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La crise changera-telle le système global ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 17 - 10 - 2008


La pire des crises financières depuis la Grande
dépression est en train de redessiner les
frontières entre le gouvernement et les
marchés. Vont-ils revenir un jour à leur
place originelle ?
Après le krach de la Bourse en octobre 1929, il a fallu plus visant à mettre fin à la Grande 1933 par Roosevelt de quatre s'est installée, la production Grande dépression a causé
d'énormes dégâts à travers la planète, mais en particulier sur le psychisme de l'Amérique Après elle, les frontières entre ont été redessinées. Le mois an après le début de la crise gouvernement américain est intervenu comme il ne l'avait plus fait depuis les années 1930 dans les marchés financiers. À l'époque, il n'était pas même certain que l'économie fût en récession et le chômage se tenait à 6,1 %. En deux
semaines tumultueuses, la Réserve fédérale et le Trésor ont nationalisé les deux géants nationaux du prêt hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, ont racheté AIG, la plus grande compagnie d'assurance au monde, entre
autres mesures spectaculaires. La Fed et le Trésor étaient déterminés à tout faire pour éviter une catastrophe telle que celle qui a précipité la Grande dépression.
Malgré les protestations des législateurs, le Congrès et le
gouvernement ont finalement accepté le plan. Le paysage de la finance américaine aradicalement changé. La banque d'investissement
indépendante est désormais une espèce en voie
d'extinction. Lehman Brothers a fait faillite, Bear Stearns
et Merrill Lynch ont été engloutis par des banques
commerciales, et Goldman Sachs et Morgan Stanley sont
elles-mêmes devenues des banques commerciales. Ce
«système bancaire de l'ombre», fait de titres de placement
sur le marché monétaire, de
courtiers en Bourse, de fonds
spéculatifs et d'institutions
financières non bancaires,
qui définissaient la finance
américaine déréglementée,
se transforme actuellement à
la vitesse de la lumière. En un
peu plus de trois semaines, le
gouvernement américain a,
en tout et pour tout, étendu
ses dettes de plus d'1 billion
$, soit le double du coût de la
guerre en Irak. Au-delà de cela,
peu de choses sont certaines.
Fin septembre, les troubles
se sont étendus et intensifiés.
Les marchés monétaires se
sont immobilisés à travers
le monde, tandis que les
banques refusent de se prêter
des fonds les unes aux autres.
Cinq banques européennes
se sont déclarées en faillite et
les gouvernements européens
ont fait tout leur possible
pour venir au secours de leurs
systèmes bancaires. Mais il est
encore trop tôt pour déclarer
la crise maîtrisée. La crise
trouve son origine dans la plus
grande bulle immobilière et
de crédit de l'histoire. Les prix
de l'immobilier aux Etats-Unis
ont, en moyenne, baissé d'un
cinquième. De nombreux
experts s'attendent à une
nouvelle chute de 10 % dans
tout le pays, soit un niveau
rappelant dangereusement
celui de la Grande dépression.
Mais, d'autres pays pourraient
connaître un sort bien pire.
En Grande-Bretagne, par
exemple, les foyers sont
encore plus endettés qu'aux
USA, les prix des maisons ont
augmenté plus vite et sont
moins descendus jusque-là.
Selon ses dernières
estimations, le FMI annonce
que les pertes liées aux
Le Premier ministre italien Silvio Berlusconi commentant
la crise financière à sa manière !
dettes ayant leur origine aux
Etats-Unis (dûes d'abord
aux hypothèques) allaient
atteindre 1,4 billion $, soit plus
que sa première estimation de
945 milliards $ en avril.
Une grande part du monde
riche est déjà en récession,
en partie en raison de la
crise du crédit et en partie
à cause de la flambée des
prix du pétrole cette année.
La production ralentit en
Grande-Bretagne, en France,
en Allemagne et au Japon. À
en juger par l'allure à laquelle
le chômage augmente et à la
faiblesse des dépenses des
consommateurs, l'économie
américaine recule elle aussi.
La phase descendante qui
a suivi les crises bancaires
récentes dans les pays riches a
duré quatre ans. Cette fois, les
sociétés sont en relativement
bonne forme, mais les foyers,
en Grande-Bretagne et aux
Etats-Unis, ont cumulé des
dettes sans précédent. Et parce
que les bulles financières se
sont formées simultanément
dans de nombreux pays, les
répercussions pourraient
être bien pires. Mais l'histoire
nous enseigne une leçon
importante: les grosses crises
bancaires se résolvent en
définitive en injectant de
grandes sommes d'argent
public et une action anticipée
et ferme du gouvernement est
capable de minimiser les coûts
pour les contribuables et les
dégâts sur l'économie.
L'un dans l'autre, le
gouvernement américain a
mis en jeu 7 % de son PIB, une
grande somme d'argent, mais
qui reste inférieure aux 16 %
du PIB qu'une crise bancaire
pourrait finalement coûter au
portefeuille public. Personne
ne sait exactement comment
le plan TARP (Troubled Asset
Relief Programme) ou plan
Paulson va fonctionner.
