Le Maroc continue de payer un lourd tribut à la hausse vertigineuse des cours internationaux des principaux produits de base et des matières premières. En dépit d'un léger repli des prix, constaté au mois de juin et qui se poursuit durant le mois en cours, le déficit commercial continuera à se creuser davantage au cours du second semestre. C'est ce qui ressort du dernier rapport de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), établi au mois de juillet et qui analyse les tendances des marchés des cours. La baisse transitoire des cours internationaux ne s'est donc pas encore répercutée au plan intérieur, en raison de la conjugaison de plusieurs facteurs. Outre la forte hausse constatée au premier semestre, les importations marocaines ont considérablement augmenté en volume, surtout pour les produits alimentaires, alors que la valeur des exportations s'est stabilisée pour la fin du premier semestre. Du coup, pour atténuer le renchérissement des cours mondiaux, surtout pour les produits énergétiques et agricoles, le gouvernement continue à jouer la carte de la compensation, dont les dépenses ont atteint près de 21 milliards à fin mai, en hausse de 85% en glissement annuel. C'est une très lourde facture, mais qui équivaut au prix à payer pour assurer la stabilité des prix des principaux produits de base sur le marché intérieur et éviter, par la même occasion, les conséquences de la flambée des cours à l'international sur le consommateur. Hausse des importations Selon les statistiques officielles, à fin mai, la balance alimentaire marocaine a affiché un solde déficitaire de 6,2 milliards de dirhams. Comparé à la même période en 2010, le déficit s'est considérablement creusé, puisqu'il affichait à l'époque un excédent de près de 500 millions de DH. Les contraintes de commercialisation de la production nationale de blé, qui était pourtant en hausse de 18% pour la campagne actuelle, n'ont pas permis d'atténuer les importations, qui ont connu une augmentation de 136%, s'établissant ainsi à 6,8milliards de DH, en raison d'une hausse de 43% du volume importé et de 65% du prix moyen de la tonne. Pour ne rien arranger, les mesures prises par le ministère de l'Agriculture pour améliorer la commercialisation de la production nationale se sont avérées vaines puisque, selon l'ONICL, le prix moyen d'achat du quintal de blé tendre par les organismes de collecte, se situe à 260 DH, largement inférieur au 290 DH fixés par le gouvernement, conséquence de la mauvaise qualité de la production,due à une pluviométrie tardive. Selon l'ONICL, l'épuisement graduel des stocks disponibles, qui ont baissé de 16% en mai dernier, devrait progressivement atténuer ces contraintes. Même son de cloche pour les achats de maïs qui ont augmenté de 43% en attendant la récolte nationale de la fin de l'année, qui s'annonce prometteuse et permettra certainement de réduire les importations. Pour le sucre, les importations ont augmenté de moitié selon la DEPF, conséquence du rebond qu'a connu le prix à la tonne (42%), en plus de la hausse du volume importé. Les achats des huiles végétales brutes ont également connu le même sort, en progression de 56% tirés par une hausse de 44% du prix moyen de la tonne importée et une croissance du volume importé, estimée à 8%. La valeur des exportations des produits agricoles est de son côté restée stable et se situe à 12,2milliards de DH. La hausse des ventes de crustacés, mollusques et coquillages (18%), de tomates fraîches (27%) a été compensée par la baisse des exportations de poisson de conserve, en recul de 23% et des agrumes qui ont connu une baisse de 16%. La conjoncture défavorable s'est d'ailleurs généralisée, puisque, dans le même temps, la flambée des cours mondiaux des produits pétroliers et dérivés est venue, aggraver davantage la situation. Les importations énergétiques, au premier semestre de l'année, ont connu une hausse de près de 44%, en glissement annuel. Rien que pour la facture pétrolière, l'augmentation a atteint 25%, conséquence de la hausse qu'a connue le prix de la tonne importée (31%). Pourtant, le volume des importations a connu un léger recul, de l'ordre de 5%. Les importations de fuel et de gasoil, ont de leur côté grimpé de 90%, s'ajoutant à la hausse vertigineuse du cours de ces produits sur les marchés internationaux. Cette tendance haussière généralisée a eu raison de la hausse des exportations des phosphates et dérivés, qui a atteint 35% par rapport à 2010, mais dont les prix, sur les marchés internationaux, sont restés relativement stables ces derniers mois. Le déficit national est donc amené, à se creuser davantage, à moins que la baisse du cours des produits de base, affectés par des craintes sur la croissance mondiale et les prémices d'une bonne récolte au niveau de plusieurs pays fournisseurs du royaume, ne continue. Cela n'est pourtant pas gagné d'avance, vu que sur d'autres produits comme l'or et l'argent continuent leur ascension. Pour le coton et le pétrole, la situation pourrait s'améliorer davantage.