À fin mars 2025, les exportations marocaines progressent timidement avec une hausse de 1,5 %, mais le secteur des phosphates explose avec une croissance de 18,2 %, confirmant son rôle clé. Malgré un déficit commercial en hausse de 16,9 %, cette performance sectorielle souligne la montée en puissance des filières stratégiques à l'export. À fin mars 2025, les échanges extérieurs du Maroc témoignent d'une dynamique exportatrice soutenue, portée par plusieurs secteurs clés, selon la récente note de conjoncture de la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF). Malgré un déficit commercial qui s'est creusé à 71,6 milliards de dirhams (+16,9 %), le Maroc continue d'afficher des performances prometteuses dans ses filières phares, notamment les phosphates, l'aéronautique et l'agriculture-agroalimentaire. Pour mieux comprendre cette dynamique, il est essentiel d'analyser en profondeur les produits exportés, leurs destinations principales, ainsi que les enjeux économiques qui en découlent. Le secteur des phosphates et dérivés demeure un pilier fondamental de l'économie marocaine, avec une croissance à l'export exceptionnelle de 18,2 % sur ce premier trimestre, soit un chiffre d'affaires de 20,3 milliards de dirhams. Cette performance est principalement stimulée par une demande mondiale soutenue, notamment dans les segments des engrais (+14,9 %), du phosphate brut (+52,8 %) et des acides phosphoriques (+17,2 %). Ces produits sont stratégiques pour l'agriculture mondiale, utilisés dans la fabrication d'engrais indispensables à la fertilisation des sols. Les principaux marchés d'exportation sont les pays européens, l'Inde, la Chine, ainsi que certains pays d'Amérique latine et d'Afrique subsaharienne, où la croissance agricole exige des intrants phosphatés de qualité. La montée des préoccupations environnementales et la pression croissante pour une agriculture durable incitent le Maroc à innover vers des produits phosphatés plus efficaces et respectueux de l'environnement, renforçant ainsi sa position compétitive à l'international. Lire aussi : Le Maroc lance sa feuille de route 2025-2027 pour dynamiser le commerce extérieur L'aéronautique poursuit son décollage L'aéronautique, autre locomotive de la croissance exportatrice marocaine, confirme son essor avec une hausse de 15 % et un chiffre d'affaires dépassant 7 milliards de dirhams. Ce secteur est aujourd'hui un symbole de la montée en gamme industrielle du pays, avec des activités concentrées autour de l'assemblage et du câblage EWIS (Electrical Wiring Interconnection System), qui affichent respectivement des croissances de 17,9 % et 10,4 %. Les exportations aéronautiques marocaines sont principalement destinées aux grands constructeurs européens et nord-américains, notamment la France, l'Allemagne, et les Etats-Unis, qui sont au cœur des chaînes d'approvisionnement mondiales. De plus, le développement des zones industrielles dédiées, la montée en compétences des ressources humaines et la montée en qualité des infrastructures jouent un rôle clé dans cette réussite. Agriculture et agroalimentaire : un pilier résilient L'agriculture et l'agroalimentaire constituent également un levier essentiel de la dynamique exportatrice, avec une progression notable de 7,5 % à 26,7 milliards de dirhams. Cette performance est portée par des filières comme les fruits et légumes, les produits horticoles, ainsi que les produits transformés à forte valeur ajoutée. La résilience du secteur face aux aléas climatiques témoigne d'une meilleure gestion des ressources hydriques et d'une orientation stratégique vers les marchés extérieurs, notamment l'Union européenne, la Russie, et certains pays du Moyen-Orient. La proximité géographique avec l'Europe offre au Maroc un avantage compétitif en termes de délais et de frais logistiques, ce qui favorise notamment les exportations de produits frais et périssables. Outre ces trois secteurs principaux, d'autres filières contribuent à la diversification des exportations marocaines. La métallurgie connaît une croissance impressionnante de près de 30 %, alimentée par une demande accrue de matériaux pour la construction et l'industrie. Le plastique et le caoutchouc progressent de presque 10 %, tirés par les industries manufacturières. Ces secteurs profitent de l'industrialisation croissante du pays et des investissements dans les infrastructures logistiques, notamment les zones industrielles et les ports modernisés. En parallèle, certains secteurs subissent des difficultés : le textile et le cuir reculent légèrement, avec des pertes dans les segments de la maroquinerie et des chaussures, pénalisés par la concurrence internationale et les changements dans les habitudes de consommation. Le secteur automobile, bien que globalement en recul (-7,8 %), maintient des exportations solides, notamment dans le câblage, tandis que l'électronique souffre d'un effondrement des composants électroniques (-49,1 %), révélant une dépendance à des chaînes d'approvisionnement mondiales parfois fragiles. Au niveau des marchés, l'Europe reste le premier partenaire commercial du Maroc, absorbant plus de 60 % des exportations nationales. Cette relation est renforcée par des accords de libre-échange, qui facilitent les échanges, mais aussi par une forte intégration industrielle, notamment dans l'automobile et l'aéronautique. Par ailleurs, l'Afrique émerge comme une destination stratégique, notamment pour les phosphates, les produits agroalimentaires et les biens manufacturés, profitant de la dynamique de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Les pays du Moyen-Orient et d'Asie deviennent aussi des débouchés importants, avec une demande croissante en produits agricoles et industriels.