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Relations indécentes d'Adil Douiri
Publié dans La Gazette du Maroc le 27 - 02 - 2006


Station balnéaire de Taghazout
Colony est certes un acteur de taille, mais, la CDG, Attijawafa bank, Chaabi, CMKD et Tui le sont tout autant. Le classement des candidats à l'aménagement de Taghazout soulève quelques questions. Certains n'ont pas hésité à faire le lien entre Adil Douiri, ministre du Tourisme, et Colony. Car d'une part, CFG Group, la banque d'affaires fondée par Adil Diouri est conseillère de Colony Capital et est aussi actionnaire d'Accor Maroc (Risma). De même, Colony est entré en force dans le capital d'Accor, grâce à un investissement d'un milliard d'euros.
C'est avec surprise que le fonds d'investissement Colony Capital a été classé à la tête des concurrents dans l'attribution de l'aménagement de la zone touristique de Taghazout. L'Américain bat ainsi deux autres consortiums dont les chefs de file étaient d'une part le premier groupe financier public qu'est la CDG et d'autre part Fadesa déjà attributaire de la station de Saïdia.
Pourtant, tous les observateurs donnaient le consortium de la CDG gagnant. Ce dernier est constitué d'acteurs majeurs, tous leaders dans leur domaine. En effet, à côté de la CDG, se trouve Attijariwafa bank, le premier groupe financier du Maghreb et il n'est pas le seul. Le groupe Chaâbi, aménageur de référence, le Consortium maroco-koweïtien, dont on ne peut douter de la solidité financière, et le premier tour-opérateur mondial à savoir TUI, étaient également présents aux côtés de la CDG. Alors, pourquoi un tel concurrent pourrait-il perdre devant Colony ? Aujourd'hui, deux hypothèses sont privilégiées. Soit l'offre de Colony dépasse de loin celle de ses concurrents. Soit cet investisseur venu d'Outre-Atlantique a bénéficié d'excellentes entrées. Pourtant, après recherche, il se trouve qu'aucune des deux pistes ne peut être abandonnée.
En effet, Colony Capital est devenu ces dernières années un acteur de premier plan dans le domaine du tourisme, notamment du tourisme de luxe. Le fonds d'investissement regroupe une série d'activités dans l'immobilier et le tourisme et dont la valeur dépasse aujourd'hui 160 milliards de dirhams, explique Naji Boutros, responsable de la zone MENA chez Colony Capital. Toujours selon lui, "ces actifs positionnent Colony Capital au niveau mondial comme le premier investisseur mondial dans le secteur touristique". A titre d'exemple, on peut citer les trois derniers gros investissements réalisés les douze mois derniers par Colony Capital. En premier, il a placé dans son giron le groupe Raffles, gérant 41 hôtels sur 35 destinations pour 1 milliard de dollars. En second, il a acquis pour 3,6 milliards de dollars la célèbre chaîne de 5 étoiles Fairmont Hotels and Resorts. Et en dernier, il s'est rapproché d'un grand hôtelier français, grâce à des obligations convertibles en actions d'un montant d'un milliard d'euros. Au cours des dernières années, Colony Capital s'est notamment illustré dans deux grandes opérations d'aménagements touristiques. Il s'agit d'une part de l'opération qui a redonné à Hawaii un second souffle après avoir sombré dans le tourisme de masse. D'autre part, Colony a réaménagé la Costa Esmeralda en Sardaigne, dont les hôtels sont considérés parmi les plus chers au monde. La destination ne serait accessible qu'à partir de 30.000 dirhams la nuitée.
En tout cas, ces éléments ont dû peser lourd dans le dossier de Colony. Car, souligne Naji Boutros, "la puissance de frappe financière de Colony Capital la place au cœur de l'économie touristique mondiale et que son grand intérêt pour le Maroc, ainsi que pour l'aménagement et le développement du site de Taghazout, devrait permettre d'attirer, dans son sillage, de nombreux investisseurs et opérateurs touristiques".
Mais la cerise sur le gâteau est surtout constituée par l'offre de Colony Capital qui est on ne peut plus alléchante. En effet, "il s'est engagé au-delà de l'aménagement de la station, de développer plus de 50% des capacités planifiées par la station à terme", toujours selon Naji Boutros. Il précise par ailleurs que "cet engagement représente un investissement de 10 milliards de dirhams, et que le Consortium assurera lui-même la totalité de la phase 1 du projet, ceci afin de rassurer le gouvernement que la station de Taghazout verra bel et bien le jour courant 2009". Après l'échec de Dallah Al Baraka qui était attributaire et qui n'a finalement pas tenu ses promesses, une telle garantie peut peser de tout son poids sur la balance.
