Après une longue éclipse, ils reviennent ! Eux, ce sont nos parlementaires, ces braves élus auxquels on est censé avoir accordé notre confiance, et par le même mouvement, le devoir de nous rassurer. Alors, ils nous rassurent. Sur leur génie, sur leur don de surprendre, et surtout de leur fidélité. Car, côté génie, ils sont les seuls, sur la planète des parlements à revenir sur la scène par le seul acte de… manquer à l'appel ! Dernier «numéro» en date, le vote de la loi de Finances : ils étaient moins d'une centaine à prendre la peine d'assister à la séance de vote. L'écrasante majorité des députés n'en avaient cure. Et pour cause : les absents, la majorité en somme, croient savoir que la politique se fait mieux par «école buissonnière». C'est en fait un cas d'école ! On en arrive donc à cette exceptionnelle et magique faculté qu'ont les députés (les nôtres, bien évidemment) de nous surprendre : sous quel ciel, en effet, trouve-t-on des députés qui, sans daigner prendre siège au parlement, réussissent à faire une «démocratie représentative» ? Aucun. Surtout : un déni de démocratie et de légitimité, aussi flagrant que l'absentéisme en masse des parlementaires, n'inquiète personne apparemment ! De toute manière, dans un pays où le mort faisait l'électeur, le député peut faire le mort. Question d'humeur et de syntaxe, certes. Mais, de compromis et d'entente surtout. Car la démocratie n'est que la ménagère dont le seul but est de rendre brillant un député par la seule absence, et de faire en sorte qu'il serait toujours indispensable de fuir l'hémicycle pour faire dans la tendance. Troisième qualité, tout autant sidérante qu'émerveillante, est celle de rester fidèle. Oui, nos députés nous en rassurent : ils ne changent rien à leurs habitudes et rien, même pas le verdict des urnes qui approche, ne saurait les ébranler. Un fidèle, est toujours inébranlable, non ? C'est parce que l'éthique de la démocratie représentative (et réciproquement) repose sur “la permanence de l'objet élu”, ce dernier persiste et… dure. Autre preuve de la fidélité, quoi ! Moralité : un député qui ne brille pas par son absence, ne brillera jamais. Pis encore : il risque de paraître suspect. C'est presque une fatalité, et partant, il est toujours utile de s'inscrire en porte-à-faux à chaque fois qu'on parle de la présence des élus comme préalable de toute démocratie. Ici, dans notre pays, sous prétexte que notre démocratie ne peut souffrir de critiques virulentes, on l'achève ! Bien, d'ailleurs. A tel point, qu'on “tourne” avec le minimum possible. C'est le cas d'ailleurs des électeurs. A chaque échéance, leur nombre diminue. Un jour peut-être, on doit réfléchir à mettre en place une “démocrabsence représentative”. Aux élus absents, un électorat qui va à la mer le jour des élections !