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La résurrection politique
Publié dans La Gazette du Maroc le 06 - 05 - 2003

L'opposition chiite irakienne au devant de la scène
L'opposition chiite a mis en œuvre une stratégie politique qui lui a permis de devenir la première force politique dans l'Irak de l'après-Saddam. Son objectif, maintenant, est de prendre les commandes du futur gouvernement irakien.
Après la chute du régime politique de Saddam Hussein, les “religieux” ont réussi à prendre les devants de la scène politique. C'est le cas, notamment, de la composante chiite irakienne qui constitue désormais la première force politique dans le pays. En effet, la montée spectaculaire de l'opposition chiite a mis un terme à des années de marginalisation politique, sous l'emprise du régime baâsiste.
La forte mobilisation des adeptes de l'Imam Ali atteste de la naissance d'un acteur politique incontournable, avec lequel l'Administration américaine doit compter, si elle souhaite garantir la stabilité politique en Irak.
Quel est le secret de cette résurrection politique qui annonce les prémices d'un raz-de-marée chiite, capable de brouiller les calculs politiques de l'Administration américaine ? La réponse réside dans la stratégie politique mise en œuvre par
les Chiites d'Irak, avant même le déclenchement de la guerre. Cette stratégie se caractérise par un haut degré de pragmatisme qui touche différents champs d'action politique : militaire, informationnel et religieux.
Au-delà de la résistance de “Basra”
En 1991, après la victoire américaine, les Chiites avaient provoqué des émeutes dans le sud de l'Irak. Emeutes sévèrement réprimées par Saddam Hussein. Ce scénario ne s'est pas reproduit pendant la deuxième guerre du Golfe puisque la résistance militaire chiite avait embrouillé les plans militaires du Pentagone. Alors que l'Administration américaine comptait sur un soulèvement des Chiites, ces derniers avaient farouchement résisté à la machine de guerre américaine, notamment dans la ville de Basra, au sud de l'Irak. C'était la première surprise de guerre qui annonçait la résurgence d'une force politique intraitable, capable de tenir tête à la plus grande armée du monde. Pourtant, les Chiites n'étaient pas des supporters inconditionnels de Saddam. Au contraire, leur résistance militaire relevait principalement d'un patriotisme nationaliste à l'encontre de l'invasion américaine. Ce faisant, les Chiites de l'Irak avaient balisé le terrain pour un futur redéploiement sur la scène politique, avant même le renversement du régime baâsiste.
Le sacré pour chasser le profane…
Après l'effondrement du régime de Saddam, la société irakienne a été victime d'une “anarchie subversive” sans précédent. Résultat, l'Irak était devenu une proie facile à un “pillage dévastateur” qui avait semé le trouble parmi la population. A ce moment-là, tout le monde avait dénoncé la démission suspecte de l'armée américaine, qui préférait jouer le rôle de spectateur !
C'est là que la communauté musulmane avait décidé de prendre les choses en main. L'idée était de restaurer l'ordre social avec le recours aux prêches dissuasifs des religieux. En pratique, la communauté chiite avait pris deux mesures politiques des plus importantes : la première consistait à mettre sur pied une coalition tactique avec la communauté sunnite. Cette manœuvre était diligentée par les Imams des mosquées qui avaient réussi à contrecarrer l'anarchie. Pour la petite histoire, la coalition entre Chiites et Sunnites remonte à l'insurrection des Irakiens contre l'occupation britannique en 1920. La seconde était relative à l'organisation du pèlerinage chiite à la ville sacrée de Karbala. Cette occasion avait consacré le rôle des Chiites, comme étant les “unificateurs assagis” de la société contre le chaos et l'hérésie. La stratégie chiite avait emprunté les voies divines de la religion pour assoir une légitimité politique inestimable. Une formule magique qui réussit à tous les coups, surtout dans les moments de crise et de conflit.
Pour un leadership “chiite” ?
Afin de parachever sa stratégie politique, l'opposition chiite anti-américaine s'est tournée vers l'opinion publique. L'objectif étant de capitaliser un soutien populaire, susceptible de favoriser le leadership politique chiite. A cette fin, les leaders chiites se sont déployés sur deux fronts politiques : d'une part, ils ont procédé à une mobilisation générale de la communauté musulmane, aussi bien chiite que sunnite, afin de canaliser l'hostilité de la population à l'occupation américaine de l'Irak.
Et d'autre part, les dignitaires chiites avaient réussi à mettre sur pied un mouvement social de protestation qui n'hésite pas à dénoncer l'impérialisme américain. En pratique, la majorité chiite avait décidé de boycotter les réunions politiques, organisées sous la houlette des Américains. La dernière réunion, présidée par le général Garner, à Bagdad, le 28 avril dernier, a été marquée par des manifestations populaires très médiatisées. Les dizaines de milliers de manifestants appelaient les Américains à quitter le territoire irakien en scandant : “liberté, justice, indépendance”. Néanmoins, devant l'intransigeance américaine, l'opposition chiite commence à modérer sa position politique. Le fait d'amorcer des pourparlers avec les partis kurdes pro-américains témoigne de la volonté des Chiites de participer au futur gouvernement irakien.