Et toujours dans l'offre de Colony Capital, l'acteur américain compte positionner la destination Taghazout dans la tranche supérieure du luxe. Il s'agira de placer la station à un niveau comparable à Saint-Tropez en France et à Costa Esmeralda en Sardaigne. L'objectif affiché est d'atteindre une dépense moyenne supérieure à 300 dollars par jour et pouvant aisément atteindre 3000 dollars. Pour Colony, le traitement de privilège dont bénéficieront les clients devra commencer dès leur aéroport de départ dans les pays émetteurs. Bien entendu, en termes de création d'emplois, il y aura d'énormes retombées, puisqu'il faudra compter jusqu'à 10 emplois par chambre.
Pourtant, si l'offre de la CDG et de ses partenaires était inférieure financièrement aux 10 milliards de dirhams promis par Colony, elle n'en demeure pas moins intéressante. En effet, leur consortium avait également proposé de construire tout le lot résidentiel qui sera adjoint de deux golfs de 18 trous. De même, 5000 lits étaient prévus. Le tout devait coûter la bagatelle de 3,5 milliards de dirhams, non compris les investissements hôteliers. Par ailleurs, l'offre prévoyait de prendre en charge la majeure partie des équipements d'animations. En termes de délais, le consortium s'était engagé sur un délai de 30 mois seulement pour la livraison du premier hôtel et l'ensemble devrait être opérationnel au plus tard 10 ans après le premier coup de pioche.
C'est dire qu'en termes d'engagement, Colony et CDG étaient très proches. Cela n'empêche que dans cette attribution, on ne saurait occulter la proximité désormais prouvée entre le ministre du Tourisme, celui-là même qui préside la commission devant attribuer l'aménagement, et Colony. Ce lien se fait à travers le premier groupe hôtelier du Royaume qu'est Accor, d'une part et CFG Group, banque d'affaires privée fondée par le ministre lui-même, d'autre part. En effet, dans le capital de Risma, figure justement CFG Group, à travers sa filiale CFG développement qui contrôle 10,63% du capital de Risma. Le groupe fondé par l'actuel ministre du Tourisme est ainsi le second actionnaire de Risma qui est l'organisme d'investissement d'Accor au Maroc. Accor doit d'ailleurs compter sur CFG pour s'assurer du contrôle de la Société Risma, puisqu'il n'y détient que 45,29% grâce à Accor SA et Tamaris. Aujourd'hui, Adil Diouri ne détiendrait aucune action dans CFG Group. Mais, d'après le ministère de la Communication, il est toujours présent dans le conseil d'administration. Par ailleurs, selon des informations que nous n'avons pas pu vérifier auprès d'Adil Diouri, il n'aurait cédé ses actions qu'à son père, ce qui ne ferait que maintenir les possibilités de collusions d'intérêt entre le ministre et l'homme d'affaires. Quoi qu'il en soit, les Editions de la Gazette ont essayé de contacter Colony Capital pour commentaire, et l'on ne devinera jamais qui répond à sa place : il s'agit du groupe CFG. On ne pouvait espérer un meilleur moyen d'affirmer que la banque d'affaires conseillère de Colony Capital n'est autre que celle fondée par le ministre du Tourisme.
Mais quel est donc le lien entre Accor et Colony Capital ? L'hôtelier français dans lequel Colony Capital a souscrit pour 1 milliard d'euros d'obligations convertibles et remboursables en actions n'est autre qu'Accor.
Et selon les responsables d'Accor France, Colony Capital est le premier actionnaire potentiel avec 11,5% s'il exerce son droit de conversion et de remboursement en action. D'ailleurs, après recherche, il est établi que les responsables de Colony Capital figurent désormais dans le conseil d'administration d'Accor. Ainsi, on retrouve Thomas J Barrack, l'Américain d'origine libanaise et patron fondateur de Colony Capital, et Sébastien Bazin, directeur général Europe de Colony Capital SAS parmi les administrateurs. Les liens entre Accor et Colony ne font donc aucun doute, mais ils sont encore plus poussés. En effet, dans Accor Casino, le fonds américain contrôle 50% du capital.
S'il est vrai que Colony est un investisseur de taille, il ne fait aussi aucun doute que les relations entretenues avec le ministre du Tourisme à travers Accor et CFG Group ne feront pas taire les rumeurs. D'ailleurs, une bonne partie de la presse y compris La Gazette du Maroc était au courant de la décision de la commission d'attribution du marché alors même que la commission se réunissait encore.
Il paraît cependant que l'entourage du ministre dégage toute responsabilité dans cette attribution. Car, il fait courir le bruit selon lequel c'est Sa Majesté lui-même qui aurait décidé de l'attribution du marché. Ce que l'entourage du roi réfute catégoriquement.


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