Marché de change marocain Les entreprises marocaines se couvrent de plus en plus contre le risque de change. Quelques années après la première opération autorisée, l'encours mensuel de couverture s'approche allègrement de 8 milliards des DH. La réforme n'est pourtant pas à son terme. Mais pour le moment, les transactions purement financières ne sont pas encore autorisées. Loin d'avoir la taille des grands marchés financiers, la place marocaine essaye de faire avec les moyens dont elle dispose. Malgré des possibilités rudimentaires, les entreprises ont de plus en plus recours à la couverture contre le risque de change. En effet, d'après le rapport de Bank Al Maghrib, "l'encours mensuel moyen des contrats de couverture de change à terme est passé de 7,1 milliards à 7,9 milliards de dirhams". Cette progression est le signe d'une prise de conscience des entreprises qui ne veulent plus se soucier des fluctuations des principales devises de facturation que sont l'euro, pour une bonne part, et le dollar. de l'euro et méfiance Essentiellement, ce sont les opérations d'importations qui font l'objet d'une couverture avec un encours de 6,5 milliards de DH, sur un total de 7,9 milliards. Les exportations ont fait l'objet, quant à elles, d'une couverture atteignant jusqu'à 1,4 milliard de DH. On trouve plusieurs explications au fait que les entreprises soient plus tentées par la couverture des opérations d'importations. D'une part, il y a lieu de remarquer que les fluctuations des devises paraissent logiquement moins supportables quand il faut décaisser que quand il faut encaisser. D'autre part, la tendance haussière de l'euro a créé un climat d'incertitude que les entreprises ont préféré ne pas subir de plain-pied. Il s'agit d'une augmentation de ce que les spécialistes appellent la volatilité du dirham face aux principales devises.Il y a également lieu de remarquer que les efforts de l'Institut d'émission en matière de réglementation ont également élargi le champ des possibilités. Dès mars 2002, la possibilité a été donnée aux banques d'offrir des produits de couverture sur des opérations allant jusqu'à une année, alors qu'auparavant le délai n'était que de 3 mois au maximum. En outre, il est aisé de s'apercevoir que les banques n'ont pas lésiné sur les moyens pour vulgariser les rares produits de couverture contre le risque de change qu'elles mettent à la disposition de leur clientèle. Désormais, chacune des banques présentes au Maroc offre des produits correspondant aux besoins de la clientèle. Certes, on en est plus aux séminaires de formation sur le thème du risque de change qui étaient monnaie courante un peu avant la fin des années 1990. Mais elles ont su convaincre le plus d'entreprises possible. Cependant, pour l'heure, les opérations de couverture sont limitées à quelques rares catégories de produits, dont essentiellement l'achat et la vente de devises à terme. Ailleurs dans les grandes places financières, des produits comme les options et les futures en devises sont des produits qui ont déjà fait leur preuve.L'année dernière, lors de la réunion du Conseil national de la monnaie et de l'épargne, l'ancien gouverneur de Bank Al Maghrib s'est prononcé favorablement pour ce type de produits. Mais pour le moment, on s'en tient à l'état actuel d'une réglementation qui a tout de même connu plusieurs changements majeurs, notamment au cours de l'année 2002. Une ouverture à petits pas En effet, l'ouverture de l'économie nationale s'est poursuivie avec de nombreuses mesures de libéralisation du marché de change. L'extension de l'échéance maximum des opérations de couverture contre le risque de change n'a pas été le seul changement. Les banques se sont réjouies de pouvoir réaliser des placements en devises à l'étranger. Alors que précédemment ce type d'opérations ne pouvait se faire qu'entre banques et avec Bank Al Maghrib. Dans le même ordre d'idées, les banques ont obtenu la possibilité d'octroyer des prêts à des non résidents, à condition que les sommes soient destinées à l'acquisition de biens immobiliers, avec un apport d'au moins 30% en devises. Toujours dans le chapitre des allègements, il conviendra de citer la révision à la hausse du plafond de la dotation touristique qui est passée de 10.000 à 15.000 DH. Les banques se sont vu déléguer le pouvoir de délivrer elles-mêmes ces dotations en devises au profit du personnel du secteur public effectuant des missions ou des stages à l'étranger. La tendance à l'allègement de l'encadrement de la législation du change se poursuit. Cependant, il demeure que les autorités financières restent très prudentes. Et, pour le moment, il n'est pas question de céder à une quelconque euphorie en permettant par exemple l'utilisation des instruments financiers à des buts spéculatifs.