L'Iran et l'effet “boule de neige”
Du côté américain, l'Administration Bush est réticente à former une alliance avec les Chiites. En effet, ceux-ci sont soutenus par le régime iranien qui fait partie de l' “axe du mal” selon le président américain. En fait, l'Administration américaine redoute l' “iranisation” de la société irakienne par “l'annexion” de l'Irak au régime de Khomeyni. Cette appréhension paraît d'autant plus fondée, si on prend en considération les ambitions des Chiites visant à diriger l'Irak sans l'interventionnisme américain.
En effet, le soutien politique, à peine dissimulé de l'Iran aux Chiites d'Irak a aiguisé l'appétit de ces derniers pour gouverner l'Irak. Forts de leur “filiation spirituelle” avec les maîtres de la révolution islamique, les Chiites d'Irak s'identifient au chiisme iranien qui rejette l'ingérence américaine dans les affaires politiques des Irakiens. A cet égard, Abdelaziz al Hakim, représentant de l'Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak, est catégorique : “nous rejetons le retour aux pratiques de l'impérialisme direct sous couvert de lutte pour la liberté et la démocratie” D'où l'importance du “référentiel idéologique” iranien dans la consolidation de l'opposition chiite d'Irak.
Cela étant, en pratique, tout porte à croire que la stratégie chiite est en train de donner ses fruits. Plus concrètement, l'Administration Bush commence à modérer sa position vis-à-vis des Chiites. D'abord, le Pentagone vient d'annuler son projet de militarisation de l'Irak. Ensuite, la fonction du général Garner est passée de gouverneur militaire à celle d'administrateur civil. Enfin, les responsables américains ne manquent pas de rappeler que les Etats-Unis n'ont pas le moindre projet impérialiste dans l'Irak de l'après-Saddam. De plus, l'Administration Bush est sur le point de lâcher Mohamed Jalabi, leader chiite proche du Pentagone et président du Congrès national irakien (CNI).
L'Irak entre le rêve et le cauchemar
En somme, il apparaît encore une fois que le religieux est instrumentalisé à des fins politiques. L'opposition chiite vient de nous donner un exemple des plus éloquents : après avoir combattu farouchement l'armée américaine et su maintenir l'ordre social parmi la population, les leaders chiites disposent désormais d'une crédibilité politique incontestable. Sans compter le fait qu'ils sont les plus représentatifs et les plus défavorisés au sein de la société irakienne. D'où le risque, de plus en plus fort, d'une “islamisation chiite” de l'Irak. Pour les plus radicaux des Chiites d'Irak, le rêve d'instaurer une théocratie en Mésopotamie est plus que jamais à l'ordre du jour. La création d'une organisation religieuse (Al-Foudalaâ), pour superviser le jeu politique, traduit le rêve des religieux de créer une république islamique irakienne. Un véritable “nightmare” politique pour l'Administration américaine !
Le rêve des dignitaires chiites est de mettre sur pied une république islamique irakienne. Un véritable cauchemar pour l'Administration américaine.
Le Chiisme en quelques mots
Chiites : nom donné aux “partisans” d'Ali. Les Chiites sont présents en Iran (93% de la population), en Irak (près de 65%), à Oman et Bahreïn (plus de 50%). Ils sont également présents au Koweït, au Liban, en Afghanistan et au Pakistan.
Ali : premier imam du Chiisme et quatrième Calife de l'Islam. Son sanctuaire se trouve à Nadjaf, en Irak.
Hussein : fils d'Ali, c'est le troisième imam des Chiites et leur préféré. Son martyre à Karbala – où il est décapité par les troupes Omeyyades conduites par le Calife Yazid – est la pierre fondatrice de l'Islam chiite.
Achoura : 10ème jour du mois musulman de Moharrem. Le jour du deuil chiite qui commémore la mort de Hussein.
Arbain : 40e jour de deuil qui clôt les cérémonies de célébration de la mort de Hussein.
Ayatollah : “signe de Dieu”. Titre attribué aux plus hauts dignitaires chiites.
Ayatollah Ozma : grand Ayatollah.
Imam : titre donné chez les Chiites aux douze successeurs du prophète Mohammed. Les onze premiers ont péri de mort violente. Le douzième, le Mahdi, a disparu alors qu'il était encore enfant. En attendant son retour, la Howza (l'ensemble des centres d'enseignements théologiques) a la mission d'administrer la communauté des croyants.
Hodjatolislam : rang intermédiaire dans le clergé chiite.
Marja : “source d'imitation”. Le plus haut degré de référence atteint par un ayatollah. Les fidèles ont alors l'obligation d'imiter ses comportements et de suivre ses préceptes. En Iran, le guide de la république islamique, Ali Khamenai, s'est proclamé Marja mais n'a toujours pas été reconnu par la plupart des hauts prélats.


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