Avec une conjoncture des plus favorables et les réformes structurelles en cours, l'économie nationale retrouve une certaine embellie. Pour le ministre de l'Economie et des finances, c'est le moment de se fixer de nouvelles priorités, avec comme principaux objectifs la réindustrialisation du pays et une croissance plus inclusive. De quoi rassurer les opérateurs économiques qui attendent de profiter de l'opportunité. Cette évidence a été particulièrement ressentie par les hommes d'affaires et les opérateurs économiques présents à la première session de l'année 2015 du cycle de conférences de la Fondation Attijirawafa bank, «Echanger pour mieux comprendre». L'optimisme est de retour et la confiance se rétablit progressivement, ainsi qu'en témoignent les différents avis exprimés par les acteurs économiques, à l'occasion de la conférence inaugurale de la manifestation. Cette dernière, qui en est à sa 6e édition, a eu pour invité, lors de ladite session inaugurale, le ministre de l'Economie et des finances Mohamed Boussaid. Au menu de l'évènement, qui s'est tenu jeudi dernier, figuraient les grandes orientations de la loi de Finances 2015, à travers un exposé du ministre axé sur le nouveau cap de l'économie nationale. Le sujet a été largement traité, surtout que la loi est déjà entrée en vigueur, mais, pour le ministre, il s'agissait non pas de revenir sur les aspects politiques assez redondants, comme à l'occasion de la discussion du texte au Parlement, mais plutôt d'en dégager les objectifs majeurs pour les opérateurs économiques et chefs d'entreprises qui étaient massivement présents à la rencontre de jeudi. «La priorité sera accordée au soutien à l'entreprise et à l'économie nationale», a tenu à préciser le ministre Boussaid, en réponse aux questions récurrentes des opérateurs sur les objectifs qu'entend prioriser le gouvernement à partir de la marge de manœuvre dont il dispose désormais et après plusieurs années d'incertitudes économiques. La nouveauté réside dans le fait que l'année démarre sous de bons auspices, ce qui confirme déjà les prévisions et autres estimations du rythme de croissance pour cette année, mais aussi les perspectives de l'économie nationale qui surfe désormais sur une nouvelle dynamique. Après plusieurs années de rééquilibrage économique dans un contexte de crise économique mondiale ayant affecté le pays en dépit d'une certaine résilience (ce qui a permis au Maroc d'en sortir relativement indemne), l'heure est à la définition de nouvelles priorités. «À présent se pose à nous un triple défi, à savoir la réindustrialisation de notre pays, une politique de soutien à l'emploi en veillant à l'inclusion spatiale et sociale pour améliorer les conditions de vie des populations, et la poursuite des réformes structurelles», a souligné le ministre Boussaid dans son exposé, lequel portait justement sur «le nouveau cap économique» du Maroc. L'année, qui était jusque-là considérée comme une année électorale par excellence, ne le sera pas au détriment du monde économique, et le gouvernement entend pleinement profiter de «cette aubaine» inhérente, entre autres, aux prémices d'une excellente campagne électorale, à la baisse des cours des matières premières et à la mise en œuvre des réformes structurelles, notamment celle du système de compensation, qui commencent à porter leur fruit. C'est, du reste, ce que le gouvernement a tenu à prioriser dans la loi de Finances 2015, dont la mise en œuvre va permettre de traduire en actes l'optimisme ambiant. Point de vue Mohamed El Kettani PDG Attijariwafa bank La conjoncture de ce début d'année 2015 nous incite globalement à l'optimisme. La bonne pluviométrie enregistrée ces deux derniers mois donne à espérer une très bonne campagne agricole. De plus, la récente baisse des cours du pétrole devrait apporter une réelle bouffée d'oxygène à nos comptes extérieurs et au pouvoir d'achat des ménages. C'est dans ce contexte favorable que le gouvernement s'apprête à implémenter la loi de Finances 2015 visant à relever le double défi de stimuler la croissance et d'améliorer la répartition de ses fruits, tout en préservant les équilibres macroéconomiques. Pour atteindre ces objectifs, nous devons œuvrer ensemble, gouvernement et opérateurs, à transformer cette dynamique en une croissance inclusive qui profiterait à toutes les classes sociales, et en particulier aux plus défavorisées. À ce titre, la prise en compte du capital immatériel préconisée par le souverain, qui accroîtra l'efficacité des politiques publiques, constitue une étape déterminante dans ce processus d'inclusion. L'autre grande nouveauté qui suscite beaucoup d'attentes, en particulier de la part des TPME/PMI, a trait à la mise en œuvre du Plan d'accélération industrielle. Les TPME attendent avec intérêt les détails de la nouvelle offre d'accompagnement destinée à couvrir toutes les phases de leur croissance, ainsi que l'amélioration de leur compétitivité. Conscient de ces enjeux, le groupe Attijariwafa bank a toujours été très engagé aux côtés des entreprises. Nous leur avons affirmé, une fois de plus, notre soutien en mettant à disposition, en 2014, une enveloppe de 10 MMDH au profit des PME, et une autre de plus de 5 MMDH en faveur de 20.000 TPE. Réforme fiscale, l'autre grande priorité de 2015 «La révision du système des commissions locales et nationales sera l'un des grands chantiers de 2015», a laissé entendre le ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Boussaid. Le ministre, qui faisait référence aux commissions de recours fiscal, a sévèrement critiqué le système en vigueur au sein de ses institutions, dont le rôle devrait plutôt s'adapter au nouveau contexte porté par la réforme fiscale. Comme il fallait s'y attendre, les dispositions fiscales contenues dans la loi de Finances ainsi que les recommandations des Assises nationales sur la fiscalité de 2013 ont été parmi les sujets les plus abordés au cours des débats qui ont suivi la conférence. Boussaid a été, à ce sujet, interpellé par plusieurs intervenants sur différents aspects de la fiscalité nationale, surtout que certains intervenants n'ont pas manqué d'exprimer leur inquiétude par rapport à certaines recommandations des assises qui n'ont toujours pas été concrétisées. Le ministre Boussaid s'est voulu rassurant, expliquant que la réforme fiscale est en cours et qu'elle ne s'opère pas qu'à travers de la loi de Finances. C'est le cas par exemple de l'élaboration du référentiel des prix des transactions immobilières pour la ville de Casablanca qui a été récemment publié par le ministère. Selon Mohamed Boussaid, cette initiative sera étendue aux autres villes du royaume et s'inscrit également dans le cadre des orientations gouvernementales et aux recommandations des Assises nationales sur la fiscalité visant la consolidation des relations de confiance avec les contribuables. Il s'agit pour le ministre de rassurer les opérateurs, qui a déclaré que les différentes doléances exprimées çà et là seront étudiées par le gouvernement en fonction de leur pertinence, principalement de leur pertinence économique afin que la dynamique actuelle imprègne tous les secteurs.