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Huit jours à crapahuter sur les dunes avec les gazelles
Publié dans La Vie éco le 07 - 05 - 2004

Tankages, tonneaux, crevaisons, crises de nerfs… La 14e édition du Rallye
Aïcha des Gazelles a été rude.
Cette année, 147 femmes se sont lancées à l'assaut
des dunes. Les équipages marocains ont fait bonne figure.
Commissaires sportifs, directeurs de course, médecins, hélicoptères,
localisation satellite… le rallye est avant tout une formidable machine logistique.
«Et dire qu'on a payé pour faire ça !» Françoise (équipage 156) a du mal à émerger. Comme les autres gazelles, elle a dû se réveiller à 4 heures du matin. «J'ai pris de quoi faire un cahier de bord. Je pense que je n'aurai même pas le temps de prendre le crayon!» Pourtant, il faudra bien s'y faire : ce sera le timing quotidien des huit jours à venir. Lever 4 heures, briefing 5 heures, départ 6 heures et un retour bien aléatoire, souvent dans la nuit. Les 80 journalistes présents et tous les organisateurs sont soumis au même régime… très scout. Le petit-déjeuner avalé, tasses et assiettes sont vite écartées pour laisser place aux cartes, règle et compas. A la même table, les sœurs Navarro (équipage 154, également marocain) se préparent. L'une s'affaire déjà sur sa calculette, tandis que l'autre mange ses m'semen, imperturbable. Nous sommes le 22 avril, à quelques heures du départ de la 14e édition du Rallye Aïcha des Gazelles.
2 500 km à parcourir dans le désert, sans road-book, sans GPS !
Des dunes et des tonneaux
73 équipages sont sur la ligne de départ ce matin à Erfoud. Pas de grandes difficultés de franchissement pour cette première étape mais une belle navigation sur de grands plateaux arides et caillouteux. Une «bonne mise en jambe !», annoncent les organisateurs. Chaque étape présente son lot de paysages et de difficultés. Des plaines roulantes, des dunes de sable, des rivières asséchées, des sculptures rocheuses de sable rouge… et des tankages, des pneus éclatés, des problèmes mécaniques… La solidarité joue plein pot chez les filles. On se pousse, on s'échange des outils et des conseils… Mais c'est bien vite l'hécatombe, les premiers accidents et abandons. A la 3e étape déjà, l'équipage français 103 se retrouve sur le toit après plusieurs tonneaux. Il continuera le rallye, pare-brise cassé et cheveux au vent. La pilote Amina Benjouid et la navigatrice chevronnée Christiane Landrac de l'équipage Femmes du Maroc (150), négocient avec les mécaniciens un possible nouveau départ de leur 4×4 Toyota, tandis que Marithé et Françoise Girbaud (stylistes cette année des gilets des gazelles) donnent le coup d'envoi. Très bien parti (1er au classement relais média), l'équipage 150 doit à regret quitter la course à mi-parcours. La voiture a trop souffert. Les organisateurs se refusent à prendre un risque. Le châssis et l'arbre de transmission sont touchés. Quelques étapes plus tard, l'équipage libanais (151) est à son tour contraint à l'abandon. Sonia Ayoub qui n'en est pourtant pas à son premier rallye se retrouve sur le toit. Sa Nissan est morte. Les briefings suivants sont alors des appels incessants au ménagement des voitures et de la santé des équipages. «Buvez, buvez !», ne cesse de répéter Dominique Serrat, directrice générale du rallye, qui doit déjà déplorer quelques malaises et perfusions. Les tempêtes de sable des trois derniers jours n'arrangeront rien. Même équipées de GPS, quelques 4×4 presse ont du mal à retrouver le chemin du retour, la nuit tombée.
