Charles Brewer Directeur général de DHL Express Afrique subsaharienne En dehors des exportateurs, les professionnels de la messagerie continuent également d'appeler à un développement rapide des infrastructures. Ils y voient un moyen d'accélérer les échanges, et par ricochet leurs activités. C'est le cas de DHL Express, dont le directeur général en Afrique subsaharienne, Charles Brewer, pointe du doigt le coût élevé de la logistique, ainsi que des lenteurs administratives. Les ECO : Comment évoluent vos activités en Afrique ? Charles Brewer : L'Indice de connectivité mondiale (ICM) de DHL a mis en évidence que l'Afrique est le continent le moins connecté en termes de facilité de déplacement des personnes, de commerce, d'information et de finance. Tous les pays africains devraient donc consacrer une partie de leurs efforts au développement de la connectivité sur le continent et à la mise en place de relations commerciales. En ce qui concerne DHL, nous nous efforçons de rendre la logistique plus accessible, ce qui a conduit à une véritable expansion de nos activités de détail portant, en moins de trois ans, à plus de 3.300 le nombre de nos points de vente. Le faible développement des infrastructures impacte-t-il réellement sur vos activités ? Le fait que les infrastructures soient insuffisamment développées influe directement sur la vitesse à laquelle les biens circulent en dehors de la région ou à l'intérieur de celle-ci. Cela a également pour effet d'accroître les coûts logistiques, à tel point que les coûts de la chaîne logistique sont estimés être jusqu'à neuf fois plus élevés en Afrique que dans d'autres régions du monde. Au final, le gonflement de ces coûts constitue également une entrave à la croissance économique dans la région. Mais cette situation diffère en fonction des pays, ainsi que les accords qui régissent le commerce entre Etats... L'Angola est le seul pays d'Afrique à disposer de seuils minimaux formels et déclarés. En outre, tandis que tous les autres pays de l'Afrique subsaharienne fonctionnent sur la base d'accords informels, les niveaux d'autorisation fiscale varient considérablement. À titre d'exemple, en Tanzanie, tout produit d'une valeur supérieure à 5 dollars US nécessite une autorisation fiscale qui a pour effet de créer une charge administrative supplémentaire et d'induire des retards potentiels d'autorisation, tout en ne présentant que des rendements minimes pour le gouvernement en termes de recettes fiscales. Le poids bureaucratique constitue un autre fardeau ? La situation s'améliore, et un nombre croissant de pays reconnaissent qu'il leur faut trouver des moyens de rendre leurs marchés accessibles et plus ouverts à la réalisation d'affaires commerciales. Le Rwanda constitue, à cet égard, un bon exemple pour la région, car il cherche à réduire le poids de la bureaucratie, à supprimer les lourdeurs administratives et à faire du pays une destination attrayante pour le commerce et l'investissement. Il faudrait qu'un plus grand nombre de pays africains suive cet exemple pour que la région en récolte pleinement les fruits.