L'Executive Education Center de l'Université Al Akhawayn à Ifrane a organisé le 21 mai 2025 à Casablanca, une table ronde autour du thème « Renforcer la confiance dans la FinTech : stratégies clés pour la confiance et l'adoption des consommateurs ». Suivez La Vie éco sur Telegram L'événement, qui rentre dans le cadre des Exécutive Fintech Talks, a rassemblé des régulateurs, des représentants d'institutions financières, des fondateurs de startups, des experts du secteur, des étudiants et des professionnels. Les échanges ont porté sur les conditions nécessaires au développement d'un écosystème FinTech robuste et inclusif au Maroc. L'instauration de la confiance, l'agilité réglementaire, l'éducation financière, la cybersécurité et l'adaptation aux réalités locales ont constitué les axes majeurs de la discussion. Parmi les intervenants figuraient Souhail Benhamou, chef de produit chez GoMobile, Nadia Bouhouch, responsable du département Innovation à l'AMMC, Hamza Cherkaoui, directeur général adjoint de Bank of Africa en Tanzanie, Imru Al Qays Talha Jebril, cofondateur d'A&K Advisors, Abderrahim Nassiri, PDG du Groupe SDC, et Sarah Jaidi, PDG de Kiwi Collecte. Le panel a été animé par Nicolas Klotz, spécialiste des écosystèmes digitaux. Lors des échanges, Souhail Benhamou a souligné l'importance de développer des solutions technologiques adaptées aux réalités marocaines, au lieu de reproduire des modèles importés. Il a mis en avant la nécessité de concevoir des outils accessibles au-delà des smartphones, d'intégrer la conformité réglementaire dès les premières étapes de développement, et de capitaliser sur les ressources open source et la position stratégique du Maroc en Afrique francophone. Nadia Bouhouch a pour sa part, présenté les initiatives de l'AMMC pour encourager l'innovation à travers la mise en place de cadres réglementaires agiles, tels que les « sandboxes » réglementaires et les guichets uniques. Elle a aussi insisté sur la nécessité de garantir la transparence, la protection des consommateurs et le renforcement de la cybersécurité, tout en appelant à davantage de coopération internationale et à l'adoption de technologies RegTech et SupTech. De son côté, Hamza Cherkaoui a plaidé pour une inclusion financière renforcée, notamment dans les zones rurales. Il a évoqué des exemples réussis au Rwanda et au Sénégal, démontrant l'efficacité des solutions de paiement mobile pour toucher des populations non bancarisées. Il a encouragé l'adoption de services fintech liés aux usages quotidiens et la complémentarité entre services numériques et canaux traditionnels, tout en soulignant l'importance de la formation et de la littératie numérique. Imru Al Qays Talha Jebril a, quant à lui, identifié la faible éducation financière comme l'un des principaux freins à l'adoption de la FinTech. Il a recommandé de simplifier les messages à travers des canaux variés, d'éviter les jargons techniques, et de confier ces initiatives à des acteurs neutres. Il a également proposé d'élargir les cibles de la FinTech en intégrant les femmes rurales, les petits commerçants, les taxis, les marchés populaires, ainsi que des applications liées à la zakat ou aux dons participatifs. Il a plaidé pour un usage stratégique de la blockchain dans les services publics. Pour Abderrahim Nassiri, la cybersécurité constitue un enjeu crucial pour bâtir la confiance. Il a souligné l'importance d'intégrer les questions de sécurité dès la conception des produits, en particulier pour les startups, souvent limitées en ressources. Il a également évoqué le potentiel des portefeuilles numériques comme point d'entrée vers de nouveaux services, en s'appuyant sur des expériences internationales. Sarah Jaidi a partagé l'exemple concret de Kiwi Collecte, une plateforme de financement participatif lancée suite à l'adoption de la loi 15-18. Elle a détaillé les défis liés aux infrastructures de paiement et les opportunités offertes par les partenariats avec les banques traditionnelles. Elle a également rappelé les exigences réglementaires propres à chaque forme de financement participatif, qu'il s'agisse de dons, de prêts ou d'actions. Tout au long des échanges, la notion de confiance est revenue comme un élément central. Elle doit exister à plusieurs niveaux : entre institutions financières et startups, entre FinTechs et utilisateurs finaux, ainsi qu'entre régulateurs et innovateurs. Sans cette confiance, même les solutions les plus innovantes restent peu adoptées. Plusieurs intervenants ont recommandé une meilleure visibilité des certifications et normes de conformité pour rassurer les usagers. En conclusion, Nicolas Klotz a rappelé que le succès de la FinTech au Maroc repose sur deux piliers essentiels : la compréhension des besoins locaux et l'accompagnement des utilisateurs dans la transition du cash vers le digital. Il a insisté sur l'importance du bac à sable réglementaire et du guichet unique pour favoriser l'émergence de nouveaux services. Il a également évoqué le rôle essentiel des régulateurs et des banques pour comprendre et encadrer les innovations, ainsi que les opportunités offertes par les portefeuilles numériques et la technologie blockchain pour les services publics. L'événement a également été l'occasion d'annoncer que le Morocco FinTech Center finalisera dans les prochaines semaines sa feuille de route, en vue d'un déploiement à partir de septembre 2025. Parmi les actions prioritaires identifiées figurent la création d'un cadre d'expérimentation réglementaire pour les innovations, le développement de contenus d'éducation financière accessibles, la mise en place de mécanismes de collaboration entre banques et FinTechs, l'exploration de solutions d'identité numérique sécurisée, et enfin, la projection des startups marocaines à l'international.