147 concurrentes,
14 nationalités
Cette année encore, les Québécoises sont arrivées en force, avec, dit-on, un certain avantage : la conduite dans la neige ne serait pas si différente de la conduite dans le sable. Des dunes de sable, en revanche, Akiko, de l'équipage japonais 127, n'en a jamais vues : «Au Japon, tout est balisé, éclairé, goudronné… Difficile de trouver un chemin de terre». Alors, évidemment, M'Hamid, pour cette Japonaise, c'est un peu la planète Mars ! «Et puis, chez nous, toutes les voitures sont automatiques», complète Yuri, un pansement sur le menton, souvenir d'une dune mal passée la veille. Malgré un train d'enfer, Akiko a le temps d'admirer les paysages marocains qu'elle trouve «semblables à des décors de cinéma, magnifiques et irréels» tandis que Yuri, journaliste et navigatrice, prend sur les 4 ou 5 heures de nuit qu'il lui reste pour rédiger quelques articles pour des magazines auto japonais. L'équipage japonais ne désespère pas et envisage déjà une nouvelle participation l'an prochain. A la 3ème étape, les Japonaises trouvent enfin leur première balise du rallye et pleurent de joie devant les caméras de 2M.
Des cabines téléphoniques en plein désert
Les larmes et les fous rire auront été nombreux sur le rallye. Des images insolites aussi comme celle de ce bédouin pris en stop par un quad ou de ces gazelles prenant un drapeau marocain pour une balise «Aïcha» de même couleur, et se retrouvant aux prises avec des militaires, tandis qu'un autre équipage, cette année encore, fonçait droit sur l'Algérie. Des petits coups de gueule aussi, entre équipières… mais rien de grave. On a évité cette année les bastons à coups de casque! La consigne était sage : «Quand vous êtes énervées, sortez de la voiture, et respirez !»
Le rallye, c'est aussi une énorme machine logistique, désormais bien huilée. L'organisation sportive d'abord : règlement sportif, directeur de course, commissaires sportifs, gestion informatique des classements consultables sur le net. Une surveillance 24h/24 des véhicules est mise en place pour la sécurité, chacun étant équipé d'un terminal de tracking satellite MTS et d'une balise de détresse satellite. Sur simple appel, des véhicules d'assistance interviennent. Chaque moto, quad, 4×4, camion, SUV est pris en charge à son arrivée par un atelier, ravitaillé en carburant…. Les médecins disposent de localisation satellite, de 4×4 médicalisés et d'un hélicoptère. Le bivouac dispose aussi de salles de presse, de tentes repas, de sanitaires et même de cabines téléphoniques dressées en plein désert. L'image est surprenante. Alors que les villages voisins ne disposent souvent même pas d'électricité, le bivouac du rallye offre à ses journalistes la possibilité d'enregistrer leur «bobino» à l'autre bout du monde via satellite ou de se connecter pour suivre l'emplacement exact d'un équipage. Rien de magique, pourtant, pour Zitouni Bennini, cadre technique en transmission chez Maroc Télécom. «Suffit de mettre en opération la station portable. Seules les conditions climatiques viennent compliquer la donne : la chaleur, la poussière, le vent peuvent provoquer une légère dégradation du signal», précise-t-il. L'opérateur, qui dispose par ailleurs d'un équipage (145, Maroc Télécom-Nokia), souhaite multiplier ces expériences, développer ces services autour d'autres événements internationaux. La technique utilisée de VSAT est «très intéressante et peut rendre disponible la téléphonie dans les zones les plus reculées».
La caravane médicale à la rencontre des populations du désert
En marge du rallye opèrent des associations humanitaires. Amame's a été créée par deux ex-concurrentes du Rallye des Gazelles, Habiba Dassouli et Chantal Vitelli, qui ont souhaité, après plusieurs années de compétition, vivre autrement l'aventure. L'association organise une caravane médicale en direction des populations locales du désert. Cette année, la caravane aura distribué gratuitement plus de 3 000 médicaments et soigné près de 1 500 personnes. Les pathologies rencontrées sont généralement à mettre en rapport avec le manque d'hygiène : problème d'eau, cohabitation avec les animaux… Il en est ainsi du trichiasis, complication du trachome, très courant dans ces régions de poussière et de sable. «On l'appelle la maladie des cils inversés. On a décelé 3 884 cas dans la région. Sans soin, sans opération, le trichiasis peut mener à la cécité», explique Chantal. «Outre les problèmes ophtalmologiques, ajoute Habiba, les parasitoses sont aussi assez fréquentes ainsi que les problèmes de malnutrition : ici on ne mange bien souvent que du pain avec du thé !». Près d'une quinzaine de médecins (ophtalmologues, gynécologues, infirmières…) et bénévoles parcourent les villages en 4×4, suivis d'un camion pharmacie. Le personnel s'installe généralement dans une école ou un centre de soins s'il en existe et commence les consultations, pratiquant même quelquefois des opérations (comme un abcès au sein, un trichiasis) dans des salles sans eau, ni électricité. Chaque fois, une nouvelle façon de travailler est à réinventer.
