Dans le cadre du cycle de L'Invité des Eco, Youssef Rouissi, directeur général délégué en charge du pôle Corporate & Investment Banking d'Attijariwafa bank, revient sur la trajectoire du premier groupe bancaire marocain ainsi que sur sa contribution déterminante au développement économique du pays et du continent. De la privatisation des grandes entreprises publiques à l'accompagnement des projets d'infrastructures et d'énergies renouvelables, il décrit une institution engagée, ancrée dans l'économie réelle et tournée vers l'avenir africain du Maroc. « Il est vrai que notre économie repose encore largement sur l'intermédiation bancaire. Nous avons une économie dite d'endettement, où le financement de l'activité économique passe principalement par les crédits bancaires. Aujourd'hui, ces crédits représentent près de 80% du PIB national. Cela traduit une transformation efficace de l'épargne et de la liquidité des déposants en crédits productifs pour l'économie, ainsi qu'un engagement très fort du système bancaire », a affirmé Youssef Rouissi. Et d'ajouter: « Toutefois, pour un système financier équilibré et performant, il est essentiel de diversifier les sources de financement. Il ne suffit pas de mobiliser l'épargne bancaire. Il faut aussi capter l'épargne financière, qu'elle transite par la bourse, la gestion d'actifs ou d'autres instruments, sans oublier celle qui demeure encore dans le secteur informel. C'est un double enjeu, capter l'épargne et assurer sa transformation en financement utile à l'économie réelle ». À côté du financement bancaire, le Maroc dispose aujourd'hui de compartiments de financement de marché qui contribuent de manière croissante au développement économique. On recense environ 1.100 milliards de dirhams de crédits bancaires à l'économie, mais également près de 250 milliards de dirhams de financements alternatifs, issus du marché financier, a-t-il indiqué. Parmi eux, on trouve la dette privée, avec environ 100 milliards de dirhams d'encours, les organismes de placement collectif immobilier (OPCI), représentant près de 110 milliards, et la titrisation de créances, qui permet de mobiliser entre 17 et 18 milliards, a-t-il souligné. « Le capital investissement, pour sa part, totalise environ 26 milliards. Ces chiffres montrent que le marché financier marocain est en phase de développement et de maturation. Il a connu des avancées significatives, mais il doit encore croître pour jouer pleinement son rôle de complément au financement bancaire. L'enjeu, désormais, est d'amplifier cette diversification, d'approfondir les marchés de capitaux et de poursuivre les réformes afin de mieux canaliser l'épargne nationale vers l'investissement productif », a affirmé Rouissi.