Les Musulmans de France ont voté L'Islam d'origine marocaine, représenté par la Fédération nationale des Musulmans de France (FNMF), est arrivé en tête à l'issue des élections au Conseil français du culte musulman (CFCM) qui se sont déroulées les 6 et 13 avril. La Mosquée de Paris, liée à l'Algérie, a été la grande perdante de ce scrutin. Son recteur, Dalil Boubakeur, sera toutefois coopté président du CFCM en vertu d'un accord conclu avant les élections. “Si le fondamentalisme extrémiste a tant progressé, c'est parce qu'on a toléré un Islam des caves et des garages.” C'est ainsi que s'est exprimé Nicolas Sarkozy, au lendemain de l'annonce des résultats des élections du Conseil français du culte musulman (CFCM), avec une participation notable de 88,5 %. “C'est justement parce que nous reconnaissons à l'Islam le droit de s'asseoir à la table de la République que nous n'accepterons aucune dérive. Les Imams qui tiendraient des propos contraires aux valeurs républicaines seraient expulsés.”, a cependant tenu à avertir le ministre français de l'Intérieur, qui est également ministre des Cultes. Nicolas Sarkozy vient ainsi de conduire à son terme le processus lancé par l'un de ses prédécesseurs de la “gauche plurielle”, Jean-Pierre Chevènement, pour la mise sur pied du CFCM, première instance représentative pour les 4 à 5 millions de Musulmans de France, deuxième religion dans ce pays. Cette instance -et ses représentations dans les régions- sera l'interlocuteur des autorités françaises pour tous les problèmes liés à l'exercice du culte : construction de mosquées, abattage rituel pour l'Aïd Al-Adha, marché de la viande halal, création de carrés musulmans dans les cimetières ...etc. Au total, 4.013 grands électeurs, représentant 995 mosquées, avaient été appelés à voter dans 25 régions de France, les dimanches 6 et 13 avril, pour élire leurs représentants nationaux et régionaux au scrutin de liste. Ils avaient à choisir entre les listes présentées par les trois grandes fédérations : la Fédération nationale des Musulmans de France (FNMF), réputée liée au Maroc ; l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), connue pour être proche de la mouvance des frères musulmans et la Grande Mosquée de Paris, proche de l'Algérie. Des organisations moins importantes ont également présenté leurs listes, comme le Comité de coordination des Musulmans turcs de France (CCMTF). C'est l'Islam d'origine marocaine, davantage pratiqué, qui est arrivé en tête. La FNMF, présidée par Mohamed Bechari, a ainsi obtenu 18 sièges au conseil d'administration du CFCM sur 41. Elle est suivie par l'UOIF, dirigée par Fouad Alaoui, avec 13 sièges. Le score de 6 sièges enregistré par la Mosquée de Paris est considéré décevant. Les 4 postes restants se répartissent entre Turcs, Réunionnais et «indépendants». Les résultats de l'assemblée générale du CFCM reflètent la même physionomie. La condition de la présidence Malgré son mauvais score, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, est assuré d'obtenir la présidence du CFCM, en vertu d'un accord conclu le 20 décembre entre les représentants musulmans. Ce n'est pas seulement là une démarche destinée à éviter les querelles internes et autres conflits avec les pouvoirs publics français, à l'image de ce qui se passe en Belgique où l'«exécutif» des Musulmans de ce pays n'a jamais vraiment fonctionné à cause de ces problèmes. C'est également et surtout la condition imposée par la présidence de la République française en cette année de l'Algérie : que la Mosquée de Paris préside la future instance, quelle que soit l'issue du scrutin. Dalil Boubakeur, au demeurant réputé modéré, présidera donc le conseil d'administration du CFCM qui est composé de 63 membres, dont 22 cooptés (les interlocuteurs depuis trois ans du ministère français de l'Intérieur). Le souci d'éviter la mainmise d'une composante sur le CFCM explique la place réservée aux cooptés au sein du CA, dont découle l'entente sur la composition du futur bureau. Les petites fédérations (africaine, comorienne et turque ...) peuvent ainsi préserver leur existence. Le conseil d'administration du CFCM sera ainsi mis en place le 3 mai prochain. D'ici là, on devrait connaître le nom des quatre femmes appelées à rejoindre l'assemblée générale, Dounia Bouzar, la seule femme de la consultation. Nicolas Sarkozy avait exigé que cinq femmes siègent dans cette instance. Commentant les résultats, les représentants des Musulmans de France ont rejeté toute lecture “politique ” de ces élections, estimant tout au plus qu'elles reflétaient les grands équilibres des différentes familles musulmanes. Dalil Boubakeur a ainsi fait valoir qu'il s'agissait d'abord “ d'institutionaliser la religion musulmane ” dans le paysage de la France, à égalité avec les autres cultes. De son côté, Mohamed Bechari, le président de la FNMF, a assuré que «toutes les sensibilités de l'Islam» allaient maintenant travailler ensemble au sein du CFCM, et souligné l'originalité de cette instance qui est “ un conseil cultuel, et pas communautariste comme en Belgique et en Grande-Bretagne”.