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Inflation, la menace plane à nouveau
Publié dans Les ECO le 28 - 08 - 2013

L'économie marocaine est caractérisée par une particularité structurelle: elle affiche, sur le long terme, un des taux d'inflation les plus bas du monde, pour ne pas dire le plus bas. Les différentes études internationales, notamment le Doing Business de la Banque mondiale et celle du World Economic Forum, donnent au Maroc la meilleure note en termes de maîtrise de l'inflation, aux côtés de quelques rares autres pays. Seulement, et ce n'est un secret pour personne, le calcul du taux d'inflation est doublement faussé. Premièrement, la méthodologie de calcul a fait l'objet de polémique, mais on n'a pas donné suite à cette dernière. Ensuite -et surtout-, de manière intrinsèque, la Caisse de compensation intervient très massivement. En effet, l'impact macroéconomique direct de cette intervention est de transférer, de manière artificielle, la pression inflationniste subie par l'économie sur le budget de l'Etat, au lieu d'être répercutée sur l'Indice des prix à la consommation (IPC) comme ce serait le cas dans un marché complètement libéralisé, selon la théorie économique. Ainsi, le budget de l'Etat a longtemps joué le rôle de soupape de décompression, avec un effet tampon entre les cours internationaux des produits subventionnés et les niveaux des prix sur le marché domestique.
Ceci dit, l'année 2013 constitue à plusieurs titres une date charnière dans la mutation, du moins partielle, de ces mécanismes macroéconomiques devenus structurels de par le prolongement de leurs effets sur la durée. Aussi, les difficultés budgétaires auxquels a dû faire face l'Etat, ainsi que les exigences grandissantes des institutions de Bretton Woods (principalement du FMI) sur la maîtrise des finances publiques, ont finalement eu raison de l'attentisme des pouvoirs politiques sur la question délicate de la décompensation. C'est dans ce contexte que le gouvernement a procédé à l'indexation partielle des prix des carburants, sur les cours internationaux du pétrole. «C'est acté, la mise en place du nouveau mécanisme devrait intervenir dans les semaines qui viennent», confirment des sources proches du dossier. Ce balbutiement de la réforme de la compensation signifie que les prix à la pompe vont grimper. Même si dans les sphères officielles, on insiste à dire que les variations sont possibles dans les deux sens. La réalité du marché est sans équivoque, et l'avis des analystes et experts énergétiques est unanime : les cours internationaux ne peuvent varier qu'à la hausse à moyen terme, et même à long terme selon certains.
Or, après l'alimentation (nous allons y revenir), l'énergie et le transport représentent la plus importante pondération dans le calcul de l'Indice des prix à la consommation, qui sert de base au calcul du taux d'inflation, représentant à eux deux plus de 17% du panier de la ménagère selon les moyennes du HCP. De plus, le carburant (et donc l'énergie) est un produit particulier, dont les variations ont un impact généralisé, direct et indirect, sur l'ensemble des secteurs d'activité économiques, à tous les niveaux de la chaîne de valeur (production, logistique, fonctionnement...). D'autre part, la plus grande pondération dans l'IPC, celle de l'alimentation et des boissons non-alcoolisées (avec 39,3% de l'indice) a également connu un élément nouveau au cours de la semaine dernière. En effet, les industriels de la filière ont procédé à une augmentation des prix du lait qui avoisine les 7%, soulevant au passage un tollé auprès du gouvernement qui se plaint de ne pas avoir été consulté, même si on parle là d'un marché en principe libéralisé. Les inquiétudes sur le pouvoir d'achat ne sont pas pour rien dans les vives réactions des différents départements ministériels concernés. À cela s'ajoute une autre donnée: les prix des télécommunications affichent une baisse spectaculaire (11% sur les 7 premiers mois de 2013) et tirent donc l'IPC vers le bas, limitant partiellement le renchérissement global, alors que l'enseignement s'est renchéri de 6,1% sur la même période.
