Alors que la Formule 1 ambitionne de poser ses marques sur le continent africain, le Maroc se positionne en sérieux prétendant avec la ville de Tanger en vitrine. Grâce à ses infrastructures en plein essor et à sa situation géographique stratégique, la perle du nord pourrait devenir la future porte d'entrée de la F1 en Afrique. Symbole d'un retour majeur de la Formule 1 sur le continent africain, le Maroc, qui avait accueilli une course historique le 19 octobre 1958 sur le circuit urbain d'Aïn-Diab à Casablanca, se retrouve de nouveau dans le viseur de la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA). Un projet ambitieux, estimé à 1,2 milliard de dollars, est actuellement en développement à une vingtaine de kilomètres au sud de Tanger. Le projet comprend un circuit homologué Grade 1, indispensable pour accueillir des compétitions de Formule 1, du Championnat du monde d'endurance (WEC) et du MotoGP. Il s'accompagne d'un complexe intégré regroupant un parc à thème, un centre commercial, plusieurs hôtels ainsi qu'une marina. À terme, ce vaste chantier pourrait générer jusqu'à 10 000 emplois et offrir un écosystème durable et actif tout au long de l'année, à l'image de celui d'Abu Dhabi. À ce jour, un investissement privé de 800 millions de dollars a déjà été sécurisé, tandis que le reste du financement pourrait être débloqué sous réserve de l'approbation des autorités marocaines. Le PDG de la Formule 1, Stefano Domenicali, a déclaré lors du week-end du Grand Prix de Monaco qu'il était en discussions avec trois pays africains afin de mettre fin à une absence de 32 ans de la F1 sur le continent. Toutefois, il a tempéré les attentes en précisant qu'il ne s'attendait pas à un « résultat à très court terme ». De son côté, Chakib Rahmoune, président du Club Grand Maghreb Sport Mécanique, a confirmé cette annonce dans une déclaration accordée à Maroc Diplomatique. Il a affirmé que toutes les études préalables nécessaires à l'évaluation de la faisabilité du projet ont été menées. Toutefois, il a précisé que certaines étapes restent à finaliser, notamment sur le plan technique : « Il faut encore finaliser tout ce qui concerne la faisabilité technique. Lorsqu'il y a une marina, cela implique de nombreuses contraintes, des infrastructures à prévoir, des équipements à anticiper. Il faut absolument tout quantifier », a-t-il expliqué avec prudence. Bien qu'aucune date de lancement n'ait encore été avancée, il a assuré que le projet est bien réel, en phase avancée, et qu'il ne reste plus que quelques éléments clés à régler pour permettre son démarrage effectif. Derrière cette initiative, on retrouve Eric Boullier, ancien directeur de McLaren, Lotus et du Grand Prix de France. Sollicité en décembre 2023 pour étudier la faisabilité d'un Grand Prix de Formule 1 au Maroc, Boullier reconnaît volontiers que le projet représente « un pari risqué », tout en affirmant avec conviction que, s'il voit le jour, il concrétisera pleinement l'ambition de la F1 quant à la manière dont une course devrait être organisée sur le continent africain. « Le site coche toutes les cases. Si le projet aboutit, c'est exactement ce que la F1 recherche pour l'Afrique », confie le Français, qui s'est rendu sur place afin de mener une étude de faisabilité et évaluer le potentiel d'une course de Formule 1 au Maroc. Eric Boullier voit d'ailleurs plus loin qu'un simple week-end de Grand Prix : il imagine un véritable écosystème touristique capable de fonctionner toute l'année. Eric Boullier a ajouté : « Cela aura un impact considérable sur la région, située au sud de Tanger, avec des infrastructures déjà existantes — des hôtels et un aéroport à moins de 15 kilomètres. C'est un projet stratégique pour le pays, un projet très sérieux qui nécessite une validation au plus haut niveau. Si nous obtenons cette approbation, cela répondra pleinement aux objectifs de la F1 en Afrique. Organiser un Grand Prix ici aurait tout son sens : il représenterait l'apogée de l'année, tout en reposant sur un écosystème conçu pour être pérenne tout au long de l'année. »