Une commission d'enquête parlementaire, des enquêtes des associations de droits de l'homme et une enquête interne des services, le Maroc a bien réagi. Mais faut-il élever les émeutiers au statut de héros ? Pas d'équivoque possible, les forces de sécurité à Sidi Ifni ont agi en dehors de la loi, si les témoignages se confirment. Il est sain que plusieurs enquêtes soient ouvertes et ce, par l'exécutif, le législatif et la société civile. Ce qui est en dehors de la loi, ce n'est pas l'intervention elle-même. Dans tous les pays monde, le blocage des ports, des routes, ou les simples manifestations non autorisées sont dispersées par l'usage de la force et la graduation de celle-ci, est fonction de la résistance opposée. Au Maroc, on parle de barbarie chaque fois que les forces de sécurité sont appelées à faire usage de la force pour libérer un espace public. C'est un terrible non-sens qui pervertit la démocratie. Si à Sidi Ifni il y a eu des dérapages, si des biens des citoyens ont été saccagés, si réellement des vols ont été commis, la loi dans toute sa rigueur doit être appliquée. Cela signifie que les coupables doivent être retrouvés et condamnés. Pour autant, peut-on justifier le comportement des émeutiers ? Assurément non !. Il y a 28 blessés parmi les forces de l'ordre, cela reflète la violence de la «résistance» des manifestants. Ils ont renversé la voiture d'un caïd et ont déversé de l'essence sur l'agent d'autorité pour le brûler, il n'a dû son salut qu'à l'intervention de la police. Comme à chaque fois qu'une localité Marocaine vit ce genre d'évènements, une troupe de marginaux supplante les organisateurs de la manifestation et se livre au vandalisme et à la «guerre» contre les symboles de l'Etat. A Sidi Ifni cela a été le cas. Les militants de l'extrême gauche, du PADS, de l'AMDH, ne peuvent se compromettre dans ce genre d'actions. Une frange d'oisifs, marginaux souvent carrés, des «chmakrya» pour tout dire, ont pris en otage le mouvement et aggravé la situation. Ceux-ci ne peuvent être ni excusés, ni «compris». La misère ne justifie pas la veulerie. Les autres manifestants, ceux qui bloquaient le port, ont choisi ce mode de protestation extrême en désespoir de cause. Ce mode de protestation est illégal mais il est utilisé par les syndicats les plus responsables, y compris dans les démocraties les mieux établies. Généralement, les gouvernements négocient et arrivent à lever le blocus après quelques heures, sinon les forces de l'ordre interviennent. A Sidi Ifni, ce blocage a duré 9 jours et a occasionné des pertes énormes à des entreprises privées qui n'étaient pas concernées par les revendications. 9 jours, c'est énorme et on ne trouvera pas un blocus qui a duré autant en Europe depuis Mai 68, ou la grève des chantiers de Gdansk ! Avant l'intervention, les autorités ont informé les bloqueurs que celle-ci allait avoir lieu, que l'usage de la force est le dernier recours. Si les manifestants avaient opposé une résistance de principe, les conséquences auraient pu être moins dramatiques. Mais il y a eu les marginaux et ce qui s'en est suivi. Maintenant, cela ne peut occulter la vraie nature du problème. Les espagnols avaient rétrocédé un petit port sympathique au Maroc. 50 ans après, Sidi Ifni est une ville dévastée. Ni les Infrastructures, ni les services publics, ni les opportunités d'emplois n'ont suivi un taux d'urbanisation très élevé. Cette situation se complique par la géographie. Les Aït Bouamrane se sentent floués et réclament le même traitement que les autres provinces du Sud. Les revendications des populations sont légitimes, y accéder est une fonction régalienne de l'Etat. Le maintien de l'ordre aussi !