Bendidi dans le groupe ONA Un coup dur vient d'être porté au groupe Finances.com. Othman Benjelloun a certes démontré ses talents de chasseurs de tête, mais il aura du mal à se remettre de ce départ de Saad Bendidi. Ce dernier ne pouvant être amnésique utilisera au sein du groupe ONA sa connaissance de la BMCE Bank, de RMA Watanya, mais aussi de Méditelecom. De la BMCE Bank à l'ONA, Saad Bendidi quitte un leader pour le Leader et passe d'un concurrent à un autre. Mercredi 22 décembre 2004, Saad Bendidi reçoit un coup fil l'informant qu'il devrait être reçu au Palais de Marrakech. Par qui ? on devine que ce sera probablement par sa majesté. Pour quoi ? Pour ce que tout le monde sait déjà aujourd'hui : être nommé Président directeur général de l'ONA. Mais ni Saad Bendidi, ni celui qui l'avait informé qu'il serait reçu, ne savaient qu'il serait nommé président du premier groupe privé du Royaume, ONA pour ne pas le nommé. Vient-on de couper l'herbe sous les pieds d'Othman Benjelloun. Les observateurs ne se privent pas commentaires et certains estiment qu'un sérieux coup vient d'être porté au groupe Finances.com. Ce dernier demeure cependant un vivre inépuisable de compétences, grâce notamment aux qualités de chasseurs de tête d'Othman Benjelloun. “Le paysage économique vient de connaître un changement de taille avec cette nouvelle nomination”, explique cet analyste. Il n'a pas tord de s'avancer sur un terrain pourtant on ne peut plus glissant. Car Saad Bendidi vient de quitter la vice-présidence du groupe Finances.com, un poste d'administrateur à la BMCE, de PDG du numéro un Marocain de l'assurance pour devenir PDG du groupe directement concurrent sur bien des métiers de Finances.com. La lecture est donc vite faite. C'est comme si le PDG de Pepsi était débauché par Coca. Car, faut-il le rappeler, le groupe ONA et Finances.com s'opposent sur bien des points. Ils étaient même à couteau tirer, sur le plan de la concurrence s'entend, concernant la recherche permanente de la place de numéro un. On l'a vu dans le secteur bancaire, mais aussi dans celui des assurances. En effet, la BMCE Bank détenu majoritairement par Finances.com et la BCM, contrôlée par l'ONA grâce à un pactes d'actionnaires, ont pendant de longues années revendiqué chacune en ce qui la concerne la place de leader du secteur. La BMCE a failli voler la vedette à la BCM grâce à un partenariat avec le groupe CIC. Mais les autorités financières, Bank Al Maghrib et ministère des finances, se sont opposées au projet. Ce dernier était pourtant flanqué d'un bon projet industriel. Mais l'argument des autorités financières était que le groupe français avec 20% du capital voulait prendre le contrôle d'une des plus grandes institutions bancaires du pays. Le risque de transférer le centre de décision de la finance marocaine vers un pays étranger, fusse-t-elle la France, n'était pas concevable à leurs yeux. Quoi qu'il en soit, le projet sera remplacé plus tard par un autre partenariat, bien moins ambitieux qui n'en n'était pas moins prometteur. Il s'agit de l'entrée dans le capital du groupe Français Caisse d'épargne. Quelques mois seulement, après le capotage du partenariat avec la BMCE Bank et CIC, l'ONA contre-attaque. L'acquisition du groupe Wafabank-Wafa Assurance par la BCM est annoncée. Le premier groupe bancaire et financier est né et s'appellera plus tard Attijariwafa Bank. A tout point de vue, il est le leader, surplombant même le Crédit populaire du Maroc que l'on préférait classer dans le public pour se disputer la première place du privé. Mais, Othman Benjelloun dont le groupe est justement dirigé par Saad Bendidi n'avait pas dit son dernier mot. Avec RMA et Al Watanyia dans son portefeuille d'actif, il est sûr de remporter la bataille du secteur des assurances. La fusion qui vient d'être concrétisée entre ces deux compagnies, donnant naissance à RMA Watanya, confère désormais au groupe Benjelloun la première place dans l'assurance. Inutile de deviner qui est à la tête du numéro 1 marocain de l'assurance. C'est sans surprise que Saad Bendidi est nommé à la tête du nouveau leader du secteur, alors qu'il était depuis 2001 PDG d'Al Wataniya. L'Ona dans les télécoms ? Mais si Saad Bendidi a été nommé à la tête de l'ONA ce n'est sûrement pas pour le passé concurrentiel entre les deux plus grands groupes privés du royaume. C'est surtout pour le futur. Le futur c'est celui de la banque et l'assurance bien entendu, mais c'est aussi celui d'un secteur insoupçonné des télécommunications. Saad