Sous la houlette de Maroc Export, une forte délégation marocaine a pris part au Forum Afrique Expansion de Montréal qui s'est tenu les 2 et 3 octobre. Les ambassadeurs du Made in Morocco ont vendu l'idée d'un partenariat tripartite Afrique-Maroc-Canada. A l'instar d'autres puissances économiques du G7, le Canada lorgne le marché africain. Boom démographique et urbanisation galopante, taux de croissance à deux chiffres dans plusieurs pays, émergence des classes moyennes, besoins croissants dans des secteurs juteux comme l'agro-business, l'énergie ou les infrastructures… Il va sans dire que le continent africain sera -si ce n'est déjà le cas- un front de bataille majeur dans la compétition économique internationale. C'est dans ce contexte que le Forum Afrique Expansion a vu le jour en 2003 afin, selon ses concepteurs, d'offrir des outils et approches novatrices pour accroître l'investissement privé en Afrique et d'amener au Canada des porteurs de projets africains pour présenter les opportunités d'affaires dans leurs pays aux entreprises et organismes canadiens. Pour sa 8e édition tenue du 2 au 3 octobre à Montréal, les organisateurs -une firme canadienne de communication et de développement des partenariats Afrique-Amérique du nord- ont désigné le Maroc comme invité d'honneur. Ainsi, Maroc Export a conduit une délégation de 30 entreprises issues de différents secteurs pour promouvoir le «Made in Morocco» auprès de 500 acteurs, dont des investisseurs, des entrepreneurs et des décideurs, aussi bien canadiens qu'africains. Des panels sur des problématiques et des enjeux en Afrique, des rencontres B to B ainsi que des meetings de réseautage ont été au programme de deux journées surbookés. Les différents intervenants n'ont pas tari d'éloges pour le Royaume Lundi 2 octobre au Centre Sheraton situé au cœur du quartier d'affaires de Montréal. Conviés à prononcer leurs mots d'ouverture officielle du forum, les invités de marque enchaînent discours et présentations. Et pour familiariser l'assistance avec le pays vedette de l'édition 2017, un film institutionnel de Maroc Export sur l'offre exportable du Royaume ainsi que sur ses atouts et ses avancées était au menu de la cérémonie d'ouverture. Fait positif à signaler, les différents intervenants étrangers -dont la majorité semble être informée de son dynamisme en Afrique- n'ont pas tari d'éloges à l'adresse du Maroc. «Lors des deux prochaines journées, c'est notre devoir -à nous tous ici présents- de tendre l'oreille aux belles opportunités. L'Afrique est prête à briller et le Maroc en est un excellent exemple. Je le sais, car je travaille depuis maintenant plusieurs années à créer des relations d'affaires à l'international», a déclaré Danièle Henkel, femme d'affaires canadienne d'origine marocaine et ambassadrice de la 8e édition du Forum Afrique Expansion. Lui emboîtant le pas, le maître de cérémonie et président du cabinet Contacts monde, Karl Miville-de Chêne, a renchéri : «Cette vidéo (film institutionnel du Maroc, ndlr) ne vous interpelle pas au point de vous demander si la porte d'entrée des entreprises canadiennes en Afrique ne serait pas le Maroc?». Pareil pour le président du Conseil consultatif du Forum et ex-secrétaire général de la Francophonie, Jean-Louis Roy, pour qui «le Forum Afrique Expansion s'inscrit dans une séquence au Canada où la relation avec l'Afrique est en débat puisque ce pays accueillera en juillet 2018 le sommet du G7 qui devra faire de la question du développement de ce continent une de ses priorités». Pour lui, «la présence d'une grande délégation marocaine à ce forum au Québec, au Canada, est importante dans ce contexte de débat sur la relation Afrique-Canada parce que le Maroc est une puissance politique et économique africaine», avant de préciser que le Royaume «vient de retourner à l'Union Africaine et se joindra bientôt à la CEDEAO y compris en matière monétaire». De son coté, Dominique Anglade, ministre de l'économie, de la science et de l'innovation au gouvernement provincial du Québec, a profité de la tribune du forum pour présenter aux participants africains les atouts de l'économie de sa province. Dans ce sens, la représentante du gouvernement du Québec -une des dix provinces que compte le Canada- a souligné que l'économie de sa province a créé 85 400 postes à temps plein en 2016 alors qu'elle exporte 50% de son PIB. Pour ce qui est des secteurs porteurs dans cette province francophone du pays à l'érable, la ministre a fait savoir que l'entrepreneuriat, l'industrie manufacturière et l'export sont les trois piliers sur lesquels se concentre le gouvernement provincial pour développer l'économie du Québec. S'agissant de l'export à destination de l'Afrique, la province du Québec mise essentiellement sur les services (génie-conseil, environnement et le droit) et les secteurs de l'énergie