilitation du dispositif de diffusion culturelle dans la capitale du Royaume (réouverture des salles, regroupement des services des cours de langue, Espace Campus France…), «est d'ouvrir cette nouvelle édition du (Français dans tous ses états) qui est désormais un rendez-vous régulier attendu des publics marocains sur toute l'étendue du territoire». Avant que Cabasso Yves-Jacques, en prélude sur l'ouvrage collectif des auteurs maghrébins, ne fasse le trait d'union en ces termes : « Est-ce par commodité? Par goût ? Par résignation ? Ou par choix de recourir à une langue porteuse des valeurs universelles liées aux droits de l'homme et des femmes, à la démocratie et à une indéniable liberté qui finit peut-être par induire une certaine construction de la pensée ? Il leur appartiendra de répondre».
L'entrée en lice de l'écrivain et nouvelliste algérienne Leïla Sebbar a remué quelques tabous de pensée à la présentation de son texte «La main sauvage ou le malheur d'être gaucher». Elle surprit un auditoire plutôt lent à entrer dans le sujet en affirmant à ses auditeurs : «j'aime les sauvages parce qu'ils sont hors-la-loi. J'aime les hors-la-loi et m'applique à les mettre en scène dans mes textes». C'est une manière tranchante de marquer sa révolte car, insistera-t-elle, «je suis en permanence dans les irrégularités et les révoltes». Dans la foulée, la romancière et poétesse franco-britanno-tunisienne Cécile Oumhani qui avoue volontiers avoir toujours trouvé son ancrage dans l'espace méditerranéen, s'est expliquée sur le choix de son texte articulé autour de la main gauche synonyme de douleur en rappelant que «interdire la main gauche, c'est mutiler le corps». Les trois autres écrivains du collectif «A cinq mains», la tunisienne Emna Belhaj Yahia, une autre algérienne Maïssa Bey (qui rejoindra le groupe à Essaouira) et la marocaine Rajae Benchemsi, ont rivalisé de génie et de talent créatif dans des domaines aussi variés que la fiction et la critique d'art, l'adaptation théâtrale ou la philosophie et les lettres. Sur ce registre de la littérature maghrébine francophone, dans sa version nouvelliste, le délégué général North a mis en relief « une mosaïque finement ciselée dans un puzzle monté en cinq textes par autant de femmes de la même région maghrébine dans un élan cherchant à libérer la main, paradoxalement utilisé comme outil de violence, d'apaisement ou encore de désir». Loin de confronter les horizons de la francophonie sur des rivalités linguistiques ni d'opposer le français aux langues natives des auteurs, cette édition du «Français dans tous ses états» devrait être un stimulant fondé sur les qualités de l'oeuvre des auteurs programmés. Ces activités culturelles qui gagnent en étant «délocalisées» permettent d'enrichir les contacts entre auteurs de diverses nationalités et public dans plusieurs villes du Royaume dans les deux mois à venir. Et si l'on revenait à la question hypothétique de départ «Peut-on être francophone sans être français ? » ; la réponse est toute trouvée dans la bouche d'un jeune auteur Tangérois apostrophé au dernier Salon du livre organisé dans la ville du détroit : « mais pourquoi écris-tu en français ? » répliqua spontanément : « je peux écrire en arabe mais j'écris en français parce que c'est la langue dans laquelle je me sens en sécurité ».
note de lecture
Enjeux et atouts de la Méditerranée
«Langages du Maghreb face aux enjeux culturels euro-méditerranéens», de Ahmed Moatassime, nous livre une analyse géopolitique et éducative qui, pour la première fois, appréhende l'éducation au Maghreb dans le contexte agité et stérilisant de la domination en Méditerranée. L'ouvrage reprend et développe une étude critique de l'auteur publiée dans « As-Ilat-Al-Lougha » (pp.93-114). A l'opposé de ceux qui se réclament d'une pseudo « guerre des civilisations », Ahmed Moatassime soutient lui la thèse d'une « civilisation islamo-méditerranéenne » qui engloberait le Nord et le Sud. L'auteur dégage trois constantes culturelles qui émergent de la donne euro-méditerranéenne : francophonie, européanisme et mondialisme. Une critique juste et sévère est portée sur le continent européen, celui-ci apparaissant comme le sous-traitant d'une mondialisation américanisée. L'autre apport de l'ouvrage consiste dans la mise en relief du « trépied culturel » du Maghreb : amazighité, arabité, islamité. Là où certains voient opposition sinon contradiction, Ahmed Moatassime nous démontre que les trois dimensions sont imbriquées les unes dans les autres. L'auteur se livre aussi à une analyse riche et féconde des politiques en matière d'éducation au Maghreb depuis les indépendances ; Les décideurs, comme les chercheurs et les étudiants gagneraient à lire et à s'inspirer des réflexions de l'auteur en matière d'éducation.


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