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4738 enfants marocains à la dérive
Publié dans La Gazette du Maroc le 15 - 12 - 2003


Immigration clandestine
Officiellement, ils sont près de 4738 Marocains mineurs retenus dans des refuges en Espagne. Certains ont tenté la traversée du Détroit avant l'âge de huit ans. Les autres, ceux qui ont réussi à se fondre dans la société espagnole, sont confrontés à de sombres destinées. Ils sont aujourd'hui exploités sexuellement ou vendus à des trafiquants d'organes humains. Dans le meilleur des cas, ils sont utilisés à vil prix dans les manufactures des capitales industrielles et subissent les pires humiliations. Le Maroc et l'Espagne signeront fin décembre ou début janvier un accord sur le rapatriement des enfants marocains entrés clandestinement en Europe.
Cela n'a que trop duré. Chaque année, depuis une décennie, des centaines de mineurs marocains entrent clandestinement en Espagne et parfois réussissent à passer vers un autre pays de l'Union européenne. Ces enfants, âgés parfois de huit ou dix ans, risquent leur vie et sont confrontés à la pauvreté, à l'exploitation, à la discrimination sociale et à une vie dangereuse dans des villes sans attache.
Il y aurait officiellement en Espagne un peu moins de 5.000 enfants non accompagnés recensés et accueillis dans des centres d'hébergement provisoire. Mais sur tout le territoire espagnol, des centaines d'autres mineurs marocains font partie de projets éducatifs dans des services sociaux et ne peuvent, selon José Chamizo du Gouvernement andalou, “être rapatriés à moins que leurs parents ne les réclament officiellement auprès de Madrid”. Dans la réalité, le nombre exact des mineurs marocains qui ont réussi la traversée et qui se sont évanouis dans la nature est bien plus élevé, plus dramatique qu'on ne le suppose et il y a tout lieu de s'inquiéter du sort qui leur est réservé.
Des mesures draconiennes jusqu'en 2003
En 2002, pas moins de 2.200 enfants, dont l'âge était compris entre 13 et 15 ans, ont transité par les refuges de l'Andalousie. En termes de statistiques, l'Andalousie accueille le plus grand nombre de mineurs marocains “arrêtés” et “placés” dans les centres d'accueil, soit près de 400 enfants. Ce sont les îles Canaries qui la suivent avec un nombre légèrement inférieur. Ensuite, sur la liste, viennent les enclaves de Ceuta et Melilia avec près de 200 enfants chacune, suivies de la ville de Madrid. Mais les enfants retrouvés dans les rues des grandes villes sont le plus souvent reconduits vers l'Andalousie ou vers Ceuta et Melilia. Dans toutes les autres régions de la péninsule, les centres d'accueil ont été ouverts pour accueillir les mineurs arrivés clandestinement sur le continent.
Selon les conseillers éducatifs joints par téléphone à Cadiz, “ces mineurs ne veulent jamais donner leur identité ni l'adresse de leur famille au Maroc. Ils affirment tous être des orphelins et ne pas connaître leurs géniteurs ”.
Lorsque la police espagnole localise un enfant étranger dans la rue, elle le présente devant le tribunal pour mineurs qui ouvre une enquête pour déterminer si l'enfant est sans accompagnateur et s'il est possible de lui appliquer la loi sur l'abandon des enfants. Les petits clandestins seront alors pris en charge par le service de protection des mineurs espagnol qui leur délivre un permis de résidence temporaire valable jusqu'à l'accomplissement de leurs dix-huit ans. Mais l'Espagne s'est souvent comportée différemment avec les mineurs clandestins. A preuve, Madrid a réussi à expulser régulièrement vers le Maroc des centaines d'enfants en les faisant transiter par l'Andalousie, puis Ceuta ou Melilia qui représentent le dernier stade de leur voyage avant leur rapatriement. Ainsi selon des données apportées par des ONG espagnoles, les autorités ont procédé rien qu'à Melilia, entre juillet 2001 et février 2002, soit huit mois sur la longue décennie de l'immigration clandestine, à pas moins de 70 vagues de rapatriement de mineurs marocains. Presque une moyenne de deux opérations d'expulsion d'enfants par semaine… Bien que les autorités espagnoles aient appelé ces expulsions des “mesures de réintégration familiale”, il s'avère que ces enfants ont le plus souvent été relâchés dans la nature, côté marocain, et non pas remis aux autorités ou à leurs familles, ce qui constitue une flagrante violation de la législation espagnole. La Conseillère du Bien-être social de Melilia avait reconnu, en janvier 2002, que 72,2 % des rapatriements et réintégrations familiales avaient échoué à Melilia.
