-Vous êtes fumeurs de Camel ou Winston, ne vous en faites pas, vos marques préférées ne sont pas en rupture de stock, seulement elles ne sont pas déposées sur les nouveaux pronogrammes distribués par Altadis. En réalité, quelques mois après la libéralisation du secteur du tabac au Maroc, le directoire anglo-saxon de l'opérateur historique sort ses griffes pour défendre ses parts de marché et préserver le monopole de fait avec à peu près 94%. Première décision prise dans ce sens, le renouvellement des pronogrammes des bureaux de ventes. Les nouveaux meubles ont l'avantage d'être de grande taille. Cela veut dire, qu'ils vont couvrir toute la surface du magasin, pour ne pas laisser de place aux meubles des concurrents. Surtout que cette dernière interdit le dépôt des produits des rivaux sur ses pronogrammes. Concernant les redevances relatives à ces meubles, «Altadis compte les revoir à la hausse», nous confie un gérant de bureau de tabac. Il est important de signaler que ces redevances coûtent à Altadis un budget annuel estimé à plus d'une centaine de millions de dirhams. En effet, l'opérateur verserait des montants qui varient entre 2.000 et 15.000 DH aux 20.000 bureaux de tabac qui existent au Maroc en fonction du chiffre d'affaires réalisé par chacun d'entre eux. Deuxième mesure prise par Altadis, «c'est l'augmentation de son budget de communication», confient des sources bien informées. En effet, cette dernière a décidé de s'aligner, voir dépasser le budget de communication qu'elle avait prévu jusqu'à la fin de 2010. Contactée à ce sujet, Altadis affirme que ces décisions étaient programmées depuis longtemps et n'ont pas de lien direct avec la nouvelle donne concurrentielle. Par ailleurs, l'opérateur historique s'est fait une réputation grâce aux soirées qu'il organise pour la promotion de ses marques, notamment pour les produits Davidoff et Fortuna. Selon nos sources, ces évènements VIP coûteraient à l'entreprise plusieurs millions de dirhams en fonction des marques à promouvoir. Ces soirées sont officiellement classées par Altadis comme «animation de point de vente». Ces actions de communication agressives d'Altadis sont accentuées davantage par les opérations d'animations qu'a entamées son partenaire Philip Morris. Ce dernier depuis trois semaines a lancé des actions d'animations originales dans les cafés et les restaurants les plus branchés de Casablanca, avec lesquels il est lié par des contrats de partenariat. Ces actions consistent à impliquer la population cible dans des jeux, qui leur permettent de gagner soit un zippo ou un T-shirt signé Marlboro, afin de renforcer le sentiment d'appartenance de la population à la marque. En ce qui concerne les nouveaux, Japon Tobacco International compte lancer dans les semaines à venir «une compagne de communication basée sur le trading dans tous les cafés, restaurants et hôtels de Casablanca et Rabat. Le principe est de demander à la cible d'échanger son ancien paquet Marlboro, contre un paquet neuf de Winston», soutient une source à JTI Maroc. En ce qui concerne British American Tobacco (BAT), «cette dernière va sûrement avoir recourt à l'organisation des soirées pour booster ses produits, sachant qu'elle vise le segment haut de gamme avec son produit Dunhill», conclut un expert. Pas de nouvelles licences de distribution Après avoir attribué une licence de distribution à Japan Tobacco Inc en janvier dernier, puis à British American Tobacco début juin courant, la direction des entreprises publiques et de la privatisation semble vouloir fermer le robinet des licences. En effet, ce département qui prend en charge l'octroi des licences se suffit des deux nouveaux distributeurs et ne compte pas donner une quatrième licence de distribution de tabac, pour l'instant en tout cas. Ce département souhaite se donner le temps de jauger le retour d'expérience de la libéralisation du secteur et de l'activité des deux nouveaux distributeurs, avant de décider ou pas d'octroyer d'autres licences. Un quatrième était dans les starting blocs et doit continuer à ronger son frein, pour l'instant.