La Suède et la Finlande pourraient être les premiers pays à inaugurer, d'ici 2020, des centres de stockage dans le granite susceptibles de conserver à grande profondeur des déchets radioactifs pendant 100.000 ans. Une durée si longue que les experts suédois et finlandais invitent à prendre en compte l'impact possible de futurs âges glaciaires. Lors du dernier maximum glaciaire, voici 18.000 ans, le poids d'une calotte glaciaire de 3 km d'épaisseur avait entraîné l'enfoncement du bouclier scandinave. À la fonte des glaces, il y a environ 10.000 ans, le sol a commencé à remonter, il continue de le faire au rythme de quelques millimètres par an. En Finlande aussi, la construction d'un centre de stockage profond de combustibles usés pourrait être autorisée dès 2012. Il faut s'assurer qu'un tel site peut «résister à la période glaciaire», indique Björn Diverstorp de l'autorité de sûreté nucléaire suédoise (SSM), évoquant le risque de mouvements de terrain sous le poids des glaces ou lors de leur fonte, et de corrosion des fûts contenant des matériaux radioactifs. Au terme d'un long processus d'information et de consultation de la population locale, la Société suédoise de gestion du combustible et des déchets nucléaires (SKB) avait choisi l'an dernier Forsmark, à 200 km au nord de Stockholm, parmi deux sites candidats pour abriter un stockage en profondeur de combustibles nucléaires usés. La SKB doit, d'ici fin 2010, soumettre à Diverstorp et ses collègues de la SSM un dossier de demande d'autorisation de construire le site de Forsmark, soit quelque 7.000 pages à analyser. «Le sol est homogène, il y a peu de fractures conduisant l'eau à la profondeur où sera fait le dépôt», c'est-à-dire à environ 500 mètres de profondeur dans du granite vieux de 1,8 milliard d'années, explique Kaj Ahlbom (SKB), qui a été responsable de l'étude du site de Forsmark. De nouvelles mares pourraient être creusées pour la survie de cette espèce protégée, a-t-il précisé devant des journalistes. Selon Diverstorp, l'autorité de sûreté devrait mettre au moins trois ans à examiner la demande de la SKB qui espère démarrer le chantier de construction du site en 2015. Les opérations de stockage pourraient alors commencer en 2020 ou 2025. D'ici 2070, la SKB espère pouvoir enfouir 6.000 sarcophages contenant 12.000 tonnes de combustibles usés à Forsmark.