Emploi et balance des paiements Il est de notoriété publique que l'apport des multinationales en termes de création d'emploi et d'amélioration des exportations, est des plus importants. Ceci est d'autant vrai quand l'investissement est capitalistique. Les cas de Settavex, dans l'amont du textile, et de ST-Microelectronics, dans les composants électroniques, sont édifiants. Alors que l'amont du textile est le parent pauvre des investissements nationaux, du fait que le Maroc n'a pas complètement bénéficié du phénomène de la délocalisation, la Tavex a pris le pari de s'implanter à Settat dès le début des années 1990. Elle est également l'une des rares entreprises de l'amont du secteur du textile à développer un programme ambitieux d'investissement depuis 2004. En effet, l'amont du secteur est très capitalistique contrairement à la confection qui, elle, est surtout à forte intensité de main-d'œuvre. Ainsi, les emplois créés portent en partie sur un encadrement de haut niveau. De même, la technologie utilisée est assez pointue. Pourtant, tous les observateurs estiment que seuls de tels investissements sont en mesure de sauver l'amont du secteur et surtout conserver les acquis en matière d'emplois et d'exportations. Un statut qui fait défaut "Aujourd'hui, la confection marocaine a encore un grand potentiel même devant la déferlante chinoise", explique Badr Kanouni, directeur général de la Settavex, filiale de l'espagnol Tavex. En effet, le Maroc perd tout le marché programmable sur une des durées plus ou moins longues. Il reste que la Chine, située à plusieurs milliers de kilomètres de l'Europe, ne saurait être réactive plus que le Maroc, qui, par transport routier, n'est qu'à une journée ou deux des grandes villes espagnoles, françaises ou italiennes. Cependant, on ne peut réellement exploiter ce potentiel qu'en renforçant l'intégration de la filière du textile avec notamment l'installation de grandes entreprises pour la production de tissus. Il ne fait aucun doute que si l'Etat donnait à de telles entreprises un statut d'exportateur indirect, l'amont du secteur aurait plus d'attrait. En effet, la Settavex ne bénéficie pas pour autant du statut d'exportateur indirect qui lui est réservé à partir de 2006 aux plates-formes industrielles d'exportation. "Cependant, les professionnels regroupés au sein de l'AMITH ne baissent pas les bras pour convaincre l'Etat du bien fondé d'une telle requête", explique Badr Kanouni. Cela n'empêche que l'entreprise réalise de bonnes performances. En effet, en 2004, le chiffre d'affaires annuel a été de 696 millions de dirhams réalisés, en bonne partie, avec des entreprises marocaines exportatrices ou directement vendues à l'étranger. Ainsi 55% de la production vendue à des entreprises locales, seront transformés localement avant d'être exportés. Alors que seuls 10% à 15% restent au Maroc et le reliquat de la production est destiné à une clientèle étrangère. C'est dire que l'entreprise contribue à la fois de manière directement et indirectement à l'amélioration de la balance commerciale. En effet, elle réduit les importations de tissu grâce aux ventes locales et fait progresser les exportations. De son côté, ST Microelectronics affiche également un excellent bilan, tant en matière d'investissements, de création d'emplois mais aussi d'exportations. En effet, un domaine aussi capitalistique que celui de l'électronique demande des investissements colossaux. Durant les dix dernières années, ST a investi jusqu'à 550 millions de dollars; soit environ 5,5 milliards de DH pour l'ensemble de ses activités. Il s'agit d'une moyenne de 550 millions de dirhams par an; prouesse qu'aucune autre entreprise nationale ou étrangère n'a réalisée. Bien entendu, une telle performance ne peut qu'avoir un impact certain sur la création de valeur. Ainsi, chaque année ST crée jusqu'à un milliard de DH de valeur ajoutée. De celle-ci, le Maroc profite surtout en matière d'emplois. En effet, ST est sans doute l'un des plus gros employeurs industriels que compte le pays. Le groupe emploie désormais 4.000 personnes avec un taux d'encadrement de 8%; soit 320 collaborateurs, constitués surtout d'ingénieurs hautement qualifiés. De même, le personnel de ST comprend 1100 techniciens et 2800 opératrices. Quoi qu'il en soit, plus de 65% du personnel ont un niveau supérieur ou égal à un Bac+2. C'est dire que STMicroelectronics rend très largement en retour au Maroc les facilités dont il a bénéficié dans le cadre de sa convention d'investissement. Il faut rappeler que cette convention d'investissement établie avec l'Etat a également offert une exonération de l'impôt sur le revenu d'une durée de 5 ans à partir de l'installation. Par ailleurs, l'absence de TVA pour les investissements ainsi que les matières premières et les services allègent considérablement la trésorerie de ST. De même, concernant les mesures douanières, il faut signaler que la mise en place des entrepôts industriels francs permettant le dédouanement à l'intérieur de l'usine a été tout aussi déterminante. De même, l'exemption des droits de douane sur les immobilisations et les matières premières ont été d'un grand apport. "Par ailleurs, la stabilité politique dont jouit le Maroc, et la fluidité des relations entretenues avec les autorités gouvernementales ainsi que les conseillers du roi ne pouvaient renforcer ST dans sa décision de faire du Maroc une véritable plate-forme d'exportation", conclut Mohamed Lasry.