Aussi, une question se pose. Somme-nous sur le point de passer à une nouvelle ère macroéconomique, où la maîtrise de l'inflation, jusque là facilitée par les mécanismes de compensation et de contrôle des prix, mobilisera désormais des efforts supplémentaires et limitera au passage le champ de manœuvre pour agir sur les autres agrégats économiques ? Croissance versus inflation... l'éternel dilemme de la théorie économique pourrait-il revenir au devant du débat économique national ?
Abdelmalek Alaoui, Président exécutif de l'Association marocaine d'intelligence économique (AMIE)
Les ECO : Quel est l'impact de la hausse du carburant et du lait sur le niveau de l'inflation ?
Abdelmalek Alaoui : Je ne pense pas qu'il y aura un impact susceptible de soulever des inquiétudes macroéconomiques. Les fondamentaux économiques du Maroc resteront maîtrisés. Maintenant, il faut dire que le calcul du taux d'inflation est depuis longtemps sujet à polémique, et ne reflète vraisemblablement pas le niveau réel de cet indicateur au Maroc. Le taux réel est déjà supérieur au taux officiel calculé.
L'intervention de la caisse de compensation fausse le niveau réel de l'inflation ...
Effectivement. Non seulement la caisse de compensation fausse le taux d'inflation, mais elle nous a retardés, pour ne pas dire empêchés de réaliser notre transition énergétique, notamment vers les énergies renouvelables. C'est un archaïsme dont la réforme nécessite un travail énorme en amont, pour se libérer de cette aide structurelle contre-productive, tout en préservant les populations fragiles.
Pensez-vous que la désindexation partielle des prix des produits pétroliers aura un effet multiplicateur sur les indices ?
En effet, les différentes simulations sectorielles menées font ressortir un impact non négligeable, vu que nous restons dépendants des cours internationaux du brut, d'autant plus que les événements géopolitiques au Moyen-Orient, notamment en Egypte, en Syrie et en Iran ne laissent aucun doute sur l'augmentation des cours du pétrole pour les analystes à l'horizon 2014. Là aussi, il y aura un passage délicat à négocier. Une fois de plus, on peut considérer que c'est un mal pour un bien, dans le sens où cela encouragera encore plus le recours aux énergies vertes.
Est-ce que cette donne rendra plus délicate pour la Banque centrale la gestion de la politique monétaire ?
Il faut d'abord rendre hommage au gouverneur de Bank Al-Maghrib pour le travail qu'il a effectué à la tête de l'institution. La maladie ne se situe pas à ce niveau, mais au niveau des finances publiques. Nous ne sommes plus aujourd'hui au stade de trouver des pansements aux problématiques budgétaires. Il faut trancher dans le vif! Bien entendu, cela implique que nous devrons faire face à un passage difficile et complexe.
Est-ce que cela poussera BAM à agir sur le taux directeur ?
Il est important que le taux directeur reste à ce niveau historiquement bas afin de continuer à alimenter l'économie dans de bonnes conditions, principalement les PME-PMI qui souffrent particulièrement de difficultés de financement. Je ne pense pas que ce soit la seule option dont on dispose, et il ne faudrait y avoir recours qu'en dernier lieu, même s'il y a effectivement un risque à prendre en compte.
La Banque centrale sera donc condamnée à injecter plus de liquidités ...
Oui, mais pas seulement du côté des banques.
La Bourse des valeurs de Casablanca devrait également jouer un rôle important dans ce cadre, alors qu'elle semble impuissante aujourd'hui. Elle a plus que jamais besoin d'un électrochoc pour assurer sa mission.
Cette situation ne nous met-elle pas face au risque du cercle vicieux de l'endettement ?
Notre niveau d'endettement est très soutenable aujourd'hui, et nous donne encore de la marge. En plus, nous disposons de lignes de crédit que nous n'avons pas encore activées à l'international, sans parler des précieux financements en provenance des pays du Golfe qui limitent la pression. La gestion prudentielle de nos ministres des Finances a permis au Maroc de bien se positionner sur le marché international de la dette. Je ne pense pas qu'il y ait des inquiétudes à avoir à ce sujet.
