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Cheikha Rimitti, l'essence du Raï
Publié dans La Gazette du Maroc le 19 - 12 - 2005


la doyenne du raï sort un nouvel album
La grande diva du Raï sort un nouvel Album Nta Goudami, un mélange subtil de blues et de folk sur fond de nostalgie. Jouissif.
Eternelle rebelle, femme au verbe souvent indigné et aux attitudes provocantes, Cheikha Rimitti est une légende, un monument. Et, si son visage est marqué par les effets du temps conjugués à une vie d'alcool et d'amours (son pseudonyme signifie "remettez-moi ça"), son énergie demeure intacte. Personnage haut en couleurs et au caractère entier, elle est une sorte d'Elvis Presley du Raï. Mais un Elvis qui ne vieillirait pas et resterait à jamais politiquement incorrect. Cheikha Remitti est l'essence même du raï. Elle symbolise tout autant la liberté que son peuple a tant de mal à acquérir que la fierté qui maintient celui-ci debout. Elle a toujours refusé de se plier aux principes rétrogrades, aux conformismes aliénants, ainsi qu'aux règles du show-bizz. C'est pourquoi "Nouar", fleur en arabe, dégage ce parfum d'énergie pure et sans compromis que l'on a plus l'habitude de trouver dans le premier CD d'un adolescent génial que dans celui d'une mamie qui a démarré sa carrière à l'époque du 78 tours. Cet album, au dynamisme proprement stupéfiant, ne profitera sans doute pas d'une couverture médiatique digne de son importance, mais espérons que l'intérêt actuel pour les musiques du Maghreb rendra à Cheikha Remitti ce qui lui appartient. La première place !
Chanteuse des levers de soleil embrumés par les fumées de cabaret et les nuits sans fins, septuagénaire noctambule, Cheikha Rimitti est une vieille dame indigne resplendissante. Figure mythique du Raï et personnalité hors du commun, son histoire se confond avec celle de l'Algérie. Femme faite de fulgurances et de bouibouis infâmes, de moments de gloire et de corps déchus, les anecdotes les plus incroyables circulent à son propos.
Née à Tessala (village situé près de Sidi Bel-Abbès, dans l'Ouest algérien) le 8 mai 1923, la petite fille prénommée Saïda se retrouve très vite orpheline. De Rimitti, on ne connaît que le vrai prénom car la chanteuse a toujours soigneusement caché son nom officiel afin d'épargner sa famille ; c'est pour cette raison qu'aujourd'hui encore, elle refuse qu'on la filme : elle prétend craindre que sa famille la reconnaisse....
A 20 ans, elle s'installe à Rélizane, un grand centre colonial où la vie est rude. La pauvreté, les épidémies et la famine sévissent. "On grillait le grain de blé pour remplacer le café, que l'on buvait avec du sirop. C'était l'époque où l'on s'habillait de matelas et où l'approvisionnement s'effectuait avec des bons" raconte-t-elle dans un entretien donné à Bouziane Daoudi, journaliste du quotidien français Libération. "Quand la sirène sonnait, on fuyait dans les vignes et on se cachait dans les trous", poursuit-elle. C'était en 1943 et l'Algérie (alors colonie française) était devenue le refuge de la France libre, l'un des quartiers généraux des militaires qui refusaient la capitulation. La jeune Saïda, qui dort dans les rues, dans le hammam et mange quand elle le peut, se met à suivre une troupe de musiciens ambulants. D'ailleurs en nulle part, elle rencontre le célèbre musicien Cheick Mohamed Ould Ennems, avec qui elle se met en ménage alors qu'il est père de dix enfants. Il lui fait connaître le milieu artistique algérois et la fait enregistrer à Radio Alger. C'est à cette époque qu'elle gagne son surnom. L'histoire raconte qu'un jour de pluie où elle entrait dans une cantine pour boire un café, les clients l'ont reconnue et acclamée avec ferveur. Pour les remercier, elle veut leur offrir une tournée mais ne parlant que quelques mots de français, elle ordonne à la serveuse "Remettez, madame, remettez". Le public la baptise aussitôt "la chanteuse Remitti". En 1952, elle enregistre son premier disque chez Pathé et sort "Charrak Gatta", son premier succès, en 1954. Une chanson auréolée de soufre puisque certains y voient une attaque contre le tabou de la virginité. Féministe sans le vouloir, Cheikha Rimitti chante les femmes, l'amour et les corps emmêlés, l'alcool, l'oubli, la nuit. Auteur inspirée, elle chante aussi... le téléphone et le TGV. A la fin des années 70, elle pique un coup de sang lorsqu'elle apprend que des chanteuses reprennent son répertoire en France. L'une d'elles se fait même appeler Cheikha Rimitti "sghira" (la petite) ! En 1978, elle débarque à Paris et écume les hauts lieux de la chanson maghrébine populaire (dont le célèbre "Bedjaïa Club", un café situé près de la station Stalingrad, en plein cœur du 18ème arrondissement). Interdite de spectacle en Algérie au plus fort des évènements, elle trouve en France un nouveau public.
Les nouvelles générations la découvrent. Elle enregistre même un disque de pop-raï sous la houlette de Robert Fripp, l'élégant rocker expérimental.
Et en février 1994, elle donne un concert mémorable au très prestigieux Institut du Monde Arabe, à Paris. Belle reconnaissance pour celle qui aime à dire C'est le malheur qui m'a instruit. Les chansons me trottent dans la tête et moi je les retiens de mémoire. Pas besoin de papier et de stylo".
En 2000 l'album Nouar et les nombreux concerts qui le suivent la font découvrir à un large public héberlué devant la flamme infatigable de cette chanteuse comparble à si peu d'autres. Elle refuse les interviews, les photos et les films mais peut rester sur scène des heures durant. Il revient souvent aux organisateurs d'arrêter ses concerts qui durent parfois le double du temps prévu et entraînent le public au bord de la transe. Sa réputation déborde largement du milieu communautaire.
De la vieille Europe aux Etats-Unis ses fans se font de plus en plus nombreux. C'est une star mais une star que l'on peut aussi bien entendre sur de prestiguieuses scènes internationales que dans de petits cafés parisiens devant une dizaine d'heureux élus. En 2005 le label Because, lui fait enregistrer "N'ta Goudami" un album où elle s'essaye au new raï façon oranaise, vocodeur et boîte à rythmes en avant et à des excursions gnawas, sans jamais perdre son âme ni son fabuleux feeling. Et si cette reconnaissance lui met du baume au cœur, elle qui a été tant pillée par les chebs de tous poils, finalement la seule chose qui lui importe c'est cette lueur malicieuse et provocante, cette étincelle d'éternelle jeunesse qui pétille dans ses yeux.


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