Mais une chose est sûre,
c'est que l'administration
américaine est prête à agir,
de manière ferme. Pour le
moment, l'optimisme est
donc de mise. Tout comme
la force relative des plus
grands marchés émergents,
en particulier la Chine. Ces
économies ne sont pas aussi
«découplées» des difficultés
du monde riche qu'elles
le semblaient auparavant.
Leurs places boursières sont
en proie aux troubles et de
nombreuses monnaies ont
chuté fortement. La demande
nationale dans une majeure
partie des pays émergents
ralentit, sans pour autant
s'effondrer. Le FMI prévoit que
les économies émergentes,
menées par la Chine, se
développent de 6,9 % en
2008 et de 6,1 % en 2009. Cela
peut atténuer le choc pour
l'économie mondiale, sans
pour autant le sauver de la
récession.
L'inflation élevée et croissante,
accompagnée de la faiblesse
du secteur financier, laissent
les banques centrales
perplexes. Ces dernières
pourraient renforcer leur
politique monétaire pour
empêcher l'inflation de
grimper davantage et de se
stabiliser à un haut niveau
(comme l'a fait la Banque
centrale européenne), ou bien
elles pourraient réduire leurs
taux d'intérêt pour amortir la
faiblesse financière (comme
l'a fait la Fed). Mais le dilemme
n'a presque plus lieu d'être.
Grâce à la chute spectaculaire
des produits de base, les prix
à la consommation semblent
avoir atteint leur maximum
et le risque d'inflation s'est
amoindri, en particulier dans
les économies riches, faibles
et en difficulté financière.
Si le prix du pétrole reste au
cours actuel, l'inflation des
prix à la consommation aux
Etats-Unis pourrait passer
en dessous de 1 % d'ici le
milieu de l'année prochaine.
Plutôt que de se tracasser
à propos de l'inflation, les
responsables politiques
pourraient bientôt avoir à
s'inquiéter de la déflation. Le
problème est qu'en raison de
son large déficit du compte
courant, l'Amérique dépend
fortement des fonds étrangers.
Si les étrangers venaient à fuir
le dollar, les USA subiraient
le double cauchemar qui
hante tout pays englué dans
une crise financière : une
crise bancaire et une crise
monétaire simultanées.
Quel sera l'impact de ce
fiasco économique mondial
sur le long terme ? Prédire
les conséquences d'une crise
inachevée est un exercice
périlleux. Mais il est d'ores
et déjà possible de deviner
que, même en l'absence
de calamité, la direction de
la mondialisation prendra
une autre tournure. Ces
deux dernières décennies,
l'intégration de l'économie
mondiale a coïncidé avec
l'ascension intellectuelle
du capitalisme libéral sur le
modèle anglo-saxon, avec
les Etats-Unis à sa tête. La
libéralisation des échanges
et des flux de capitaux, ainsi
que la déréglementation
de l'industrie nationale et
de la finance, ont forgé la
mondialisation telle que nous
la connaissons aujourd'hui
et ont fini par la symboliser.
L'intégration mondiale est
en grande partie fondée sur
la domination des marchés
sur les gouvernements. Ce
processus est aujourd'hui
renversé de trois manières.
Premièrement, la finance
occidentale sera à nouveau
soumise à une réglementation.
Jusqu'à quel point ? Cela
dépend moins de l'idéologie
que de la sévérité de la
récession économique.
Deuxièmement, l'équilibre
entre l'Etat et le marché est
en train d'évoluer dans des
sphères autres que la finance.
Pour beaucoup de pays,
ces deux dernières années,
une catastrophe d'une plus
grande ampleur s'est produite
avec l'augmentation des prix
des denrées alimentaires.
La flambée des prix de
l'alimentation à la fin de
l'année 2007 et début 2008
ont causé des émeutes dans
près de 30 pays. En réponse,
certains gouvernements du
monde émergent ont étendu
leur portée, augmenté les
subventions, immobilisé les
prix, interdit les exportations
de produits clés…
Troisièmement, l'Amérique
perd de son prestige
économique et son autorité
intellectuelle. Tandis que
les économies émergentes
refaçonnent le commerce
mondial, elles feront bientôt
de même avec la finance.
La grande question est
de savoir quelles leçons
les étudiants émergents
(et les professeurs
disgraciés) devraient tirer
des événements récents.
Jusqu'à quel point la balance
entre les gouvernements
et les marchés peut-elle
pencher ? La réponse que
cet article voudrait apporter
est que, bien qu'un certain
rééquilibrage soit nécessaire,
en particulier en matière de
réglementation financière,
il serait une erreur de rejeter
l'entière responsabilité
de la crise actuelle sur la
finance moderne et le
«fondamentalisme du marché
libre». ■


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