La légendaire discrétion des banques suisses est mise à mal. Celles-ci avaient la réputation de ne pas se préoccuper de la moralité fiscale de leurs clients. Un principe qui s'effondre depuis que Berne a accepté, en mars 2009, de procéder à l'échange d'informations sur demande, pour traquer la fraude et l'évasion fiscale. Pour protéger la discrétion Depuis, la place financière helvète est en quête d'un nouveau credo en matière d'affaires. Une nécessité pour redorer son blason, après le désastreux scandale fiscal UBS aux Etats-Unis. Mais également pour contrecarrer une douloureuse hypothèse : celui d'une Suisse qui n'aurait le choix, que de subir un échange automatique d'informations en matière fiscale. Une mesure que l'Union Européenne entend bien généraliser. Ainsi en août, l'Association des banques étrangères en Suisse (ABES) a lancé un nouveau projet. Répondant au nom de «Rubik» en référence au célèbre casse-tête multicolore en forme de cube - ce plan suggère le prélèvement par les banques sur les comptes de leurs clients étrangers, d'un impôt à la source, pour le reverser à leurs pays d'origine, sans révéler leur identité. Mais, contrairement à l'«accord sur la fiscalité de l'épargne» signé avec l'Union européenne (UE) et qui oblige depuis 2005 les établissements à ponctionner 20 % (et 35 % dès 2011) sur les intérêts de l'épargne des ressortissants de l'UE, "Rubik" jouirait d'un champ d'application plus large, pour s'adapter à tous les pays qui le souhaitent. Les dividendes et les gains en capitaux pourraient aussi faire l'objet de taxes. Le taux appliqué serait calqué sur ceux pratiqués par les Etats bénéficiaires. Le projet Rubik" a été transmis au département fédéral des finances à Berne.