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la designation du prince héritier : Une tradition due à feu sm mohammed v
Publié dans La Gazette du Maroc le 08 - 05 - 2009

Telle qu'elle se présente de nos jours, l'institution «prince-héritière» est relativement récente. Elle n'a vu le jour qu'au lendemain de l'avènement de la royauté lorsque Feu SM Mohammed V se fit couronner Roi en remplacement de son ancien titre de Sultan. Chronique d'une tradition devenue institution, qui plus est constitutionnelle.
Le 9 juillet 1957, jour de l'Aïd Al Adha, alors qu'il avait déjà 28 ans, Moulay Hassan Ben Mohamed Ben Youssef fut investi par Dahir du titre de Prince Héritier. Le Conseil National Constitutif présidé par Ben Barka s'empressa de prendre une résolution favorable à ce dahir. La règle séculaire marocaine excluant toute succession automatique au trône par primogéniture, est ainsi rompue. Le jeune Prince avait auparavant fait ses preuves aux côtés de son père autant dans la longue lutte pour l'indépendance qu'à l'occasion des péripéties ayant marqué la restauration de la Monarchie et l'édification des premiers jalons de l'Etat moderne. D'ailleurs, le Prince Héritier Moulay Hassan Ben Mohamed Ben Youssef ne cessera d'occuper des positions stratégiques à la veille et au lendemain de l'indépendance. Ainsi, dès 1958, il est chef d'Etat-major des FAR, à la tête desquelles il commença par éliminer les poches de la résistance à l'intégration de l'Armée de libération au sein de la nouvelle armée nationale et n'hésita point à diriger les combats destinés à réprimer l'insurrection du Rif. Jusqu'en 1961, il fait office de «chef d'Etat intérimaire» à chaque déplacement de son père. Le 26 mai 1960, il est nommé vice-président du Conseil du gouvernement. Le Roi Mohammed v a ainsi innové par rapport à l'ensemble de ses prédécesseurs, de Idriss 1er à Moulay Youssef. En effet, il ne serait pas vain de faire un petit flash-back pour mieux camper cette tradition successorale. Idriss 1er n'eut guère le temps de nommer son successeur puisqu'il a été assassiné, bien avant la naissance de son fils, par un agent envoyé par les Abbassides à cet effet. Son fidèle serviteur Ar-Rachid dut opérer personnellement la jonction, assurant la continuité du pouvoir et veillant sur l'éducation de celui qui deviendra Idriss II dès l'âge de 11 ans. A l'avènement des Almoravides, Abou Bakr Allamtouni céda la direction du pays à Youssef Ibn Tachfine. Au lendemain de la bataille de Zalacos (Azzallaqa), se proclamant Commandeur des Musulmans (Amir al Moslimine), ce dernier instaura un «Conseil testamentaire» (Majlis al Ouissaya) qui fera couronner son fils Ali Ibn Youssef. Né d'une mère andalouse qui portait le nom de «Fadh al hosn» (la débordante beauté), ce dernier fut ramené précisément d'Andalousie pour être couronné. Avènement de la «théorie chérifienne» du pouvoir. En vérité, ni les Almoravides, ni a fortiori les Almohades n'ont observé le processus de désignation d'un successeur, même si les aléas ethno-politiques militaient souvent pour la désignation d'un successeur mâle bénéficiant de la primogéniture et provenant du lit du Sultan. C'est avec l'émergence de ce que les historiens appelleront la «théorie chérifienne», à la faveur de l'avènement des Mérinides, que l'on assistera à l'esquisse d'une tradition successorale que l'on pourrait apparenter à l'héritage prémédité du pouvoir. En effet, le pouvoir central Mérinide était dûment ceinturé de deux lignées chérifiennes : au nord, particulièrement à Sebta, la lignée des Béni-al azfi, des Joutiyine, des Seqiliyine et autres Alamiyine se présentaient comme des Chorfas d'extraction Hussaynites. Au sud, Sijilmassa se prévalait des Chorfas Hassaniyine que sont les Saâdiens et les Alaouites et qui prendront le pouvoir plus tard. Deux faits historiques renseignent mieux sur les aléas de la succession. Le premier concerne Aboul Hassan Al Marini dit «Soltane Lak-hal» (le Sultan Noir) qui, perdu en mer sur son embarcation lors d'une harka maritime, s'est vu supplanté par son fils Abou Inane. Revenu vivant un an plus tard, il dut abdiquer au profit de son fils qui ne voulait plus lâcher le pouvoir. Le deuxième fait concerne Abdelmalek As-Saâdi. Grièvement blessé, il ordonna à son chambellan de taire son agonie tant que les combats de la bataille de Oued Al Makhazine n'étaient pas terminés. Il n'avait pas désigné son successeur auparavant. Même le grand Mansour Ed Dahbi, n'ayant point désigné son héritier de son vivant, verra -si l'on peut dire cela d'un mort- ses trois enfants (Zidane, Al Mamoun et Abou Faris) s'entretuer pour le pouvoir.