et du numérique. La position de hub pour l'Afrique mise en relief Habituée à ce genre d'exercice depuis qu'elle est à la tête de Maroc Export en février 2013, la DG de Maroc Export Zahra Maafiri était dans son élément lors de son allocution d'ouverture. De plus, elle a présenté le Maroc comme un pays hyper connecté à l'échelle africaine et soucieux du développement du label Made in Africa créé à Casablanca en décembre 2014. «Je suis très heureuse de prendre la parole en dernier parce que je suis soulagée. Tout a été dit et tout a été défendu par les intervenants qui m'ont précédée», s'est-elle félicitée sur un ton confiant. «Ambassadeurs du Made in Africa, nous sommes tous là -représentants des secteurs public et privé- avec un objectif commun : engager un débat ciblé et constructif sur le potentiel économique d'un continent africain en plein essor et contribuer à un partenariat tripartite Afrique-Maroc-Canada : durable, évolutif et gagnant-gagnant. Le Royaume, de par sa position géographique, son plein engagement en Afrique et ses accords de libre-échange, se place, avec une responsabilité engagée, au centre d'un partenariat tripartite prometteur», a poursuivi Mme Maafiri. La cérémonie d'ouverture s'est clôturée donc sur une note positive pour le Maroc, ce qui facilitera la tâche des opérateurs marocains qui doivent présenter de manière plus détaillée ce qu'offre le Maroc pour leurs pairs africains et les Canadiens durant les rencontres B to B. Parmi ces derniers, Casablanca Finance City (CFC) fera l'exception -vu son statut de hub financier africain- de présenter son offre en séance plénière juste avant le démarrage des panels. A l'évidence, l'argumentaire du président de CFC, Said Brahimi, s'est inscrit en droite ligne avec l'idée du partenariat tripartite évoquée par la DG de Maroc export. Ainsi, M. Brahimi a présenté plusieurs chiffres et faits saillants faisant de l'Afrique le prochain pôle mondial de croissance, avant de vendre à l'assistance le concept de CFC et le package d'avantages et de mesures incitatives prévus pour ses membres. «CFC est la plateforme d'investissements dédiée aux groupes internationaux, à condition qu'ils aient une vocation africaine. C'est un outil créé par le Maroc pour favoriser l'investissement international en Afrique», a-t-il souligné. Le patron de CFC a expliqué que le doing business, la communauté d'affaires à vocation africaine ainsi que les incitations fiscales sont les trois éléments clés de la proposition de valeur CFC. «Nous proposons des incitations fiscales et des mesures de facilitation sur le plan administratif, mais nous ne sommes en aucun cas un paradis fiscal», a fait savoir Said Brahimi. Pour rassurer les nombreux hommes d'affaires africains et canadiens présents dans la salle, le président de CFC a présenté dans un slide l'ensemble des références mondiales et panafricaines labellisés CFC. On y voit des multinationales de conseil et des services juridiques comme BCG, PWC et Deloitte ou des mastodontes de la banque et de l'assurance, à l'instar de Bank Of China, Euler Hermes ou Allianz ainsi que d'autres leaders mondiaux tels qu'Engie, Accor, Lafarge Holcim ou Shell. «Aujourd'hui CFC est considéré comme le premier hub financier et économique en Afrique si je reprends le dernier classement de Global Financial Centers Index qui nous placent devant Johannesburg», a-t-il conclu non sans fierté. Harmonisée, crédible et appuyée par les organisateurs, l'opération séduction n'a pas raté sa cible. Passée cette ouverture réussie pour la délégation marocaine, place à une panoplie de panels comme «Faire des affaires en Afrique», «La révolution numérique en Afrique» ou «l'Inclusion économique des femmes», ainsi qu'un panel modéré par Zahra Maafiri et dédié au label Made in Africa auxquels ont pris part des organismes de promotions de commerce (OPC) africains qui se sont poursuivies tout au long de la journée du lundi 2 octobre et celle du mardi 3. Parallèlement aux panels, des rencontres B to B ont eu lieu dans un espace dédié toujours dans l'enceinte du Centre Sheraton. [tabs][tab title ="Afrique-Canada : un volume d'échange en deçà du potentiel"]D'après les chiffres de Trademap, l'Afrique a exporté en valeur 4,1 milliards USD en 2016 à destination du Canada, soit 1,2% du total des exportations africaines. Par rapport à 2015, la valeur des exportations africaines vers le Canada a décru de 5,6% (4,3 milliards USD) tandis que par rapport à 2014, elle a chuté de 39,5% (6,7 milliards USD). Toujours selon Trademap, l'Afrique a importé en valeur 3,2 milliards USD en 2016 en provenance du Canada, soit 0,63% du total des importations africaines. Par rapport à 2015, la valeur des importations canadiennes en Afrique a diminué de 9% (3,5 milliards USD) tandis que par rapport à 2014, elle a chuté de 19% (3,9 milliards USD).[/tab][/tabs]