Comment Jouahri usera-t-il de ses munitions ?
La mission de toute Banque centrale est de préserver la stabilité des prix à moyen terme. C'est le souci principal de Abdellatif Jouahri, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM). Il n'a pas eu trop de mal à assurer cette mission pendant la longue période que nous quittons, puisque les mécanismes de compensation se chargeaient en amont d'en assurer l'essentiel (lire article page 4). Il semble désormais que sa mission ne pourra que se compliquer davantage à court et moyen terme. En plus d'assurer la liquidité des établissements de crédit et de dérouler une politique monétaire favorisant la croissance, le gouverneur de la Banque centrale et ses équipes devront à l'avenir s'inquiéter de la maîtrise active des tensions inflationnistes grandissantes. D'ailleurs, Jouahri, en fin équilibriste économique, anticipait déjà cette éventualité en réponse à une question des ECO lors du dernier conseil de BAM, en justifiant le maintien du taux directeur, contrairement aux attentes des opérateurs économiques et d'une partie de la presse nationale. «En baissant le taux aujourd'hui, nous pourrions être obligés de le remonter si la conjoncture le nécessite demain (ndlr. En cas de retour au système d'indexation partielle des prix des carburants)», avait-il clairement envisagé lors de cette réunion annuelle de haut niveau. Ainsi, comme nous avions titré sur nos colonnes à ce sujet, Jouahri a préféré jouer la prudence en «économisant ses munitions». Entre-temps, les interventions de Bank Al-Maghrib se sont multipliées sur le marché monétaire, atteignant des niveaux historiques. Un choix stratégique qui, s'il augmente les pressions inflationnistes et pousse vers encore plus d'endettement à l'international, permet à Jouahri de garder sous la main la carte du taux directeur comme joker, tout en maintenant la cohérence de la politique monétaire. Ainsi, comme l'a si bien expliqué le wali de BAM, le fait de revenir, éventuellement, à un taux directeur de 3,25% (son niveau une année auparavant) serait moins perçu comme une instabilité de la politique monétaire. La question est désormais de connaître la manière avec laquelle Jouahri usera de ses munitions. Quelle direction prendra-t-il? S'avancer sur ce point ne serait que pure spéculation. En revanche, il ne fait aucun doute que la recrudescence des pressions inflationnistes, notamment importées, imposeront de nouvelles orientations stratégiques dans la politiques monétaire de la Banque centrale qui devra jongler avec des indicateurs aux effets contradictoires d'un agrégat à l'autre. Le défi est bien connu, et résume en une phrase l'idéal de la théorie économique: assurer une croissance forte durable et un chômage faible, tout en évitant que la machine surchauffe. Jouahri et ses équipes auront encore plus de pain sur la planche.
Alcool et tabac, l'inflation taboue
Sur les sept premiers mois de 2013, la section Boissons alcoolisées et tabac a connu le plus fort renchérissement des prix après celui des dépenses de l'enseignement selon le HCP, comparé à la même période de 2012. Un renchérissement qui est quasi-exclusivement dû à l'augmentation des taxes qui frappent ces produits atypiques. Loin d'être des biens de consommation de première nécessité, ils touchent toutefois directement le pouvoir d'achat de leurs consommateurs ainsi que de leurs familles. Commercialisés librement et légalement, ils souffrent toutefois, à juste titre, de leur réputation néfaste, autant du point de vue sanitaire que religieux. De ce fait, les augmentations des prix qui les frappent sont taboues, et n'occasionnent donc aucun débat public, maintenant l'hypocrisie sur la question. Elles alimentent toutefois des discussions passionnées entre concernés. Pour rappel, leurs pondération dans l'Indice des prix à la consommation est fixée à 2,2% en moyenne par le HCP, ce qui reste loin des budgets alloués dans certains ménages, principalement en milieu urbain.


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