Victimes des grandes mafias
Par ailleurs, durant toutes ces années, Madrid a eu une interprétation malicieuse de l'article 172 du Code civil espagnol, lorsque l'instruction évoquait le “chômage” pour les cas des enfants de seize et dix-sept ans en considérant que ces derniers bénéficiaient déjà à cet âge dans leurs pays d'origine d'une vie “indépendante”. Ce qui permettait à bon nombre de mineurs, qui n'avaient souvent pas atteint l'âge de seize ans mais que l'enquête de reconnaissance de l'age des clandestins déterminait comme tels, de ne pas profiter des lois de protection des enfants et d'être expulsés de facto du territoire espagnol.
L'immigration des mineurs alimente les réseaux des mafias européennes et constitue une véritable manne pour l'endoctrinement et l'exploitation des jeunes Marocains. Si, dans le meilleur des scénarios, ces enfants finissent exploités pour un travail au noir par des employeurs sans scrupule, dans les usines, les maisons particulières ou les centres agricoles, beaucoup d'entre eux tombent entre les mains d'organisations criminelles. Selon José Chamizo, le vrai problème de l'immigration des mineurs réside dans les nombreux cas d'enfants restés à ce jour clandestins “dans les rues et sont victimes de la prostitution et de la drogue”.
Convoités par les pédérastes et les mafias européennes, ils finissent dans des réseaux de prostitution masculine à Madrid, Barcelone ou une autre ville européenne. Ils deviennent aussi les victimes silencieuses des films pornographiques qui circulent sous le manteau dans les grandes capitales du monde, des objets sexuels dont on abuse et qu'on bat à l'écran.
Plus inquiétant, le rapport officiel de l'UNICEF déclare en 2003 que “les enfants sont utilisés comme marchandise humaine pour les transplantations d'organes par des réseaux de trafiquants implantés également en Espagne, et dans d'autres pays de l'Europe de l'Est, de l'Amérique Latine, aux Etats-Unis, en France et en Allemagne”. Il y a quelques années, même son de cloche, la justice brésilienne avait parlé à l'occasion d'un démantèlement d'un réseau international de vendeurs d'organes, “de ramifications en Equateur, au Pérou, en Espagne, au Maroc, en Suède et en Israël”. Selon toute vraisemblance, les enfants sont assassinés avant d'être démembrés pour la conservation de leurs organes dans des banques d'organes.
Un dossier prioritaire
Pendant la réunion de Marrakech des 8 et 9 décembre courant, l'une des priorités des deux délégations fut de trouver une solution définitive à l'immigration clandestine des enfants. La commission menée par José Maria Aznar avait prévu de revenir à Madrid avec un accord de base et le ministre de l'Intérieur Angel Acebes avait déclaré, avant son arrivée dans le royaume, que tout était prêt et que le dossier était en bonne voie.
Si l'accord est “scellé”, le mémorandum, en cours d'étude technique, sera signé par les deux parties fin décembre ou début janvier 2004, à l'occasion de la prochaine réunion mixte qui se tiendra à Madrid. Cette rencontre permettra de définir les différentes stratégies qui seront mises en place par le Maroc et par l'Espagne.
Selon des sources concordantes, l'accord qui sera bientôt signé prévoit l'expulsion des Marocains de moins de dix-huit ans du territoire espagnol et leur réinsertion dans leurs familles au Maroc, lorsque celles-ci existent ou sont localisables. Dans le cas contraire, les enfants seront placés sous la tutelle des services sociaux marocains. Et dans ce sens, il semblerait que des décisions importantes aient déjà été prises par les autorités marocaines, à savoir la création de deux centres pour mineurs à Tétouan et à Nador.
A leur retour au pays natal, la grande tâche pour le Royaume sera donc d'ouvrir des enquêtes pour retrouver les parents ou les tuteurs légaux des enfants, de les réinsérer et de les convaincre à rester au pays.


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