Une tradition récente
On voit donc bien que la désignation par un Monarque marocain d'un prince héritier de son vivant est une tradition récente due à Feu Mohammed v. Son fils Hassan II s'inscrivit dans cette tradition en investissant Sidi Mohamed (Smit Sidi) du titre de Prince Héritier alors que celui-ci n'avait que 3 ans. Mais un «bémol» constitutionnel dû – dit-on – à l'influence de Driss Basri viendra atténuer l'automaticité de la succession telle que conçue par SM Mohammed v. En effet, un référendum organisé en bonne et due forme était venu adjoindre une disposition nouvelle au chapitre consacré à la Royauté. En effet, jusqu'à nos jours, la Constitution stipule dans son article 20, que «la couronne du Maroc et ses droits constitutionnels sont héréditaires et se transmettent de père en fils aux descendants mâles en ligne directe et par ordre de primogéniture de Sa Majesté. A moins que le roi ne désigne de son vivant un successeur parmi ses fils autre que son fils aîné». Ce «A moins que…» est, en effet, pour le moins intrigant, d'autant que l'actuel Souverain est passé outre en désignant son successeur dès la naissance de Moulay Hassan. Abdelhak Lamrini, le chancelier de la Maison Royale précise que le Roi a décidé «de donner à son Altesse royale le prince héritier» le prénom de son grand-père, Hassan II. Une révolution qui n'a même pas nécessité une révision de la Constitution. En effet, c'est bien la première fois dans l'histoire du Trône marocain, toutes dynasties confondues, que la succession est réglée d'emblée. A la naissance du futur Roi. Ainsi, le prince Moulay Hassan est le «premier enfant marocain né Roi». En réalité, SM Mohammed VI avait déjà agréablement surpris et ravi ses concitoyens en leur faisant découvrir, en juillet 2002, le visage de son épouse que, traditionnellement, l'on ne révèle pas. Quelques mois plus tard, les Marocains se mettront à attendre impatiemment l'annonce de l'heureux événement : la naissance du Prince Héritier. Il n'est pas inutile, à cet égard, de rappeler une autre innovation «audacieuse» due à SM Mohammed VI : le bulletin de santé de la nouvelle Altesse. Un communiqué signé par dix médecins -dont deux professeurs français- précise le poids et la taille du bébé Royal, né à terme (3,750 kilos et 51 centimètres). Ainsi dûment informés, les Marocains ont afflué à Rabat, jusqu'aux abords du Palais Royal, pour féliciter le Souverain qui est sorti les saluer et les remercier à deux reprises.
9 JUILLET 1957: LE TESTAMENT POLITIQUE DE Mohammed v
C'est un véritable testament politique que Feu SM Mohammed v a confié à son fils désigné Prince Héritier en ce jour du 9 juillet 1957 qui a coïncidé avec l'Aïd Al Adha. Un morceau d'anthologie où le Libérateur pouvait prodiguer les orientations majeures du pouvoir monarchique, tel qu'il doit être exercé au lendemain d'une indépendance durement recouvrée. «Ô Mon fils ! Sois démocrate de nature !», Lui ordonna-t-il après lui avoir fait une lecture affinée de la psychologie du peuple marocain. «Crains Allah dans la conduite des affaires de ton peuple !», ordonna le Libérateur au futur Edificateur de l'Etat moderne. Il y salue son intelligence, sa maturité et ses qualités. Il lui recommande de confondre ses propres intérêts avec ceux de son peuple. Qualifié de self made man (3isami), le Prince Héritier est invité à épouser la modernité sans jamais se délier des traditions les plus lumineuses de la Nation. En priorité la préservation de la foi musulmane dans ses aspects tolérants et ouverts et la défense de l'intégrité territoriale du pays. Ce discours est venu s'apparenter au sermon fondateur que Moulay Idriss 1er prononça face aux habitants de la tribu Awraba, des berbères de Sanhaja. La même fibre patriotique parcourt les deux discours. Particulièrement, cette conception de l'allégeance réciproque (al moubaya3a) qui implique la fidélité du sommet à la base au prix de la fidélité du peuple au Trône. En fixant les règles de la gouvernance telle qu'elle doit être déployée par un Souverain marocain à l'égard de son peuple, Feu Mohammed v désignait à son fils les vertus de la Monarchie démocratique et populaire à la marocaine. Feu Hassan II y arrivera peu à peu, à doses homéopathiques, bravant plus d'un putsh, moult conflits politiques et un nombre considérable de contraintes. Aujourd'hui, le petit-fils de Mohammed v est venu parachever la mise en musique de la feuille de route établie en 1957 par le Libérateur de la Nation.


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