Pas de repos pour les braves. Ni le cadre d'un beau palace, ni une belle journée ensoleillée de samedi n'ont eu raison de la concentration des hauts cadres du pôle prévoyance de la CDG. Ceux-ci se sont en effet réunis le week-end dernier à Fès, à l'occasion de leur traditionnel séminaire résidentiel annuel. Cette édition, particulièrement, intervient dans un contexte spécial, alors que le débat sur la réforme de la retraite arrive à une phase critique et pour le moins, cette dernière actualité a marqué de toute son empreinte l'événement. Le leitmotiv lors du séminaire est que la CDG entend occuper un rôle de premier plan dans la réforme engagée de la retraite. Cette priorité revenait d'ailleurs en boucle dans le discours du directeur général de la CDG, Anas Alami, qui avait le souci de fédérer ses troupes autour de cette idée. Plus que cela, Moulay Ahmed Cherkaoui, directeur du pôle prévoyance de la CDG annonce une ambitieuse stratégie pour la période 2011-2014, laquelle doit propulser le pôle au rang de «gestionnaire de référence des fonds de prévoyance et régimes de retraite dans la région Mena». Voilà qui place la barre. Programme chargé Pour y parvenir, les objectifs que s'assigne le pôle, outre le rôle actif dans la réforme du système de retraite, consistent à continuer à satisfaire et à dépasser les attentes des parties prenantes du pôle prévoyance (clients, personnel, fournisseurs et collectivité), à consolider la situation financière des régimes et fonds gérés, ainsi qu'à optimiser les moyens de gestion. Programme chargé donc pour les deux bras armés du pôle prévoyance, la Caisse nationale des retraites et d'assurances (CNRA) et le régime collectif d'allocation des retraites (RCAR). Ce qui nous amène aux leviers concrets à mettre en œuvre pour décliner ces objectifs. Ces leviers consistent d'abord en la mutualisation des ressources. En outre, il est question de mettre en place une sorte d'usine retraite/prévoyance, autrement dit une industrialisation des processus de recouvrement, les prestations et les relations clientèle. Pour cela, l'enjeu est d'harmoniser et de standardiser les processus métier et de concevoir et implémenter un système d'information générique orienté métier. Un troisième levier consiste enfin à renforcer les synergies inter CDG. Par ailleurs, sur les dernières années, le pôle prévoyance de la CDG présente un bilan très satisfaisant. Cela ressort notamment à travers les opérations de transfert des Caisses internes de retraite. Celles-ci ont permis au pôle d'acquérir 50.000 nouveaux affiliés depuis 2002, pesant quelque 42 milliards de dirhams. L'occasion pour Moulay Ahmed Cherkaoui de rappeler le savoir-faire et le leadership de son pôle dans le domaine de la prévoyance sociale, ce qui lui octroie «les capacités et la légitimité à la prise en charge de la gestion administrative et financière de tout fonds de retraite ou de prévoyance de tout type». Il faut dire que le pôle prévoyance de la CDG y a mis les moyens. En effet, la réussite de ces opérations a nécessité la mise en œuvre d'un ambitieux programme de modernisation, basé sur la refonte du mode de management, l'adoption d'un système de management de la qualité totale, l'implémentation d'une organisation totalement dématérialisée et le développement d'un système d'information urbanisé et aligné. Il faudra bien tout cela pour s'attaquer de front à la problématique de la retraite. Pour renseigner sur l'ampleur du chantier rappelant que l'ensemble des organismes ne couvre actuellement que 25% de la population active, les 75% restants de la population étant non couverts et seule 3% disposent d'une retraite complémentaire. Dans le lot, on se doute bien que certaines catégories socio-professionnelles de poids restent jusqu'à aujourd'hui sans couverture retraite dédiée, telles les professions libérales et les travailleurs indépendants. «Plus on attend pour réformer la retraite, plus ce sera cher» : Anas Alami, Directeur général de la CDG. Les Echos quotidien : Quels sont les grands axes de la stratégie 2010-2014 du pôle prévoyance de la Caisse de dépôt et de gestion ? Anas Alami : En tout premier lieu, l'ambition du pôle prévoyance de la CDG est de participer au moins ou sinon couvrir les indépendants qui ne sont pas aujourd'hui couverts par les régimes de retraite. Une réflexion doit effectivement être menée pour couvrir cette partie de la population et nous avons la capacité managériale et organisationnelle en interne pour y parvenir. En outre, le pôle prévoyance de la CDG ambitionne d'intégrer davantage de régimes de retraite. Nous avons déjà prouvé notre capacité à intégrer n'importe quel régime dans des temps record sans qu'il y ait le moindre incident, encore une fois grâce aux capacités managériales internes. Le cas de l'OCP en est un exemple parlant. La troisième ambition du pôle prévoyance est de mener et d'accompagner la réforme de la retraite dans tous ses plans et, à l'instar de la CDG dans son ensemble, d'être au service de l'Etat pour réduire l'ampleur de cette problématique. Comment se positionne la CDG quant à ce dernier chantier ? La CDG est prête à accompagner la réforme de la retraite et elle en a les moyens. Ceux-ci ont été présentés lors du séminaire résidentiel annuel du pôle prévoyance de la CDG organisé samedi dernier. Nos moyens consistent principalement en des capacités managériales. La démarche de réforme de la retraite pour être atteinte pourrait mener également à une révision du cadre de gouvernance. Cette démarche doit être menée dans le cadre de la réforme et il se trouve que ce chantier a déjà été lancé par la CDG. Où en est globalement le chantier de réforme de la retraite ? On se trouve aujourd'hui à une étape où le volet technique a pratiquement été achevé. L'étape qui doit être amorcée à présent est celle des négociations au niveau «politique» et qui dépassent un peu le cadre technique. C'est ce volet donc qui va être à présent entamé. Il y a urgence à lancer ce processus car plus on attend, plus le coût augmente. Et comme cité précédemment, la CDG est disposée à accompagner l'Etat par tous les moyens pour réduire l'ampleur du problème à défaut de pouvoir le résoudre complètement.