Bendidi a jusqu'ici été le président-directeur général de Méditélécom, dont le groupe Finances.com est l'un des principaux actionnaires. Il en connaît parfaitement les rouages. Il a une excellente maîtrise du marché, mais aussi et surtout une bonne connaissance de Méditélécom. Donc, l'avenir du secteur réserve sans doute des surprises avec cette nouvelle nomination. Peut-on aujourd'hui dire que l'ONA ne s'intéressera pas à la seconde licence de téléphonie fixe, à la troisième licence de mobile ? L'ONA n'est-il pas appeler à prendre une place confortable dans le tour de table de Maroc Télécom ? Il faut être un mauvais stratège pour penser le contraire. C'est dire que l'arrivée de Saad Bendidi peut donc servir à l'ONA dans une éventuelle stratégie vers les télécommunications. Certes, il vient de procéder à la cession de l'unique petite entité qui lui restait dans la communication qu'est la régie publicitaire Régie 3. L'acquéreur n'est d'ailleurs personne d'autres que Radio méditerranée internationale, dans laquelle Finances.com détient des participations. Il est clair qu'aujourd'hui, le départ de Saad bendidi sera fortement ressenti par le groupe Finances.com. Ce n'est pas tant parce que l'homme est indispensable, mais qu'il va vers un concurrent sur deux secteurs-clés du groupe, en l'occurrence la banque et l'assurance. De plus demain, les télécoms pourraient s'ajouter au lot. Or, de toute évidence Bendidi ne pourra jamais effacer de sa mémoire ce qu'il sait de la BMCE Bank, de RMA Watanya, de Méditelecom dont il est jusqu'ici le président. Sa connaissance des rouages de Finances.com ne manquera pas de servir à l'ONA. Et force est de constater que ce n'est pas un coup d'essai vis-à-vis du groupe Benjelloun. En effet, à la tête du groupe Siger qui est le principal actionnaire du groupe ONA-SNI, il y a Hassan Bouhama, qui était l'un des principaux dirigeants de la BMCE Bank. C'est à se demander vers quoi s'achemine-t-on ? Saâd Bendidi Homme à tout faire à la tête de l'ONA Le nouveau PDG de l'ONA était jusqu'ici le principal stratège du groupe Fiances.com. Il n'est à présenter ni aux assureurs, ni aux banquiers, ni aux professionnels des télécom. Car faut-il le rappeler, Saâd Bendidi est depuis mai 1999 le président de Méditelecom. C'est sans aucune surprise que Saâd Bendidi fut nommé à la tête du désormais leader du secteur de l'assurance au Maroc, RMA Watanya. Le fait qu'il ait été choisi pour finaliser la fusion entre RMA et Al Wataniya ne relevait pas du hasard. Cet homme courtois est présenté par ses collaborateurs comme un bourreau du travail. Mais son parcours lui a-t-il donné le choix ? Chacune des entreprises qu'il a eu à diriger demande un investissement personnel. Ce manager qui est également vice-président de Finances.com, le groupe d'Othman Benjelloun dont l'entreprise phare est la BMCE Bank. Sa carrière est l'une des plus remplies. Il était passé maître dans le cumul de fonctions au sein du groupe de Othman Benjelloun, étant partout à la fois. Il reste que sa nomination en 2001 à Al Wataniya, avant la fusion avec RMA marque un tournant dans sa carrière. C'est plus une consécration qu'une simple nomination. C'est en 1983 que tout commence pour un jeune homme qui vient d'avoir ses 25 ans. Il sort de l'Ecole centrale de Paris en tant qu'ingénieur des arts et manufactures. Ce n'est pas pour commencer de suite dans le monde du travail. Saâd Bendidi ira chercher le diplôme de l'Ecole des hautes études commerciales et celui de l'Institut des études politiques de Paris. Repéré par Wafabank, il est vite nommé directeur du département stratégie et planification. Inutile alors d'expliquer pourquoi il est devenu un fin stratège. En 1987, il quitte ses fonctions au sein de la Wafabank pour rejoindre Booz Allen & Hamilton, puis se tourne vers un groupe familial dans le textile habillement où il reste jusqu'à mai 1992. Saâd Bendidi revient à ses belles amours qu'est le monde de la finance. Cette fois, ce n'est pas la banque qu'il choisit, mais une société de capital-risque, en l'occurrence Moussahama. Il est alors directeur général jusqu'en 1997. C'est alors qu'il entre au sein de la BMCE, juste après la privatisation de cette dernière. Il est alors directeur délégué auprès du président d'août 1997 à septembre 2000. Quand le groupe Benjelloun prend des participations dans le consortium qui remporte la seconde licence de téléphonie mobile, c'est lui l'homme de confiance qui est désigné pour assumer la présidence de l'opérateur.