Equipages marocain et espagnol sur le podium
Sept équipages marocains participaient cette année. Annick Denoncin et Mouna Zniber de l'équipage 133 Comanav ont réalisé un parcours constant et remarqué. L'équipage arrive 5e au classement général. Mais ce sont les Espagnoles, Clara et Delia Moreno de Borbon (les nièces du Roi d'Espagne), qui ont, durant presque tout le rallye, mené la course. «C'était une expérience superbe, mais c'est dur après avoir été premières durant le rallye d'être doublées sur la fin», lance Délia qui reconnaît, bonne joueuse, les qualités de l'équipage marocain qui les a impitoyablement «grillées». C'est en effet l'équipage 156, à la navigation et au pilotage exceptionnels, qui a remporté le rallye (équipage Groupe 4 – HP – ALD Automotive ). Une performance d'autant plus impressionnante que les deux gazelles françaises installées à Casablanca (Françoise Giraudon et Florence Baudelin) participaient à l'épreuve pour la première fois. «J'ai eu quelques brefs moments de découragement, raconte Florence, c'est terrible de rester à genoux devant sa voiture, impuissante, sans idée, après avoir tout tenté : plaques, pelle… Puis finalement on pousse encore une fois et ça repart…». «On a joué le tout pour le tout en misant sur le parcours noir, le plus difficile, puis on a joué les Mike Giver dans les dunes», raconte Françoise, le soir de la dernière journée marathon. «On est quand même restées coincées des heures entre deux dunes, on a perdu notre boussole, et lorsqu'on a vu la voiture de Sonia à l'envers, ça a jeté un froid : j'ai levé le pied. Heureusement, on avait une voiture géniale, qui montait tout».
Les deux jeunes femmes partagent le même goût pour la compétition. Elles reconnaissent ne pas avoir eu beaucoup le temps «pour se marrer» ni même pour penser à autre chose. «En huit jours, j'ai tout oublié jusqu' à mon numéro de téléphone. Je ne sais même pas combien de minutes j'ai pensé à mes enfants…» Qu'importe, ses enfants étaient tous là le 1er mai dernier pour l'applaudir à la remise des prix du rallye, à l'hotel Sofitel de Marrakech.
La dernière étape, dite «des Marocaines» (sur les 5 premiers, 4 équipages marocains), a été décisive pour les équipages nationaux. Les excellents résultats des gazelles marocaines susciteront, espérons-le, de nouvelles vocations chez d'autres femmes marocaines pour les rallies à venir. La recherche de sponsors peut commencer…
Des dunes de sable ! Akiko, de l'équipage japonais 127 n'en a jamais vu : «Au Japon, tout est balisé, éclairé, goudronné… Difficile de trouver un chemin de terre». Alors, évidemment, M'Hamid, pour cette Japonaise, c'est un peu la planète Mars !
Equipages marocains: premiers et derniers
1er : Groupe 4/HP/ALD Automotive (Maroc)
2e : CrediWoman (Espagne)
3e : M6/Nissan (France)
5e : Comanav (Maroc)
33e : Sybase/Nissan Maroc (Maroc)
34e : Nations Unies Maroc (Maroc)
53e : Toyota Maroc/Minoterie Ohman/Nokia/Money Gram/Parade (Maroc)
63e : Femmes du Maroc/Toyota (Maroc) – Abandon pour casse mécanique


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